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Le plan de sauvetage du crédit US : quelle influence en attendre ?

Publié le 09 décembre 2007 par Loïc Abadie
Je reprends le fil de ce blog après un petit arrêt (manque de temps !)...   Le Président Bush vient donc de présenter à son pays son plan de sauvetage pour les prêts à risque, qui est bien expliqué dans cet article du wall street journal :   En résumé, les emprunteurs seront divisés en 3 catégories :   Catégorie 1 : ceux qui ont un score-crédit supérieur à 660 : ceux là sont considérés comme « solvables » et n’auront droit à aucune aide (ils sont pourtant responsables de plus du tiers des faillites, et les taux de défaillance de cette catégorie "solide" sont en forte hausse depuis quelques mois). L’ensemble des emprunteurs à taux fixe entrent aussi dans cette catégorie, vu que par définition, le gel des taux ne s’applique pas pour eux.   Catégorie 2 : ceux qui ont un score-crédit < 660, ne sont pas encore en retard sur le remboursement de leur prêt à taux variable, mais ne pourraient pas supporter une hausse du taux de leur emprunt. Ceux-là pourront bénéficier du plan qui consiste à geler les taux d’emprunt sur 5 ans pour éviter les défaillances provoquées par les hausses de taux.   Catégorie 3 : les emprunteurs qui sont déjà en situation de défaut de paiement…pour ceux-là, la situation sera étudiée au cas par cas, mais l’esprit général du plan est que la majorité d’entre-eux seront saisis et « redeviendront locataires » selon les mots d’Henry Paulson (secrétaire d’Etat au Trésor).   Première remarque : en se limitant à la catégorie 2, soit environ la moitié des emprunteurs « subprime » à taux variable, le plan concerne potentiellement seulement 20 à 22% du total des saisies immobilières. Les analystes de Barclays estiment ainsi que le plan pourrait réduire le taux de perte sur les crédits subprime de 1% au maximum (il passerait alors de 15 à 14% selon leurs estimations).   Deuxième remarque : il n’y a aucune participation financière directe du gouvernement, il s’agit d’une renégociation entre emprunteurs et prêteurs. Une garantie éventuelle de la FHA sur certains prêts a été mentionnée, mais sans plus de précisions pour le moment.   On le voit tout de suite, l’impact de ce plan sur la crise des subprimes sera très limitée…mais le plus important n’est pas là, tout simplement parce que cette crise des subprimes n’est qu’un petit détail...et que la vraie crise du crédit n'a pas commencé.   Comme nous l’avons vu dans ce blog, l’impact financier de la crise des subprime est de l’ordre de 150 milliards par an…ce n’est pas grand chose, et moins que le coût annuel de la guerre en Irak par exemple. Sur ces montants, le plan Bush évitera sans doute entre 20 et 40 milliards de pertes annuelles. Peut-être qu'à l'occasion de la période électorale qui approche, ce plan sera "renforcé", avec une participation plus directe du gouvernement...mais en fait cela n'a pas grande importance :   En face de cela, l’immobilier est engagé maintenant dans la baisse des prix…et comme les stocks continuent de monter rapidement dans le même temps (le déséquilibre offre / demande s’aggrave), cette baisse de prix va s’accélérer. (source : www.realtor.org)
Résultat : l’expansion du crédit va ralentir, puis s’arrêter dans les années à venir.
Cela ne fait pas les gros titres dans la presse, mais vu que la dette totale des USA augmentait au rythme de 3800 milliards / an en 2006 (données de la réserve fédérale), ce sont 3881 milliards qui vont prochainement manquer à l’appel de la croissance US. Si le crédit se contracte (les emprunteurs remboursent plus qu’ils n’empruntent), ce qui arrivera forcément dans un contexte de baisse marquée de l’immobilier, ces chiffres seront même dépassés.   Les subprimes sont donc un petit détail dans le système…ce qui est essentiel est l’évolution de la dette totale.   Si on regarde ce qui s’est passé sur les 2ème et 3ème trimestres 2007, on constate que l’expansion du crédit n’a non seulement pas été stoppée, mais qu’elle a encore accéléré, notamment au T3 2007 où tous les records historiques ont été pulvérisés : 4988 milliards de $ de dette supplémentaire en rythme annuel, montants délirants, mais à la hauteur de la crise à venir. 
Pour bien comprendre ce que cela signifie, au 3ème trimestre, la dette totale par citoyen US a augmenté de 1380$ / mois (ou de 5520$/mois par ménage "standard" avec 2 enfants).
Il ne faut pas chercher plus loin pour comprendre les bonnes performances du PIB US au 3ème trimestre 2007…une fuite en avant dans le crédit toujours plus rapide, mais qui arrive à ses dernières limites possibles.

au dernier trimestre, il est très probable que nous assisterons aux premiers signes du retournement de tendance sur le crédit  (il sera encore en expansion, mais moins rapide), au vu des données récentes sur la consommation (ventes au détail), la situation des banques et l'aggravation de la crise immobilière.

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