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Le professeur de la culture “Y” est-il un fainéant ? Par Delphine Hubert

Publié le 09 juin 2010 par Generationy20

Professeur fainéantProfesseure de 27 ans en lycée professionnel, il  m’est impossible et inconcevable de pratiquer un cours magistral, notamment dans mes disciplines : histoire – géographie et français. J’applique la méthode  de Carlot en géographie et celle de Sautot en français qui m’ont été transmises pas mes anciens formateurs de l’IUFM de Lyon. Elles se recoupent toutes les deux et se résument par l’impression que le meilleur professeur est celui qui laisse ses élèves créer le cours en leur donnant l’impression qu’il a un poil dans la main.

Il n’y a que des intérêts à cette démarche….

D’abord car les matières ne s’y prêtent pas toujours comme on pourrait le penser.

En français, on se doit de comprendre un texte, d’en rechercher les différents sens. Il faut donc le lire, le relire, le comparer à d’autres de son époque ou plus contemporains traitant un thème commun. Une analyse de texte ne passe  pas par des lectures répétitives d’une belle page mais par le pullulement progressif de coups de crayons, chaque trait se rapportant à une idée précise. Bref, le texte que chaque élève a en sa possession ne reste pas vierge. Ce bel extrait est raturé par les élèves eux mêmes. En bon fonctionnaire que je suis, je reste inactive.

 

Ensuite car c’est à  l’élève de construire son propre savoir.

En géographie, ponctuellement, il m’arrive  de donner 3 ou 4 documents. Je demande à mes élèves de me trouver un titre, de dégager un ou plusieurs thèmes,…. et bien évidemment sans oublier le fondamental : la  problématique. Ainsi, je ne reste pas assise à blablater  sur diverses informations aidant à la digestion et au repos de mes chers “disciples”. C’est l’inverse!!!

Il est évident  que chaque lycéen ayant durement besogné sur l’exercice donné doit avoir une synthèse écrite. Mais pourquoi prendre mes phrases toutes prêtes, les écrire ou les dicter.

Compliquons la tâche!

Prenons celles des élèves! Je n’écris pas au tableau mais donne mon crayon, je ne parle pas. En effet, soit je regarde, j’écoute et corrige si nécessaire soit je note le cours dicté par l élève sur le cahier de la classe ou sur son propre cahier. Je suis dans l’économie de paroles et de gestes.

L’avantage, c’est que l’élève est acteur. Il se sent plus responsable quand c’est lui qui transmet sa réflexion. Il est mis en autonomie.  Il y a une  mise en valeur de son travail donc de sa personne. En outre, j’ai constaté que quand je m’assois à la place de l’un d’eux et que je l’écoute, prends en note ses dits ses camarades sont plus attentifs. Le bavardage, les potins de “Envy Lycéen ” prennent moins de place.

Que me reste-il donc à faire?

Le cours est fait, transmis et la discipline assurée par mes élèves. Je peux partir remettre mes tongs (petit clin à d’œil à Laurent Joseph de compagnons de cordée),  mon short, mes lunettes de soleil ou venir habiller dans cette tenue pour montrer ce que je suis mais au moins je  toucherai mon salaire à la fin du mois.

Mais être un professeur fainéant demande beaucoup de travail !

Où est la logique? C’est antinomique.

On ne peut arriver les mains dans les poches! Mon package Promovacances a  oublié le soleil et les cocotiers.

Pour fabriquer” ses cours pour professeurs paresseux”,  l’enseignant, doit suivre les programmes, noter les dates, lieux, notions, démarche recommandée,  se renseigner pour avoir un minimum de connaissances à transmettre,  construire l’évaluation avant le cours , rechercher  les “bons” documents, questionner ses documents, les analyser, réfléchir à l’intégration de sa séance dans sa séquence, de sa séquence à sa progression, etc… mais surtout se mettre à la place de l’élève. Eh oui, il est primordial de jouer le rôle de l’élève et de construire comme lui la séquence pour essayer de devancer ses interrogations, ses difficultés. Examiner si les aides peuvent être les TICE (Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Education) dans le langage de l’éducation nationale. Etre étudiant au lycée signifie pour les plus aisés (loin d’être la majorité) être connecté “H24″ à un réseau social et échanger des SMS. Sa présence en classe ne change rien.

Je crois que la mission de l’enseignant pour être encore plus apathique, flemmard est d’utiliser cette addiction. En quoi les moteurs de recherche, les réseaux sociaux peuvent permettre la construction d’un savoir?  De plus en plus de professeurs essaient ponctuellement d’inclure Twitter dans leurs séances. C’est un outil intéressant mais j’estime qu’avant de faire “moderne” avec le miccro-blogging, il convient d’abord de familiariser les élèves avec l’utilisation des moteurs de recherches et de gestion de la confidentialité sur Facebook.


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