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Un projet de société, un échec : la confimation d'une prédiction

Publié le 16 avril 2010 par A1y8i0t4i

Pendant deux siècles environ un peuple soumis à l'esclavage a mené une lutte acharnée pour recouvrir sa liberté, son droit inaliénable. Ayant réalisé son rêve après tant de sacrifices, il s'est mis à former une société. L'esclavage serait aboli à jamais, tous vivraient en liberté dans une communauté digne de son nom. C'était l'espoir collectif. Pour certains, qui devaient quitter la colonie, l'acquisition de l'indépendance n'était que chose temporaire, car le colonisateur allait revenir et rétablir l'ancien ordre. Pour d'autres, frustrés par la défaite et consentant la réalité pour ce qu'elle était, ces hommes noirs barbares devenus libres étaient incapables de fonder une nation civilisée. Ils n'ont aucune notion de comment construire, organiser ou administrer une communauté ; indubitablement, ils échoueront en cours de route.

A deux siècles depuis l'indépendance, le peuple libre est toujours entrain de construire, même pas reconstruire, cette communauté. En guise de prospérité, la misère règne ; ceci, depuis l'indépendance. Pas un gouvernement arrive à améliorer le sort du peuple. Objectivement, il est correct de dire que cette entreprise de société fût et reste un échec. Veut-il dire que l'avis des anciens colons est partagé ? Tous éléments réunis, la situation d'aujourd'hui semble confirmer leur prédiction. Au lendemain de l'indépendance la nouvelle nation est plongée dans des luttes intestines au profit d'un individu ou d'un petit groupe à la recherche du pouvoir.

Depuis, le pays est incapable de se remettre au point de devenir l'appât des puissances occidentales, particulièrement l'Allemagne au début du vingtième siècle, mais les Etats-Unis ont eu le dessus et s'y imposèrent en 1915. Il est dit que le désordre qui y régnait suscitait cette invasion dans le but d'enseigner aux incapables noirs, fils d'esclaves et bons à rien, comment construire une société. Il ne serait pas injuste d'avancer que les conditions de l'époque rendaient le terrain fertile au prétexte de faire régner l'ordre, la justice et la prospérité dans le pays. Les Etats-Unis s'en faisaient un acte légitime. Cette circonstance ne mettait-elle pas à nue l'incompétence des responsables et ne confirmait-elle pas la prédiction des fervents critiques de la nouvelle nation ?

L'ankylose politique chronique

Certes! la liberté a été acquise, mais encore enlevée ; la souveraineté du pays étant souillée on aurait pensé que les contemporains plus avisés auraient appris la leçon et se seraient arrangés pour enfin jeter les bases de construction. C'était hors de question. En fait que dire des dirigeants anciens et nouveaux ? Faut-il abonder dans le sens des colons qui croyaient que le nouveau peuple souffrait d'une incapacité naturelle ? Quelle réponse faire à ces questions si ce n'est que d'observer le pays s'enliser davantage dans le pire ? C'est la faute de ni l'un ni l'autre, mais celle de tous.

Voilà qu'au vingt-et-unième siècle, Ayiti est encore aux rudiments de la construction et n'assimile toujours pas les concepts. L'ingérence répétée des étrangers dans les affaires du pays pour rétablir l'ordre ou la démocratie reste encore incompréhensible. Leur immixtion dans le pays révèle l'absence d'une variable importante dans l'équation, la capacité des autorités de gérer les affaires collectives et de faire un usage équitable des ressources disponibles.

En effet, après le départ des étrangers, l'oisiveté politique s'y installe, ronge la classe politique et engendre une paralysie collective. Le gouvernement, impotent, échoue dans sa fonction primordiale d'agent de sécurité. Le peuple, en liesse, met en marche la tyrannie démocratique. Les acteurs politiques restent indifférents aux problèmes collectifs pour mettre l'accent sur un conflit politique chronique en disant non à la coopération. Virtuellement, aucun n'entend contribuer dans la reconstruction du pays.

Aujourd'hui, le pays et la pauvreté sont confondus. Pour les autorités le seul recours est l'aide financière internationale promise, mais qui n'arrive jamais. Le pays se rabaisse toujours pour quelques cents millions de dollars et blâme les pays donneurs du marasme économique qu'il subit. Que peuvent les autorités avec cette assistance quand aucune structure productive n'est jamais mise en place ?


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