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Robert Boulin malmené une nouvelle fois

Publié le 08 juin 2010 par Sylvainrakotoarison

Faudra-t-il attendre encore trente ans avant de connaître la "vérité vraie" sur l’odieuse mort de Robert Boulin ?

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« Je n’oublie pas Robert Boulin, victime du mensonge et de la diffamation » avait lancé le futur Président de la République Nicolas Sarkozy en campagne à Poitiers le 26 janvier 2007.
Il est toujours très gênant de critiquer une décision de justice et pourtant, mon sang n’a fait qu’un tour en apprenant la nouvelle de ce 8 juin 2010 : « L’enquête sur la mort de Robert Boulin ne sera pas rouverte »
C’est le rejet d’une énième demande formulée par Olivier Morice, l’avocat de Fabienne Boulin-Burgeat, la fille de l’ancien ministre. Le précédent rejet date d’octobre 2007.
Une disparition non élucidée
Quelques jours avant sa mort (la nuit du 29 au 30 octobre 1979), le Ministre du Travail Robert Boulin, 59 ans, laissait entendre au "Club de la Presse" d’Europe 1 qu’il avait beaucoup de "dossiers" compromettants (lui-même était attaqué sur une affaire dérisoire).
Robert Boulin n’était pas n’importe qui : gaulliste et ancien résistant, il était donné futur Premier Ministre pour succéder quelques semaines plus tard à Raymond Barre, épuisé à en faire du surmenage (et hospitalisé).
Finalement, "on" le retrouva "suicidé" dans un étang près de Rambouillet. L’enquête a eu un nombre considérable de bizarreries dont des disparitions de pièces à conviction ou des absences d’analyses. Des témoignages par la suite confirment ces éléments troublants mais beaucoup des protagonistes de l’enquête sont maintenant décédés.
Très récemment (le 27 octobre 2009), l’ancien ministre gaulliste Jean Charbonnel affirma que la mort de Robert Boulin était le résultat d’un « règlement de compte politique », propos qu’avait exprimé un ancien secrétaire général du parti gaulliste, Alexandre Sanguinetti, mort en 1980, selon le témoignage de la fille de ce dernier, Laetitia.

Pour reprendre le contexte de ce décès si troublant, on peut relire cet article.
Pas d’élément nouveau
Le procureur général de Paris, François Falletti, a estimé qu’il n’y avait rien qui pouvait justifier la réouverture de l’enquête : « Les témoignages qualifiés de nouveaux soit ne le sont pas soit sont constitués de relations indirectes de propos très généraux tenus par des personnes décédées depuis longtemps et relatifs à leur propre opinion sur l’affaire » et a considéré également que « les éléments invoqués ne constituent pas des charges nouvelles (…) mais des demandes de réorientation d’enquête dans un sens différent »
Il a aussi refusé de faire de recherches d’empreintes génétiques sur les timbres des huit lettres postées quelques heures avant la mort du ministre, écrites et postées officiellement par lui-même pour annoncer son suicide mais très contestées par sa famille.
La raison est pourtant simple à comprendre : aucune personne n’ayant jamais été mise en cause ou hors de cause, la découverte d’éventuelles traces ADN ne correspondant pas à Robert Boulin ne pourrait faire l’objet d’aucune comparaison, faute d’ADN à comparer.
Disparition de pièces importantes du dossier
Toutefois, le procureur a bien confirmé la disparition d’une série de scellés : « Ces pièces ont pu être reconstituées en copie mais les scellés ne sont évidemment plus exploitables. Les recherches se poursuivent activement pour les retrouver. »
C’est ce qui a conduit la Ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie à ouvrir une enquête administrative qui sera confiée à l’Inspection générale des services judiciaires (IGSJ).
Responsabilité du procureur
Si l’on peut comprendre que la décision du procureur ne s’est basée que sur des éléments factuels froids de procédure, il en ressort cependant une sorte de volonté de ne pas faire la lumière dans un dossier qui entache la Ve République.
Des journalistes ont mené eux-mêmes leur enquête (qu’ils ont publiée) et ont énuméré des signes très nombreux qui infirmeraient la thèse du suicide.
Si meurtre il y avait eu réellement, on comprendrait évidemment la lourde responsabilité qui reviendrait à ce procureur : l’affaire serait une affaire d’État de la plus haute importance. Alexandre Sanguinetti aurait évoqué avant sa mort de l’implication de « deux personnalités politiques » et d’une « organisation »
Questions…
1. Pourquoi Jean Charbonnel, en fin de vie à 83 ans, ne livre-t-il pas ces deux noms au juge (et au juge seul, il ne s’agit pas de jeter en pâture des noms dans la presse) ?
2. Faudra-t-il attendre la mort de ces personnalités pour faire toute la lumière ?
3. Enfin, la réforme du parquet ne serait-elle pas un changement nécessaire pour délivrer les procureurs de leur tutelle ministérielle pour leur donner la capacité, en toute conscience et sans interaction politique, de prendre les décisions de justice qui s’imposent ?
Je n’ai aucune réponse à ces questions, mais je pense qu’elles doivent être posées à l’occasion de ce rejet de réouverture.

Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (8 juin 2010)
Pour aller plus loin :
Sur l’Affaire Robert Boulin.
Dépêche du 8 juin 2010.

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http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/robert-boulin-malmene-une-nouvelle-76123
Une d'Agoravox du 09 juin 2010
http://fr.news.yahoo.com/13/20100609/tot-robert-boulin-malmen-une-nouvelle-fo-89f340e.html

http://www.lepost.fr/article/2010/06/09/2106711_robert-boulin-malmene-une-nouvelle-fois.html


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