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Moulins, avant

Publié le 11 juin 2010 par La Bienveillante @Ema_Dellorto

Si vous lisez ceci, c'est que j'ai pu en partir.

Il n'est donc pas utile de contacter quelqu'un.

Dans le cas contraire, consolez-vous en sachant que je ne me détruis qu'à petite dose, lentement. A coup de viande de Charolais avariée et crevettes grouillant de petits œufs.

A l'heure où j'écris je bois un Coca Light dans la salle de petit-déjeuner de l'hôtel du Parc de Moulin, désertée.

J'attends impatiemment le repas de midi et ses sauces encombrantes.

Tout y est à sa place, les nappes jaunes pales et vert d'eau entrelacées, les rideaux rayés rajoutant aux deux couleurs précitées un marron lui-même passé, les natures mortes encadrées sobrement qui ressemblent à s'y méprendre à des têtes de clown. Il y a aussi des porte-plantes à la robe damassée, un papier peint jaune légèrement zébré d'or et les appliques absolument dorées aux deux bougeoirs factices (les coulures de cire y sont reproduites - excellemment).

Dans la salle à déjeuner, le saumon fait son apparition, les chaises en rotin bordeaux, et les lampes sont fleurs en fer.

Comme nous sommes en juin, il pleut sans trêve depuis 2 jours, à Moulins, au grand bonheur de mes nu-pieds scandinaves et de mes pieds nus parisiens recroquevillés.

Je n'y suis pas malheureuse, à Moulins. Certains pourraient même dire qu'ils vivent un rêve éveillé, ces certains qui partent sur les traces des Ch'tis ou déambulent dans les décors abandonnés de Stars War (Star Wars ?) dans le désert de Tunisie. Ici on traînasse dans l'univers de Chabrol et suis peut-être le personnage principal de son dernier court-métrage.

La drague y est pure, à Moulins et lorsque le serveur au matin a fait voler le plat de viennoiseries en me servant un classique earl grey mes compagnons de petit-déjeuner n'ont pas manqué de remarquer qu'eux, ah, ah, ne lui avaient pas fait ce même effet. Cette semblable matinée, mon voisin de réunion ayant laissé échapper son stylo et se penchant pour le ramasser, il a été insinué que le petit coquin avait tout manigancé pour scruter mes jambes de plus près (what else ?).

Une partie de ville vraiment.

Ajouterai-je que dans la petite entreprise que je visitai le directeur de la X et la directrice du Y avaient fait un enfant dont ils attendaient le décoffrage imminent, ce qui provoquait moult commentaires de leurs collègues en rut. Au déjeuner, la maman à venir nous ayant arrosé de sel et elle-même par mégarde, l'un commenta : « j'en connais un ce soir qui a va avoir des mamelles demi-sel ». Entre gens de bonne compagnie, ces petites plaisanteries se dégustent.

J'attends, oui mais non en vain car tous les Godots du monde sont sans nul doûte installés sur ces terres.

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