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L’abîme lumineux de Philippe Mac Leod

Publié le 10 juin 2010 par Eric Acouphene
Un magnifique texte de Philippe Mac Leod :


Au fond de chaque regard, der­rière chaque geste, il est unespace immense, une lumière humaine qui se mêle au bleu du monde, qui par­ticipede son infinitude. Comme elle s'épanouit au-dehors, la vie s'ouvre en dedans.Elle suscite un univers qui parachève celui qui lui a donné nais­sance. Etc'est là ce que nous avons désormais de plus grand : la flamme fragile d'uneconscience, l'intérieur même de la lumière, la face secrète d'une réalité quinous déborde.L’abîme lumineux de Philippe Mac LeodLe sentiment que tu as de toi-même n'éclaire pas seulementton cœur, il t'enveloppe comme une sorte de halo qui t'accompagne. Il manifestepour ainsi dire le filigrane inimitable de ta personne. Sans la conscience,l'exis­tence n'aurait aucune profondeur. Elle seule crée l'atmosphère spiri­tuelledans laquelle tu baignes, la réso­nance possible de ton être. Sans cetteexpérience unique, je ne serais pas cet homme qui te parle aujourd'hui, et sinous nous comprenons si rapide­ment, à demi-mot, c'est bien par cette réalitéintime qui nous fait un. 
Considère seulement le miracle d'un oeil qui s'ouvreau monde, tremblant à la lueur quasi divine qui le traverse. Le propre del'homme, on n'y accorde pas assez d'importance, demeure cette faculté étrangeen regard de la dispersion et de la profusion des perceptions, cette facultéunique de concentration, de recueillement. La vie dans son intensité tient à lapuissance de notre attention, à son pouvoir d'unification, à la luminosité denotre conscience, à l'effort régulièrement déployé pour amener à la surface lestrésors qui dorment au plus profond de nous-mêmes.L’abîme lumineux de Philippe Mac LeodC'est par cette intimité que tout prend véritablement corpset sens, corps et sens qui font la présence : un visible animé del'invisible. L'éclat d'un visage, la douceur boulever­sante d'un sourire, letremblement d'un souffle, d'une voix qui colore les airs, sa clarté, sonétrangeté parmi l'opacité des choses, voilà le signe de l'homme : toute sasingularité tient dans la profondeur de ce mystère incommunicable, qui rejointl'incon­naissable de Dieu.Il faut aimer la vie, passionnément, éperdument ; croire ensa résonance divine dans le fond de notre âme ; plus loin, plus haut que lespetites joies qu'on a l'habitude de lui soutirer, aimer la grandeur de sonmystère, vaste comme un ciel étoilé, déchi­rant comme la mémoire des visages àjamais refermés sur leur secret.Car c'est encore cela, le miracle étourdissant de lapersonne que nous sommes, comme si l'univers tenait à un fil, un mince rayon,infiniment ténu, l'absolu entrevu alors même que tout nous échappe. On se bles­seraità vouloir embrasser l'abîme tout entier, on ne peut y entrer que par sadimension tragique, angois­sante souvent, pour en pénétrer les replis les pluscachés, apprivoiser le sentiment de son intime totalité et atteindre la lumièreinimagi­nable qu'il recèle. Comme dans la Visitation, nous sommes porteursd'autre chose que nous-mêmes, d'une présence intérieure qui nous devance, etpasse des uns aux autres, à notre insu, sans bruit, sous le four­millement desmots, par-delà nos échanges parfois les plus anodins. La personne humainen'advient que par ce qui la dilate, ce qui la transcende. Comme une brèche, unesorte d'issue inattendue, elle ne se révèle que par l'au-delà qu'elle sécrète.L'individu, lui, disparaît dans la multitude grouillante, il ne dépasse pasl'espèce. Ta personne est essentiellement béante. Unique parce qu'en son cœurelle est une. Source. Présence.
PHILIPPE MAC LEOD est écrivain, il a publié plusieursrecueils de poésie. Son dernier ouvrage, l'Infini en toute vie, est paru auxéditions Ad Solem. La Vie - 28 janvier 2010
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