Magazine Politique

François Bayrou, le caillou dans la chaussure des centristes

Publié le 11 juin 2010 par Hmoreigne

 Le centre est entré en ébullition. L’organisation mardi, à l’initiative de Jean Arthuis, d’Assises de la refondation du centre au Sénat suivie ce week-end du congrès du Nouveau Centre à Tours témoigne d’une volonté existentielle de nombreux centristes en deuil de l’UDF. Lassés du ni-ni de François Bayrou, encouragés par la chute dans les sondages de Nicolas Sarkozy, les centristes se trouvent paradoxalement remis au centre de l’échiquier politique par une crise économique qui renvoie dos à dos, à travers la question des déficits publics, droite libérale et gauche keynesienne. Conscients de cette fenêtre de tir inespérée, ils rêvent de faire le coup de VGE en 1974 et de coiffer sur le poteau en 2012 PS et UMP. Reste toutefois à régler, préalablement, le cas Bayrou.

Le candidat naturel ne l’est plus vraiment. François Bayrou se voit concurrencé par l’émergence de nouvelles ambitions personnelles . Morin, Borloo, Arthuis et de Robien y pensent aussi en se rasant. Si les candidats potentiels ne manquent pas, un seul gêne vraiment : le député du Béarn.

Le président du Modem continuer à ne pas vouloir choisir officiellement entre la droite et la gauche, préférant donner des coups de godille selon les intérêts du moment. François Bayrou le rappelait cette semaine encore dans les colonnes de La Croix : “Le centre ne peut être qu’indépendant. Chaque fois que quelqu’un éprouve le besoin d’ajouter l’adjectif (droit ou gauche) au nom (centre), c’est qu’il ne croit pas à la force du centre. Le centre, ce n’est pas un sous-produit de la droite et de la gauche, ce n’est pas « entre » la droite et la gauche, mais « autre » que la droite et la gauche“.

Pour tous les autres, il n’y a pas d’ambiguïté, leur chemin passe par la droite. Jean-Louis Bourlanges , ancien compagnon de route du président du Modem, se voit propulsé sur proposition de Jean Arthuis, président d’un nouveau think tank dont l’objectif est d’offrir une plateforme programmatique commune à une famille centriste rassemblée.

Bien joué. Les amis déçus ont des prédispositions pour jouer les Brutus.”Je crois que l’heure de Bayrou est passée même si Sarkozy essaye de le ressusciter” a ainsi lâché l’ancien député européen au micro de France Inter ce mercredi.

Pour Jean-Louis Bourlanges, la bipolarisation de la Véme république impose au centre soit de devenir une force d’appoint soit de disparaître. Une vision à l’opposé de la doctrine Bayrou qui prône un rôle d’interface et la capacité de picorer à droite et à gauche des propositions quand elles sont jugées bonnes.

Si les centristes se rangent à droite, reste à savoir si l’UMP est disposée à leur laisser un peu de place. La stratégie de Nicolas Sarkozy qui a constitué à faire émerger une UMP monolithique ratissant le plus large possible atteint aujourd’hui ses limites avec notamment l’absence de réservoir de voix pour le second tour des présidentielles. La culture du commandement héritée du RPR ressentie comme pesante,la personnalité de Nicolas Sarkozy au comportement souvent jugé choquant, l’échec de la rupture promise et la droitisation de l’UMP poussent les centristes historiques à reprendre leur liberté.

Critique, Jean-Louis Bourlanges estime Nicolas Sarkozy a raté la première des ruptures qui aurait du consister à rompre avec le laxisme financier. Il reproche également au Chef de l’Etat de ne pas avoir donné de finalité sociale à la rupture. Pire, du fait d’une méthode de travail les réformes ont été rendues incompréhensibles et impopulaires en donnant le sentiment qu’elles sont favorables aux riches.

Le centre doit reposer les problèmes avec une autre méthode, avec l’équité comme fil conducteur et la relance institutionnelle de l’Europe comme objectif avance Jean-Louis Bourlanges. A contretemps, le rapprochement aussi soudain qu’ambigu de Nicolas Sarkozy et de François Bayrou vient troubler cette feuille de route. Un pas de deux qui ne grandit ni l’un ni l’autre juge l’ancien député européen.

De son côté, le sénateur Jean Arthuis, fondateur de l’Alliance centriste qui devrait fusionner avec le Nouveau Centre d’Hervé Morin à l’automne, propose pour départager le trop plein d’aspirants candidats à la présidentielle de 2012  l’organisation de primaires à l’intérieur de la famille centriste. Une façon intelligente de se placer dans la course et de neutraliser François Bayrou.

Partager et découvrir

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Hmoreigne 111 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines