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Lyon, ni bourgeoise, ni bohème - LibéLyon

Publié le 13 juin 2010 par Unpeudetao

 
SOCIOLOGIE - Que savons-nous de Lyon ?
Nous connaissons les images que la ville donne à voir d'elle-même. Représentations héritées, fantasmées, complexées et parfois périmées. Ville bourgeoise, fermée, industrieuse, catholique, franc-maçonne et bobo. Ville capitale, provinciale et internationale. Elle se dit et se veut aujourd'hui en mouvement. Elle change. Paraît-il. Qu'en est-il réellement ? Quatre chercheurs de l'université Lyon 2 publient ce mois-ci aux éditions de La Découverte, une “Sociologie de Lyon” passionnante qui tente de vérifier si les images correspondent à la réalité…

Parmi ces images qui ont façonné jusqu'à bien souvent l'enfermer la ville de Lyon, une bonne partie se centre et se concentre historiquement sur le cas de la bourgeoisie lyonnaise, figure emblématique et, il faut bien dire, assez terrible, du Lyonnais. Ainsi cet extrait d'un article du Monde écrit en 1979 par le journaliste Régis Neyret et exhumé par nos quatre sociologues :  “Le Lyonnais est un bourgeois riche et triste, qui travaille dans la soierie, joue aux boules dans le brouillard, va voir Guignol le dimanche (à moins qu'il n'assiste à une messe noire), tandis que sa femme mijote de la bonne cuisine dans d'obscures alcôves”.  Trois décennies plus tard, vue de la presse nationale, Lyon apparaît désormais comme une sorte de boboland où les gens ne feraient rien qu'à passer leur temps dans des biennales d'art contemporain et à se déplacer à Vélo'V sur des berges débarrassées de leurs voitures.

Que s'est-il passé entre temps ?
Une guerre thermonucléaire ? Pas vraiment, répondent les sociologues. Même si les lignes sociales et culturelles ont effectivement évolué, ce sont surtout ses représentations qui ont changé. Représentations construites et donc un peu déformées par un discours politique auto-promotionnel modernisant et d'un prisme médiatique volontiers sujet à tropismes. “Rien d'étonnant à cela, si on considère que ces constructions sociales, si elles recèlent des éléments objectifs de description de la ville, de ses lieux et de ses habitants, sont mobilisés dans des pratiques, des discours et des stratégies (notamment de développement économique), socialement et historiquement situées”, expliquent les auteurs. Qui rappellent, à toutes fins utiles, que la sociologie de cette ville, ne se réduit ni à ces groupes sociaux, ni à ces lieux identifiés.

Le chapitre consacré à la démographie de la troisième ville de France recense en ce sens quelques informations propres à replacer les curseurs face aux réalités. Petite précision d'emblée, Lyon est une grande ville (deuxième agglomération de France avec 1,2 million d'habitants), mais elle n'a, en taille, pas grand chose à voir avec les grandes métropoles européennes avec qui ses édiles se targuent désormais de la comparer. Arrivant en population au 22è rang européen. Loin derrière les modèles milanais ou barcelonais.

Mais Lyon a d'autres atouts, et notamment une démographie particulièrement dynamique. Ainsi, apprend-on qu'un tiers des lyonnaIs recensés en 2006, n'habitaient pas Lyon cinq ans auparavant. Parmi eux, 38% viennent d'une autre région. Ce qui constitue, notent les auteurs, “une proportion nettement plus élevée que celle observable à Paris et à Marseille”. La population lyonnaise est surtout très jeune (les deux tiers sont moins de 45 ans), très diplômée (un sur quatre a un niveau supérieur ou égal à bac + 3). Malgré une faible représentation des ouvriers, commerçants et chefs d'entreprise, la ville est professionnellement assez diversifiée, conservant, contrairement à Paris, une part encore importante de professions intermédiaires et d'employés.

“Au total, la population de Lyon aujourd'hui est beaucoup plus diverse que ce que suggère le stéréotype de la ville bourgeoise. Cette diversité se retrouve très largement dans les niveaux de revenus des Lyonnais”. Le revenu moyen imposable en 2006 était de 24390 euros par foyer, ce qui est légèrement au-dessus de la moyenne nationale (22162 euros). Ces dernières années, comme ailleurs, la ségrégation socio-spatiale s'est accentuée. Et c'est bien dans les quartiers les plus aisés que les revenus ont le plus augmenté. Tendance lourde qui relativisent les phénomènes de gentrification ou de boboïsation des anciens quartiers populaires.

Alice Géraud.

Sociologie de Lyon, de Jean-Yves Authier, Yves Grafmeyer, Isabelle Mallon et Marie Vogel, Editions La Découverte, juin 2010, 124 pages.

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www.lyoncapitale.fr


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