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(UK) Doctor Who, series 5, episode 11 : The Lodger

Publié le 13 juin 2010 par Myteleisrich @myteleisrich
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The Lodger correspond à une petite pause proposée aux téléspectateurs, une opportunité pour reprendre son souffle et de se remettre des derniers épisodes riches en émotions, avant d'attaquer l'arc final qui verra la prophétie annoncée en début de saison se réaliser, la Pandorica s'ouvrira. En attendant ces grandes manoeuvres, ce onzième épisode, avec en toile de fond une aventure quelque peu anecdotique, offre au Docteur un terrain d'expression à sa convenance, pour verser dans une sorte de "one-man-show" enthousiasmant. On ne le répètera jamais assez, mais une chose est bel et bien certaine : Matt Smith maîtrise désormais plus que parfaitement son sujet. Et il n'est jamais plus époustouflant que lorsqu'il s'agit d'exposer en pleine lumière la personnalité du Docteur, génie versatile et hyperactif, prompt à se laisser emporter dans ses élans de Time Lord. Bref, sans marquer, The Lodger se révèle être une belle célébration d'Eleven. Peut-être ce qu'il fallait avant d'abord la dernière ligne droite.

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Si le Docteur est sur-exposé dans cet épisode, c'est en partie la conséquence du twist de départ : Amy et lui sont une nouvelle fois séparés. En effet, le Tardis rencontre des difficultés pour se fixer au lieu et à l'époque voulus. Le Docteur ayant mis un nez dehors, le vaisseau, instable, repart sans lui, le laissant la tête dans l'herbe du parc où ils avaient attéri tandis qu'Amy est coincée à l'intérieur. Pris dans une sorte de boucle spatio-temporelle, le Tardis est bloqué dans un entre-deux de turbulences. Pour espérer le stabiliser et ramener Amy sur Terre, il faut identifier et stopper la source de ces troubles. L'épisode ne s'appesantit pas sur cette recherche, qui ne pose pas vraiment de difficulté au Docteur, bien aidé par des tours de passe-passe temporels.

Le problème provient du premier étage d'une maison de banlieue pavillonnaire quelconque. Ne sachant à quoi s'attendre, privé de l'assistance du Tardis et ne devant surtout pas se regénérer dans l'aventure au risque de voir le Tardis se perdre avec Amy, le Docteur est contraint d'adopter une tactique d'infiltration plus subtile qu'à l'accoutumée : il répond à une offre de collocation pour louer une chambre dans l'appartement du dessous. En raison de cette approche moins directe et de l'isolement relatif du Docteur, The Lodger va donc se rapprocher des épisodes qui ont pu par le passé mettre en scène une forme d'infiltration. Le Docteur doit découvrir ce qui se cache à l'étage, sans éveiller les soupçons, ni l'attention du résidant du dessus. Le téléspectateur est bien conscient qu'il s'agit d'un prétexte scénaristique sans doute un peu facie, mais l'enjeu de l'épisode en dépend : ce qui intéresse le scénariste, ce sont les efforts d'adaptation du Docteur. Ses essais pour suivre un quotidien et un mode de vie humain le plus normal possible vont constituer l'attraction principale de ces quarante minutes, d'où ma qualification, par moment, de "one-man-show". 

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On retrouve, dans ces efforts de socialisation avec de nouveaux compagnons le temps d'une aventure, la petite touche de folie qui avait marqué l'introduction d'Eleven au cours du premier épisode de la saison. Ce ressenti ne provient pas seulement du fait que c'est la première fois depuis 10 épisodes que le Docteur met les pieds dans une cuisine pour nous concocter une de ces préparations culinaires dont il a le secret - et qui, en dépit de la manière de la concevoir, se révèlera bonne. Globalement, la dynamique avec son colocataire prend parfaitement, si bien qu'on retrouve un faux air de première rencontre avec Amy Pond. A croire que la solitude sied d'une certaine façon au Docteur, permettant à sa personnalité excentrique de se manifester et de s'épanouir pleinement, sans être contrebalancé par une présence pouvant le catalyser comme celle d'Amy.

Tout cela ressort au contact des nouvelles rencontres qu'il peut faire, nous offrant des passages proprement jubilatoires où le Docteur est absolument génial. Si je ne devais retenir qu'une seule chose de cet épisode, c'est l'opportunité qu'il offre d'explorer plus en avant et de pleinement apprécier cette personnalité complexe du Time Lord. Les scènes enthousiasmantes ne manquent pas. Dès la première rencontre avec son futur colocataire, sur le palier de la porte d'entrée, le ton est donné. Le Docteur s'impose naturellement, monologuant au gré de ses pensées. Les échanges entre les deux hommes sont juste hilarants, et vont garder ce côté décalé pour le reste de l'épisode. La collocation, quelle merveilleuse invention. Le Docteur dans la cuisine, le Docteur dans la salle de bain, le Docteur s'immisçant dans les projets amoureux de son nouvel ami... Le scénario exploite pleinement la situation, faisant le tour de toutes les péripéties les plus cocasses que cela pouvait générer. Et, peut-être en clin d'oeil à l'évènement sportif du mois, le Docteur va même jusqu'à s'essayer -avec un certain succès- au football ! Bref, est mis en scène un ensemble de scènes du quotidien, d'une telle normalité que leur étrangeté n'en est que plus accentuée tant elles sont inhabituelles pour notre excentrique Time Lord. Cela donne d'excellents moments de télévision.

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Un peu écrasée par la performance, l'intrigue du jour peinera tout au long de l'épisode à atteindre sa pleine envergure. Sans doute parce qu'en dépit de son omniprésence, elle peine à retenir notre attention. En effet, si les contacts intermittents avec Amy et les bruits venant du dessus constituent un rappel nécessaire et constant de la dangerosité de la situation, on ne s'inquiète jamais réellement de l'issue de l'aventure. Certes, cette saison a déjà prouvé qu'elle savait nous surprendre, mais le téléspectateur ressent bien que The Lodger est un épisode de transition, une bulle d'air frais en guise de parenthèse, permettant de se reposer avant de s'attaquer à l'enjeu majeur de la saison, ces craquelures spatio-temporelles qui fragmentent l'univers. La résolution de l'intrigue va suivre le même état d'esprit. Tout d'abord, il y a la révélation expresse de ce qui est en train de se produire au colocataire. Avouons que le partage télépathique d'informations, c'est un procédé bien pratique : une facilité pour le scénariste  qui a un grand avantage, cela permet d'expédier toute cette phase d'explication et de digestion des informations en quelques secondes, balayant toutes les questions potentielles du colocataire qui sait désormais tout ce qu'il y a à savoir. Le voilà donc catapulté sans plus de cérémonie assistant "temporaire" du Time Lord, le temps d'une aventure sans lendemain, ce qui justifie cette rapidité d'exécution : inutile de s'appesantir sur le moment anecdotique de la révélation.
Le danger alien du premier étage se révèla être finalement un vaisseau alien en perdition, auquel le système de survie recherche désespérément un pilote. Il grille - au sens littéral du terme - les passants happés dans la rue, à essayer de trouver un individu adéquat supportant la charge. Au final tout est expédié rapidement sans que cela paraisse une issue majeure; Le colocataire aura eu son utilité grâce à son amour pour la sédentarité - et pour la belle demoiselle à laquelle il peut enfin déclarer sa flamme. Le vaisseau alien en perdition se désagrègera (révélant l'absence de premier étage dans la maison). Et le Tardis pourra enfin se poser, avec une Amy assez secouée à son bord... Happy end. En somme, jusque dans cette résolution peu travaillée, on perçoit bien que l'enjeu de l'épisode est ailleurs.

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Episode de transition, The Lodger est une occasion de se concentrer sur le Docteur, et de savourer le fait que la série détient un des personnages principaux les plus enthousiasmants, complexes et fascinants du paysage téléphagique actuel. Et j'avoue que mettre en valeur cet aspect est  une chose que j'apprécie au plus haut point. La séparation d'Amy, très en retrait, n'est pas préjudiciable à l'équilibre de l'histoire, car c'est cette absence relative qui permet  au Docteur de faire étalage, de façon si marquée et sans contrôle, de ses réflexes de socialisation véritablement jubilatoires. Au fond, explorer plus avant et se concentrer sur les petits détails de la personnalité délicieusement excentrique du Docteur est une façon de masquer les faiblesses de l'intrigue principale, aventure un peu anecdotique que le téléspectateur relègue inconsciemment rapidement au second plan durant l'épisode. The Lodger demande simplement à ce que l'on profite de l'ambiance qui se dégage de l'ensemble.

Avant la dernière ligne droite de la saison, cet épisode est une piqûre de rappel savoureuse, rappelant au téléspectateur tout le plaisir qu'il y a à suivre notre Time Lord favori, dans ses vives réparties comme dans ses nombreuses contradictions qui l'animent. Et c'est aussi une façon d'offrir à Matt Smith un magnifique terrain d'expression à sa convenance, en saluant sa performance tout au long de la saison. Car, si son jeu vaut tous les superlatifs, il faut aussi souligner à quel point l'acteur n'est jamais aussi bon que quand il met pleinement en scène le comportement versatile et dynamique de son personnage. Dans cet épisode, il frôle la perfection.

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Bilan : The Lodger est un épisode de transition qui, avec son aventure un peu anecdotique en arrière-plan, se révèle finalement être un bel hymne au Docteur, lui donnant l'occasion de laisser sa personnalité s'exprimer sans retenu. Ces quarante minutes sont un condensé de scènes jubilatoires, de prétextes à des réparties et échanges décalés savoureux. Ce n'est pas un épisode dont l'apport marquera la saison 5, mais c'est une paranthèse très plaisante et un choix qui peut se justifier alors que la série amorce le virage pour rentrer dans sa dernière ligne droite.


NOTE : 8/10


L'arc final débute la semaine prochaine, The Pandorica Opens :


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