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Etat chronique de poésie 916

Publié le 15 juin 2010 par Xavierlaine081

916

A Dora B. (Qui saura se reconnaître) 

C’est un jour un peu triste, timide et réservé comme toi qui, depuis dieu sait où m’interpelle et m’invite.

C’est un matin de douce écoute, à l’heure d’une ville qui ne sait que faire de sa grisaille.

D’ici montent les soupirs de ne point se laisser gagner d’une douce torpeur dans les rayons d’un printemps qui se met en retard.

Tout le monde sait que Lure veille, avec son chapeau blanc. Tant qu’elle ne montrera pas son crâne dégarni, c’est froid et hiver qui monteront à l’assaut.

Lors vient un dialogue insolite, défiant temps et espace.

*

Toi 

Bonjour,Monsieur, matinal comme tous les jours ? 

Moi 

Bonjour, vous allez bien? 

Toi 

Oui,merci, ce soleil qui remplit la chambre oxygène ma vie ! 

Moi

Ici la couleur dominante du jour est un gris humide. La saison ne sait encore sur quel pied danser… 

Toi 

Il existe un bonheur autre que celui que l'on recherche incessamment : celui de la splendeur du temps ! 

Je t'invite à venir jouir de ce beau temps et de la mer 

Si bleue 

Si intense 

Tu danseras avec les petites vagues 

Moi 

Le bonheur vient de ce silence contemplatif : le bruit que fait une goute de pluie sur les feuilles nouvelles. 

Si la mer n'était si lointaine, je danserais dans les vagues, et les mots couleraient en longues aurores délicates… 

Toi 

Oui, le bruit du silence ! 

J'adore tes paroles ! 

Et, comme a dit Mahomet, « si la montagne ne vient pas nous » … 

Mais toi si la mer ne vient pas à toi, 

Alors, essaie de venir la voir ! 

Moi 

Mes yeux vont aux rivages comme ils veulent, mon esprit voyage en se riant des frontières, du temps, de la géographie… 

Toi 

Oui c'est une façon de voyager, l'imaginaire ! 

Moi 

C'est le moyen le plus facile et le moins onéreux… 

Toi 

Oui, mais que fais tu des vraies sensations : de la caresse du soleil sur ta peau, des clapotis de l'eau, de son goût salé ? 

Tu ne peux pas les vivre comme il se doit ? 

L'imaginaire, s'il était aussi réel,je me serai gavée sans relâche de ses secrets 

Mais 

La réalité est meilleure !

Moi 

D'autres plaisirs me courtisent : la saveur d'une eau pure, dans des vallons secrets, le long frémissement des cimes, le bruissement discret d'un torrent. 

Toi 

J'adore aussi ! 

Tu écris merveilleusement bien ! 

J'aime cet enchantement que tu me procures de bon matin 

Moi 

La mer n'a de saveur que dans la solitude des dunes, face aux rouleaux océaniques, dans le claquement d'une voile, le frémissement d'un soleil plongeant à l'horizon. C'est un plaisir rare tant les foules encombrent les quais, ignorant les voyages potentiels. Je m'en tiens donc éloigné, préférant le silence de mes montagnes. 

L'écriture est un parfum que l'aube délivre, entre deux voyages immobiles. 

Toi 

Waw ! 

Je suis éblouie par la beauté de tes mots !

L'écriture est ma passion 

Moi 

Je ne peux hélas m'éterniser en ces lieux : je dois retourner à mes écritures journalières. Profitez bien de cette journée d'oisiveté! 

Toi 

Moi aussi, je te remercie pour ce bonheur inégalé de m'évader, avec toi, dans ce monde de l'imaginaire. Merci et bonne journée : bye 

Moi 

Bonne journée! 

Ne m’en veux pas, amie, une mer nous sépare et ce sont des années lumières. 

Les mots sont parfois si trompeurs : ils nous subjuguent, nous mènent bien au-delà de ce que nous ressentons, dans cet instant éphémère où nos yeux s’y déposent. 

Glissant du vous au tu, avec la discrétion feinte, c’est une vague qui nous submerge quand nous ne pouvons et savons nous nourrir que de solitude et de silence. 

Ailleurs, en d’étrange soirée blotties entre deux grilles, l’inquiétude veille, partagée jusqu’à la fatigue : suffirait-il d’une devanture pour se brancher sur notre humanité diluée en milliers de larmes, chaque jour un peu pluvieuses. 

L’humanité est au-delà de nos mots, amie, au-delà de la folle étreinte de vagues, en sable et en cheveux fous dans un vent solaire. 

Ce que nous avons à construire se tisse dans cet entre deux qui nous surprend. 

Nous ne faisons, à chaque instant qu’occuper un logis qui nous est généreusement prêté. 

Nous ne sommes nulle part propriétaire de cet espace qui nous est alloué. 

Ce que nous n’avons pas encore appris : à faire de ce vaisseau spatial, si beau vu de là-haut, une aire de véritable bonheur. 

A la croisée des chemins, il nous faut tout construire et revenir à l’essentiel, sans égards pour le superflu. 

Nos pas se séparent 

Laissent empreintes divergentes 

Sur la grève mouillée de houle 

Etranger 

Miroir tendu à nos âmes en errance

Nos mains se saisissent de la bouée 

Nous plongeons avec délice 

Dans la fraîche invitation de l’instant 

Manosque, 2 mai 2010

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