Une petite crampe dans la gorge

Qui que vous soyez, quoi que vous viviez, si vous avez un cœur qui bat, vous avez connu la souffrance. On me pose à ce sujet le plus grand nombre de questions. Nous sommes tous préoccupés par cette fatalité. Quelle que soit sa forme, la souffrance fait souffrir.

Mon fils avait six ans. Son meilleur ami venait de l'envoyer promener. Il rentra à la maison, abattu. Que s'était-il passé? Les yeux dans l'eau, il répondit : J'ai une petite crampe dans la gorge qui m'empêche de parler. Je le serrai dans mes bras pour éponger ses larmes. Rassurée que sa petite crampe ne l'empêcha pas de pleurer. Et touchée d'offrir à sa peine un cocon de silence.

Comme elle peut être douloureuse, cette petite crampe. Elle peut nous empêcher de parler. De dire. De partager ce qui nous fait si mal. Elle peut colmater gros secrets, grands désespoirs et profonds rejets.

Telle une clé en acier trempé, elle ne rouille pas. Même exposée pendant des années à d'innombrables ondées. Rien ne peut la déloger de notre gorge. Rien? Pas tout à fait...

Mais qu'est-ce qui nous tord de douleur? Dans mon expérience, j'ai constaté cette évidence : soustrayez la souffrance de l'équation existentielle et vous soustrairez aussi le plaisir! Parce que les deux forment la médaille de la vie. Ils offrent le contraste dont on se sert pour aimer ou détester. Jugement basé sur nos valeurs personnelles.

Pour dessiner un portrait en noir et blanc, vous avez besoin de ces deux couleurs, n'est-ce pas? Impossible de créer une œuvre avec une seule couleur. Donc, pour créer, vous avez besoin de contrastes.

Observez votre vie. Sur quoi vous basez-vous pour dire que cet événement était heureux ou malheureux? Que cette personne était un dieu ou un diable? Que cette chose était un cadeau ou un fardeau?

Serait-ce alors l'absence de sens à notre souffrance qui nous fait tant souffrir? Quand ce sens nous échappe en dedans, regardons au dehors. Autant d'échos nous entourent pour nous aider à le trouver.

Tout le monde veut du plaisir, mais personne ne veut souffrir.

Et si l’on célébrait l’union incontournable de ce couple inséparable, histoire de détendre un peu cette petite crampe au fond de soi?

Dominique Allaire
Bye bye Bog !

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