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Une icône s’en va, la nostalgie revient

Publié le 05 décembre 2007 par Valérie Bernard

Fred Chichin, le guitariste des Rita Mitsouko est décédé le 28 novembre, à 53 ans d’un cancer fulgurant. Les Rita, c’est un peu Prince au bal musette…
« Même si », dernier clip, un peu moins rock certes, au texte prémonitoire ?

Si quelque vent du nord bien féroce
De ses rafales gelées glaçait ton cœur
Ou qu'une brise encore , bien belle gosse
Tramontane idéale allumait ton ardeur
Même si, même si tout s'effondrait
Je serais près de toi
Même si, même si…
Même si, même si tout disparaissait
Je serais près de toi
Même si même si
Au centre des ennuis
Je serais là
Au désert sans ami
Avec toi
Si quelque vent lunaire m'emportait
Mouiller sur une étoile, je reviendrais
Même si, même si tout s'effondrait
Je serais près de toi
Même si, même si…
Même si, même si tout disparaissait
Je serais près de toi
Même si même si


Les Rita Mitsouko "Même Si"
envoyé par BECAUSE_MUSIC

Après Balavoine, Coluche et Le Luron (ah les sketches sur K7 dans l’autoradio de la GS de mon papa…), ma génération perd une icône, un grand frère. « Marcia Baila, Les Histoires d’A, Andy, j’avais à peine 7 ans quand ils ont démarré en 1979.
Les Rita, c’est aussi mes premières boums et chocs rocks chez Martin, mon camarade banlieusard de mon collège public élitiste du 8e arrondissement. Que les choses soient claires, j’y suis entré par dérogation sur dossier + allemand/grec ancien, vu que j’habitais le mauvais Paname 17 près porte de Clichy.
De la 6e 3 à la 3e 1, nous avons usé nos Docks coquées pour certains et nos Weston pour d’autres (on appelle ça la mixité ?, même si les seuls rebeu de mon collège étaient Iraniens et Libanais dans des 300m2 près du parc Monceau… il y avait aussi des espagnols, des portugais, et…) à pieds joints sur le parquet du pavillon de Martin à Saint-Ouen (et oui déjà…) sur Marcia Baila bien sûr, mais aussi Téléphone et Indochine.
Son frère super canon faisait le gentil DJ.
Ah l’époque, j’avais failli ne pas y aller à cette boum, parce que j’avais peur d’aller plus loin que La Fourche, pour aller là-bas de l’autre côté du périf’…
Quand nous avons reçu l’invitation de Martin pour sa boum, nous étions un peu inquiets maman et moi : j’allais devoir prendre le métro bleu, pour aller à Saint-Ouen.
Martin m’a dit, ne t’inquiète pas : « le quartier est tranquille et c’est à 50 m du métro Garibaldi.» Comment le croire, alors que comme Hélène (l’autre banlieusarde de la classe), Martin nous avait bien dit que « l’école là d’où je viens, ça craint ».
Station La Fourche, avec un nom pareil, sans doute le dernier arrêt avant une destination diabolique, dans l’au-delà. Le bleu m’intriguait peut-être plus, parce que Basilique (de Saint-Denis) rime avec magique, et que maman m’avait dis que les rois, les princesses et les reines étaient enterrées là-bas. A l’époque, je grandissais à Batignolles-Paname 17, loin de la banlieue. Loin de Clichy où a grandi Fred Chichin, tiens.
Au collège, on se moquait un peu quand nos deux banlieusards (pistonnés ?) parlaient de leurs pavillons.
Et puis, nos parents ont fini par devenir plus stress quand, Hélène dyonisienne, s’est ramenée un matin avec son badge en forme de mains, dessus il y avait écris « Touche pas à mon pote ».
Ensuite, elle a voulu nous emmener à la fête de l’Huma manger des barbes à papa et faire des looping dans les manèges.
La banlieue, pour les parents c’était là-bas, après le mur de Berlin, chez les cocos et la guerre froide.
L’exploration s’est arrêté là, parce que Hélène n’a jamais fait de boum dans son pavillon, n’y invité ses copains parisiens, elle s’est sans doute dit que personne de la 3e1 n’oserait prendre le métro bleu et le bus à 3 chiffres pour se rendre chez elle à Saint-Denis.
La vie a continué, l’âge adulte est arrivé, les études supérieures, la lecture de la presse quotidienne, les « nouvelles » à la télé.
La banlieue ? Parfois en Une comme en 1991 lors des émeutes aux Minguettes et à Vaux-en-Velin, presque tout le temps abordée après les titres dans les faits divers.
Terrible position, insinueuse, un fait marginal, souvent rare à l’échelle de la somme d’événements d’un quartier. Le fait divers ne fait pas de soustraction, le fait divers additionne les maux.
La banlieue, c’était donc l’endroit où ne pas être, l’endroit des malchanceux, des pauvres, peut-être de ceux qui n’ont pas assez travaillé à l’école ?
La banlieue, quand on est Parisien, faut le dire franchement on n’y va rarement, voire jamais. C’est là-bas de l’autre côté, là où il y les hypermarchés et les zones industrielles.
Parfois on tente une expédition shopping de courses d’équipement pour la maison ou de bricolage.
Dans ces moments là, ou encore lors des départ en vacances, on traverse la banlieue en voiture. On circule dans ces grandes avenues déshumanisées. On traverse quelques zones industrielles grises et tristes à peine égayées par les couleurs des enseignes commerciales et des panneaux de pub 4 mètres par 3 pour le prochain hyper tout droit à gauche après le feu.
Justement, question pub, la banlieue, n’est pas trop aidée. C’est peut-être parce que je regardais trop la télé que je ne voulais pas y aller ?
Avant de traverser le périf, pour m’installer dans le 93, quand je faisais un remue-méninges à la mode créatifs d’agences de pub, le paper-board n’était pas très bling-bling : comiques, footballeur, bandes qui traînent, agressions, faits divers, violences à l’école, échec scolaire, cités, désintégration, crachats, tours.
La banlieue, était-elle mathématique ? Le résultat d’une addition de mots pour des maux ?
Voilà toute l’étendue de ma culture banlieue, de notre culture banlieue ?
Beaucoup de théorie, zéro pratique et soyons sincères des tonnes de préjugés, merci la télé. Un peu comme si le film « Les Bronzés » était censé décrire l’exacte ambiance du Club Med.
La banlieue, c’est presque devenue une marque.
Elle semble avoir une image plutôt déterminée, mais pas d’agences de com’ pour se pencher sur son cas. Peut-être seulement de vagues accords de sponsoring avec des personnalités dont l’âme est souvent détournée pour virer à la caricature.
Une marque qui colle à la peau, que personne n’arrive à décoller. Alors même que la banlieue semble être le pays où tout le monde rêve de marques inaccessibles à se coller pour ne pas avoir l’air d’en être.
Bref, à l’époque, je n’aurais jamais imaginé un jour quitter Mon quartier pour aller vivre là-bas de l’autre côté, dans un coin de 9cube.
Qu’est-ce qui m’a poussée à changer d’avis ? Qu’est-ce qui m’a fait aimer mon coin de 9cube ? Je vous le raconterai une autre fois, un peu de suspens… ;-))
Fred Chichin qui disparaît, la nostalgie qui revient… Et puis cette bonne nouvelle qui arrive enfin, le retour de Culture Pub, certes sur Internet. Bodoum bââ
Culturepub.fr, un nouveau site gratuit destiné au grand public. Depuis le 26 novembre, on peut y voir un magazine de 15 minutes présenté par Christian Blachas et réactualisé chaque semaine, ainsi que l’accès à l’une des plus grandes vidéothèques publicitaires du monde.
Monsieur Blachas s'est fixé comme objectif une audience d'un million de visiteurs uniques par mois. Pour l'atteindre, le lancement du site web est accompagné d'une campagne publicitaire conçue par l'agence La Chose.
Elle met en scène l'affrontement entre tenants et opposants de la publicité : l'accroche "(Culture Pub) revient... sur le Net" est soi-disant taguée et détournée par des antipubs.

Dans un premier temps, 2 000 films seront proposés, classés par thèmes (la vie de couple, la vie en famille, les spots les plus hot, les effets spéciaux, les tartes à la crème…). A la fin de l’année, 5 000 spots publicitaires seront disponibles. A terme, ce sont plus de 50 000 films qui seront numérisés et mis en ligne.
La rue gamma, la saga 106, Eram 100 Francs prix maximum, la lessive qui lave plus blanc que blanc, le strip tease lévis dans la laverie, les extra terrestres Lustucru, la Mère Denis, l’ourson Cajoline Tout y est, et comme dirait Léon, vous êtes obligé de revenir, parce qu’il n’ a pas les mêmes à la maison.
Vous l’avez compris, je suis une fan doublée d’une fille de pub. Alors ça me chagrine quand j’entends que les Français ont décroché la fée publicité.
D’après une récente étude, le nombre de publiphobes continue d'augmenter pour atteindre les 30 % de la population.
Nouvel enseignement de l'étude, la perception de la pub est modifiée par la pratique d'Internet. En effet, c'est auprès des internautes les plus assidus que l'on observe la plus forte radicalisation avec 23 % de publiphiles (vs 17 % dans le grand public) et 35 % de publiphobes (vs 30 %). Cette population virulente envers la publicité en ligne est également la plus dûre envers la publicité TV à laquelle elle attribue une note de 3,9/10.

Et vous aimez-vous la publicité ? Quelles sont les spots les campagnes qui vous le plus marqué ? Pourquoi ?

Et si demain, vous deviez faire campagne pour la banlieue ? Quel message vous toucherait ?

© rédactionnel ZoraLaRousse93


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