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De quel « TIP » êtes-vous?

Publié le 15 juin 2010 par Fabien Major @fabienmajor

Le week-end dernier, je me questionnais sur le rituel du pourboire. Je trouve déplorable que dans la majorité des établissements, tous ces « extras » sont partagés sans distinction. Je n’ai donc plus le privilège de remercier significativement une serveuse sympathique et plus efficace que la moyenne. Du même coup, je ne peux diminuer ma gratitude avec un « air bête » car je pénalise aussi, l’employée dévouée qui travaille à un autre quart. Ne voyez-vous pas un parallèle avec les bonis extravagants des banquiers et autres administrateurs opportunistes?

De quel « TIP » êtes-vous?

Le TIP puisent ses origines au 18 ième siècle dans les coffee shops Anglais. Sur le bord des comptoirs, des employées avaient eu le culot d’afficher devant une petite boîte de monnaie: « To Insure Promptness ». Vous vouliez un service plus rapide? Il fallait donner quelque chose AVANT de se faire servir. Un peu comme un tip à un portier qui nous trouvera une belle place dans le bar ou la disco. Pensez-y un peu, de nos jours on donne du pourboire APRÈS. Parfois à des serveurs minables qu’on ne reverra plus jamais de notre vivant. On « tip » le livreur de journaux, la caissière du Tim, le chauffeur de taxi, la coiffeuse (même si une coloriste et une adjointe, ont pris plus de temps avec vous)… Et pourquoi on ne laisse rien au caissier du « libre service », le commis de Costco, le nettoyeur ou l’employé de la Banque Royale? Comme dans le cas des banquiers ou des sociétés en bourse, le « bonus » devient la norme. Comprenez-vous que ça ne fonctionne pas? Prenez votre chien et donnez-lui des friandises pour un oui pour un non. Un nonosse; s’il réussit son tour et un nonosse, s’il échoue. Un nonosse pour le pipi dans la cour et un biscuit pour celui sur le tapis… Du pourboire aux bonifications outrageuses des banquiers… on a perdu le sens et l’appréciation de la récompense.

Quand on verse des bonis pour la forme, sans trop de raison, on remercie aussi les incompétents pour leurs inattentions, les frus pour leur lenteur, et les gaffeuses pour nous avoir fait la coupe de cheveux de Belgazou. Dans leur ouvrage « Why Smart People Make Big Money Mistakes », Belsky & Gilovich ont observés que 54% des gens réservent le pourboire pour le bon service, 30% en donnent par pitié et 10% par automatisme. Curieusement, s’ils recoivent un service exceptionnelle, à peine 2% vont gonfler leurs pourboires. Ainsi, 98% trouvent juste normal de vivre une expérience « exceptionnelle »! Dans ce bouquin fascinant, les auteurs nous démontrent que nous répétons incessamment de nombreux gestes inutiles voir nocifs. Prenons les soldes des grands magasins. Pourquoi une vente de liquidation à 50% de rabais fait courir les foules chez Simon’s, mais une chute boursière de la même ampleur fait fuir les investisseurs? On est pourtant devant des situations très semblables où l’économie est importante et ou le risque est moindre!

AH, bon! Qu’est-ce que j’entends? Oui, vous auriez dû acheter le titre d’APPLE à 137$ et celui de la banque TD à 34$, mais sans savoir pourquoi vous ne l’avez pas fait. Suivre la foule sans raison, fait partie de notre instinct. Pendant des milliers d’années, lorsque nous étions nus et affamés dans la savane… il fallait souvent suivre la foule sans comprendre. Au cas où lespremiers fuyards sentaient l’haleine des grands fauves sur leurs talons! Et maintenant?


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