Quitte à en décevoir certaines, je voudrais maintenant parler des spécialités kiwies autres que culinaires.
Le peuple néozélandais se distingue entre autres par son sens disons...original de l'écologie.
La plupart des maisons ne sont pas équipées du chauffage central mais chauffées au feu de bois (cf post 30), et beaucoup d'énergies alternatives sont utilisées: ainsi, l'électricité de la maison de Mike le botaniste de Ti Anau était entièrement fournie par l'énergie hydraulique des multiples cascades de la nature environnante. Ce qui lui donnait, d'après lui, une bonne excuse pour laisser la lumière allumée jour et nuit.
Nous avons mis quelque temps à nous adapter aux prises de courant que l'on doit allumer avant usage, et éteindre après.
laquelle est éteinte, laquelle est allumée?
Après quelques humiliations auprès des autochtones railleurs, nous avons fini par comprendre que ce n'était pas notre adaptateur qui était cassé, ni la bouilloire qui avait rendu l'âme...
J'ai été un peu choquée par le comportement de certains automobilistes qui jetaient allègrement leurs détritus par la fenêtre (et pas des trognons de pommes), malgré les touchants rappels à l'ordre sur les sacs plastiques.
Une deuxième(triste) spécialité: le trou dans la couche d'ozone. Là-bas on ne rigole pas avec la protection solaire. La crème solaire ne se vend pas en tubes, mais par bidons d'un litre.
un rigoureux tartinage s'impose avant toute rando
Mais passons à la plus remarquable spécialité kiwie qui compense largement la pauvreté culinaire et ozonesque: l'immense gentillesse qui caractérise la majeure partie des autochtones. C'est une gentillesse vraiment authentique, jamais affectée, contrairement à l'artificielle amabilité américaine: lorsque le Kiwi te pose des questions, il s'intéresse sincèrement à la réponse. Le Kiwi est aimable, serviable, désintéressé, souriant... les adjectifs ne suffisent pas pour décrire cette réalité. Il faut la vivre pour y croire.
Parfois, ça dépassait notre entendement d'Européennes bourrues. Trop de gentillesse rend la gentillesse suspecte. Les premiers jours, nous nous sommes demandé, dans certains cas d'extrême gentillesse, si c'était de l'ironie. Eh bien non. Nous avons plusieurs fois cherché la caméra cachée, mais ne l'avons jamais trouvée.
Des exemples: nous demandons notre chemin à un conducteur de bus. Ce dernier descend pour nous expliquer en détails malgré les 10 personnes qui font la queue pour monter... et patientent avec le sourire!!! Du surréel pour 2 filles habituées à vivre dans la rudesse germanique.
Autre exemple: dans une cabane de fish and chips à emporter, je commande une seule « crumbled scallop » à 2 dollars (et rien d'autre) juste par gourmandise, pour goûter (et non pas pour faire chier), alors que parmi toutes les choses frites, c'est ce qui prend le plus de temps à cuire (je ne l'ai appris qu'après coup). Le cuisinier me sert avec le sourire et me fait la conversation pendant la cuisson.
Du coup, une personne normalement aimable (et pas exagérément) passe pour un rustre de première classe. En 4 semaines, nous avons rencontré en tout et pour tout 2 personnes pas aimables. L'une d'elles n'était même pas kiwie.
Dans ce pays, l'argent est loin d'occuper la première place dans les priorités, et les différences sociales sont beaucoup moins marquées qu'en Europe. Si vous voulez faire fortune, ce n'est pas l'endroit où il faut aller. A part Auckland à la rigueur, et c'est peut-être la raison pour laquelle la ville ne nous a pas paru très sympathique.
Les Kiwis accordent aussi peu d'importance à l'argent qu'au rapport entre les études qu'ils ont faites et la branche dans laquelle ils travaillent. La majeure partie d'entre eux a changé plusieurs fois de métier au cours de sa carrière, la formation se faisant souvent sur le tas, « learning by doing ».
En témoigne le parcours de ce jeune homme qui après avoir fait des études d'écotourisme et interrompu une formation de cuisinier, se retrouve finalement conducteur de bulldozer, tout simplement parce que c'était ce qui l'attirait le plus. Ceci est valable aussi bien pour les locaux que pour les immigrés. Vous souvenez-vous de la business woman écossaise qui est venue ouvrir son exploitation de vin du côté de Queenstown?
Ce qui compte, c'est la réalisation des aspirations personnelles, qui passe avant l'argent et la reconnaissance sociale. Tout se tient.
J'ai enfin compris le sens de l'adjectif « laid back »qui apparaît à chaque page du Lonely planet: ça décrit tout simplement la conception kiwie de la vie, autrement dit rien n'est grave, tout est coooool, relax Max. Un objet qui illustre parfaitement les sens propre et figuré de cet adjectif est le fameux « lazy boy », un fauteuil large et moelleux dont on peut incliner le dossier à loisir (jusqu'à la position allongée) et qui comporte un reposoir pour les pieds. Un objet que chaque Kiwi digne de sa nationalité s'achète avec son premier salaire. Ce qui est réservé aux retraités en Europe, les Kiwis se l'accordent dès leur passage à la vie active. Ça en dit beaucoup sur leur façon de voir la vie.
Pour conclure : Kiwis... surtout, restez comme vous êtes! Et les autres, prenez-en de la graine...