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France Quéré, La pécheresse de Luc - 3

Publié le 15 juin 2010 par Walterman

Mais regardons la femme, avant le pharisien. Jésus est à table avec les autres convives. Il est étendu, selon l'usage romain, quand l'inconnue surgit, présentant les signes d'un extrême désarroi. Elle vient, comme sont venues l’hémorroïsse, la Cananéenne, pathétique dans sa demande, mais confiante dans la miséricorde du Christ. Elle se place derrière lui et lui arrose les pieds de ses larmes. Elle tient un vase de parfum, qu'elle devrait normalement verser sur sa tête : là se font les onctions. Elle n'ose effectuer ce geste, trop noble pour elle, et dans sa bassesse demeure aux pieds du Seigneur. C'est bien l'attitude de l'indignité. Quand, avant sa passion, Jésus veut exprimer l'humilité du serviteur, il lave les pieds à ses disciples.

« Tout en pleurs, à ses pieds, elle se mit à lui arroser les pieds de ses larmes ; puis elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers, les oignait de parfums. » Les assistants voient la pécheresse dérouler les actes d'un repentir en quatre phases, qui sont comme les états successifs d'une âme en quête d'innocence. Il n’y a qu'à tendre la main pour cueillir des symboles, beaux comme des fruits. Les larmes sont la douleur du péché ; les cheveux qui les essuient le pardon, quand la souffrance à purifié la faute. Les baisers expriment la relation nouvelle à la vie dans un élan de gratitude et d'amour. Aux parfums s'attachent les notions d'incorruptibilité et d'immatérialité. C'est assez pour désigner l'Esprit de Dieu. Ainsi cette femme, en quatre gestes, s'est-elle élevée de l'imploration à l'exaucement. Tirée de sa misère, elle a obtenu la purification et rejoint l'intimité de Dieu.

Mais elle fait encore autre chose. Comme dans les onctions de Béthanie, elle rend témoignage à Jésus, sur le mode prophétique. Elle raconte sa mort et sa résurrection. Le deuil, dans ses larmes ; la toilette du corps dans ses cheveux qui essuient, et l'enveloppent comme d’un suaire ; les baisers dont elles le couvre préfigurent les femmes qui, à la résurrection, se jetteront au pied de Jésus, l'onction du parfum évoquant et le rite funèbre, dont on verra plus loin l'ambiguïté, et la diffusion de la bonne Nouvelle, répandue comme un une vapeur à travers le monde.


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