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La mêlée est-elle condamnée ?

Publié le 15 juin 2010 par Ansolo

On l'a déjà écrit à plusieurs reprises, et rappelé dans le dernier billet paru sur ce blog : avoir une mêlée dominatrice ne suffit plus à gagner. Elle ne semble même plus être une condition nécessaire à la victoire.

Ainsi, l'Australie, archi-dominée samedi par l'Angleterre dans ce secteur, a-t-elle remporté la victoire malgré deux essais de pénalités accordés par l'arbitre, Monsieur Owens (ce dernier point n'étant pas neutre, on le verra plus loin). Contre le Canada, l'équipe de France A a également dominé son sujet dans ce domaine, sans que l'arbitre ne sanctionne cette situation. De son côté, le XV de France n'a pas véritablement été récompensé du travail de sa première ligne. Pire, l'arbitre a pénalisé les piliers tricolores quand, au contraire, il aurait du siffler la faute d'un Bok. Enfin, les espoirs français ont perdu contre l'Angleterre lors du mondial des -20ans, un match que leur mêlée aurait pu (du ?) contribuer à leur faire gagner...

De ces différents constats, il est possible de tirer, sinon des conclusions, du moins un certain nombre d'observations. Il serait présomptueux de généraliser sur le fondement de quelques exemples. Mais ceux-ci nous paraissent un peu trop fréquents et rapprochés dans le temps pour ne pas y voir autre chose que des coïncidences.

La mêlée est un argument, plus forcément un atout.

Le fameux adage "non scrum, no win" a donc du plomb dans l'aile. Les raisons sont multiples à la perte d'importance de ce secteur de jeu. La préparation physique des joueurs et la possibilité de changer les joueurs en deuxième période ne permet plus à l'équipe qui domine en mêlée d'en profiter dans le jeu courant. Les hommes du pack ne sont plus usés par l'exercice du joug.

Le nombre de mêlée n'est pas forcément moins important qu'auparavant. Mais il semblerait que les nouvelles règles qui fixent à 5 mètres derrière la mêlée la ligne de hors jeu modifient l'utilisation de celle-ci. Il ne s'agit pas d'enfoncer son adversaire mais juste de disposer d'une rampe de lancement suffisamment stable pour lancer l'attaque et profiter de la fixation de huit joueurs adverses pour développer des combinaisons offensives.

Et comme la probabilité de contester le ballon est moins forte en mêlée qu'en touche, il pourrait finalement être préférable d'avoir des avants plus adroits dans l'alignement que solides en mêlée.

Au-delà, la volonté des instances dirigeantes, d'afficher toujours plus de jeu, parait aller à l'encontre de ces phases statiques qui font perdre du temps et n'intéressent que les spécialistes.

Les arbitres du sud en question

Dans la listes matches cités plus haut, on remarque que c'est un arbitre de l'hémisphère nord, Monsieur Owens, qui a sanctionné l'Australie par deux essais de pénalité pendant que ses homologues Néo-Zélandais ont fait preuve d'un laxisme plus ou moins grand pour les mêlées dominées.

On n'ose pas dire que les sifflets kiwis ont agi par méconnaissance. Mais il y a quelque chose de troublant dans l'attitude des "referees" qui sanctionnent le pilier qui domine à la régulière son vis-à-vis. Les grands gabarits, très fréquent aux fauteuils d'orchestre dans l'hémisphère sud, sont génés par les formats européens, souvent plus petits (voir Thomas Domingo ou Jean-Baptiste Poux). Cela peut influencer le comportement d'arbitres qui peuvent considérer que les piliers Français passent sous leurs adversaires (ce qui est interdit) alors qu'ils ne font que profiter de leur centre de gravité plus bas et de leur réactivité plus grande.

En tout cas, la frustration que les joueurs du vieux continent retirent de ces joutes est évidente et, quelque part, elle les dessert comme elle dessert leur équipe.

La crainte de la perte de la mêlée  n'est peut-être qu'une vue de l'esprit. Mais de l'esprit du jeu, c'est certain.


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