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Il ne s’est rien passé à Boyardville

Publié le 15 juin 2010 par Zappeuse

Cette phrase de Marguerite Duras : « il ne s’est rien passé à Hiroshima ». Contexte différent, incomparable à une explosion nucléaire, et pourtant au week-end dernier, j’ai pensé à cette phrase en me baladant à Boyardville, le secteur de l’île d’Oléron le plus touché par la tempête Xinthia, et donc le plus concerné par les destructions autoritaires. 150 maison doivent y passer, et les récents propos des hommes qui nous gouvernent, affirmant qu’aucune destruction ne serait finalement imposée, ne sont que poudre aux yeux. Comité de défense, pétition en ligne, tout est en place pour lutter pied à pied contre des décisions arbitraires. Une bonne connaissance du terrain et surtout quelques travaux sur les digues et quelques mesures de bon sens suffiraient à permettre la totale réoccupation du site.
A part ça, il ne s’est rien passé à Boyardville, pourrait dire un badaud lambda : les pièges à touristes vendent à nouveau glaces à l’italienne et moules-frites, maillots de bain et bateaux gonflables sont aux devantures des boutiques, les bateaux promènent les vacanciers, notamment La Marcelle. Elle est très belle, La Marcelle :

Il ne s’est rien passé à Boyardville

En plus, La Marcelle, surnommée « bateau-pirate », fait le tour du fort Boyard, celui de la télé, regarde bien, regarde mieux, y’a le père Fouras qui relit Duras en haut de sa tour :

Il ne s’est rien passé à Boyardville

Au week-end dernier, les voiliers quittaient leur hivernage pour retourner dans leur milieu naturel. C’est la plaisance, c’est le pied. Ce n’est plus Duras qui écrit, c’est Renaud qui chante. A voir ce bateau proche de la jetée, j’ai pensé au film Liberté-Oléron, réalisé bien avant qu’il ne se passe quoique ce soit à Boyardville :

Il ne s’est rien passé à Boyardville

Il ne s’est rien passé à Boyardville ? c’est vrai, tout est sec, joli, joyeux, parfois même il y a du soleil alors que la météo annonçait un temps pourri. Il ne s’est rien passé ? et pourtant, dans certains jardins en contrebas de la sinistre digue, des meubles, des coussins, des jouets, des vies entières tentent de reprendre la forme et l’odeur qui étaient les leurs. On aperçoit encore, parfois, des traces d’humidité sur les murs, une ligne bien droite. Il faudrait être le roi des charognards pour prendre cela en photo et le coller dans un blog. On n’est pas des voyeurs, on a juste mal au cœur d’un tel gâchis.



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