Jeu, Set et Match. Qualifs pour le tournoi des Petits As 1996. Je me fais éliminer par un blond obèse mais qui tape très fort, que mon prof de tennis soupçonne de dopage (quand on a déjà du poil aux pattes et qu’on mouille abondamment l’arrière de son short à 11 ans, c’est qu'on met des hormones de croissance dans ses Miel Pops). Pendant que je marche penaud vers le club-house, mon adversaire, beau joueur, me lance un traditionnel :
« Tu veux quelque chose à boire ?
- Ah oui ! Je prendrais bien une canette de Liptonic », je réponds.
Je me suis à de nombreuses reprises retrouvé d’un côté ou de l’autre du Liptonic. Ce soda est à la défaite ce que le champagne est à la victoire, et les tournois poussins/benjamins/minimes de la Ligue de Côte d’Azur de Tennis (la fameuse LCAT) n’en sont pas le seul exemple : boisson de Cantona dans les moments durs, choix de sponsoring, commentaires sur les réseaux sociaux.
C’est la boisson de la lose, mais non la boisson du loser : le Liptonic rend la défaite heureuse, et ce n’est pas une boisson passive. Lorsque l’on commande un Liptonic, on fait réellement son deuil de l’échec et on affirme une personnalité d’ambition et de persévérance.
Ce constat relance donc le débat identitaire sur les sodas, à un moment trouble ou de plus en plus de personnes se tournent vers des boissons « Zéro » (sic). Lipton est même obligé d’embaucher Hugh Jackman pour participer à cette tendance, mais se sauve grâce au message « Drink Positive », qui le démarque des slogans réducteurs tendant vers 0 ou l’infini d’aspartame (théorème de Canderel). Bien entendu, Orangina est aussi une boisson qui tire son épingle du jeu, avec une campagne de pub qu’on aimera ou qu’on n’aimera pas mais qui ne laisse en général pas indifférent, avec ses boules de poil lubriques et vicieuses. Pour terminer, il convient de donner une mention spéciale à notre premier sponsor, le Fanta Chameau, cuvée 2010, mis en bouteille au château gonflable.
Un article signé Sylvain Téquel.
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