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Entre Lorgues et Flayosc se trouve l'une ces routes miraculeuses du Var qui serpentent entre rochers et forêts, où l'on traverse une petite rivière qui daigne se montrer en automne... Un paysage pour promeneurs et rêveurs que l'on croit immuable...
C'est la Route de Sauveclare.
Et puis , soudain, la route s'arrête, le paysage s'effondre, la mémoire est en déroute: tous les souvenirs disparaissent dans un chaos d'arbres enchevêtrés et le petit vallon est devenu un canon menaçant. Plus de trace d'un quelquonque chemin ou d'un pont. Comme si cela n'avait jamais existé.
Au bout de la route, la dernière écorce de goudron s'est arrachée pour mettre à nu la calade, ce sentier muletier des siècles passés. Comme si celui-ci resurgissait, ironique, pour nous mettre face à l'effacement, au temps qui passe et qui revient.
Mais aussi comme si ce petit bout d'autrefois nous délivrait un signe. Car là où les routes sont éventrées, c'est le plus souvent à l'endroit où des canalisations furent enterrées et recouvertes de sable et de tout venant quand il eût fallu consolider avec de la roche.
En ce siècle de la vitesse les choses disparaissent aussi vite qu'elles se construisent.
Catastrophe naturelle ou catastrophe humaine?