L’arbre de vie.
“Nous restons un temps infini à nous regarder les yeux dans les yeux, ce qui est une chose très pénible à faire avec sa mère. Plonger son regard dans la source de sa vie est d’une effrayante intimité. Mais je sais à présent quelle liberté elle m’offre. Je suis si seule en cet instant que mon souffle s’échappe de moi, et je me sens un peu étourdie. J’ai besoin de fermer les yeux et puis j’éprouve une sensation étrange. D’abord, je sens ma mère s’épanouir au-dessus de moi, un arbre couvert de feuilles emplissant le ciel d’obscurité, qui pousse mieux au détriment de ce qui se trouve en-dessous. Sa culpabilité a été plus grande, plus profonde, et si noire que j’ai vécu dans son ombre. Mais soudain, le soleil brille droit sur moi ; je le sens. L’éclat, la régularité, la douceur de la lumière chauffe ma peau et envahit la pièce. Quand j’ouvre les yeux, ma mère est toujours là, mais elle a cessé de me pardonner. Non, c’est moi qui lui pardonne.”
Ce qui a dévoré nos coeurs, Louise Erdrich.
Peinture, “Feeding Life Back”, de Andy Kehoe.