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Chère Rama Yade

Publié le 17 juin 2010 par Laurelen
Chère Rama Yade Chère Rama Yade. Te voilà encore une fois injustement mise en cause par les médias, toi qui es sans doute la ministre la plus intègre de l'actuel gouvernement. Jolie, intelligente, compétente, populaire, il faut bien que tes nombreux adversaires, pour te faire de l'ombre, choisissent les coups bas pour t'atteindre.
En disgrâce auprès de Nicolas Sarkozy après avoir été sa chouchou (dit-on chouchoute, au féminin ? Dans le doute, je préfère m'abstenir), on t'a reproché ton franc-parler. Et surtout d'avoir refusé de conduire une tête de liste aux régionales, comme te l'avais demandé notre président. Comme punition, tu as eu droit au secrétariat d'Etat aux sports. Le sport, tu t'y connais comme Luc Chatel s'y connaît en éducation. Ce n'est pas peu dire. Mais il n'est nul besoin d'être une poule pour apprécier l'omelette, comme disait Christophe Colomb. Et tu t'es mise à la tâche avec courage, prenant en main les dossiers les plus ardus.
L'équipe de France de foot est-elle décriée pour son jeu pitoyable, son incompétence à marquer des buts, l'arrogance de ses joueurs ? Tu voles au secours de la victoire en critiquant le coût de leur hôtel cinq étoiles en Afrique du Sud. Indécent en période de crise, dis-tu en substance. Voilà qui a du faire plaisir à Nicolas, qui, comme chacun sait, déteste le luxe et l'ostentation.
Las, tes ennemis sont partout. Et le Canard enchaîné de réveler que ton petit périple au pays de Mandela (où les Bleus t'ont fait la gueule) aura coûté 45 000 euros, dont 37 000 en billets d'avion première classe. Mieux, assure le vilain palmipède, pour ton séjour, le gouvernement a réservé deux nuits dans un hôtel cinq étoiles de Georgetown, dans une suite à 667 euros par jour, plus cinq autres chambres à 340 euros pour des membres de ton cabinet. Mais, modestement, tu as préféré dormir au consulat de France, malgré l'inconfort, le bruit, les cafards, l'insécurité, et la télé en noir et blanc. Bien sûr, il a fallu quand même régler la note, les hôteliers sud-africains étant durs en affaires... Mais il est évident qu'on aura ourdi contre toi un sombre complot visant à te discréditer, toi qui es si modeste, et si chiche avec l'argent public.
"On voit qu'on ne touche pas impunément aux intérêts financiers les plus lourds sans que l'on cherche à vous les faire payer d'une manière ou d'une autre", as-tu justement déclaré, précisant même, à l'intention des journalistes qui douteraient encore : "Vous savez que je ne suis pas connue pour les excès de quelque sorte qu'ils soient. On dit même que je m'habille bon marché et que cela se voit. Vous m'avez déjà vue dans les robes, les soirées, les machins, ce n'est pas mon genre. Quand on touche impunément à des intérêts aussi lourds, cela peut déranger". Oui, Rama, nous le savons tous. Tu t'habille aux puces, achète des vêtements bon marché, et cherche sur ebay des chaussures d'occasion pas trop usées.
Nul doute que nos élus de l'île de la Réunion vont publiquement te soutenir, eux qui sont si souvent injustement accusés d'abuser des voyages en première classe vers la métropole, et de résider dans des hôtels de luxe lors de leurs séjours, aux frais des contribuables. Alors qu'ils dorment dans les chambres mansardées d'hôtels borgnes du XXème arrondissement de Paris, et ne prennent que des billets en promotion, qu'ils paient sur leurs maigres indemnités.
Courage et patience, Rama. Laisse ces poujadistes s'acharner. L'Histoire te rendra justice. Et continue de fustiger les excès en tout genre, de tirer sur ces ambulances clinquantes que sont ces footballeurs millionnaires et blasés. Le peuple t'en saura gré.

François GILLET



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