Notre invitée pour la Journée Européenne contre l'Obésité, Carole, insistait sur la nécessité de changer le regard sur les obèses, mais s'inquiétait de voir cela rendu possible...
La Commission diligentée par le Président Nicolas Sarkozy et dirigée par Anne de Danne a justement placé au coeur du débat le respect de la personne obèse.
Après avoir remis son dossier le 15 décembre dernier, l'annonce officielle le 21 mai de la création d'une mission interministérielle nous a permis de pouvoir enfin interroger Anne de Danne, ainsi que le Professeur Arnaud Basdevant sur les objectifs visés et les moyens mis en oeuvre.
3 questions à Madame Anne de Danne
4 axes pour mieux lutter contre l'obésité
Que contenait le rapport remis le 15 décembre dernier ?
La commission a, conformément à la mission qui lui avait été fixée par le Président de la République-, après avoir établi un constat de la situation et décrit les actions en cours-, identifié 4 axes de structuration du plan :
> prévenir,
> dépister et prendre en charge,
> organiser une nouvelle gouvernance de la lutte contre l’obésité
> et développer la recherche et les connaissances sur ce qui est un véritable enjeu de santé publique.
Là aussi, et comme explicitement demandé par le Président de la République, les dimensions géographiques (inégalités régionales, DOM-TOM), et sociales (populations précaires) ont fait l’objet d’une attention toute particulière.
Pour chaque axe, la commission a formulé entre 10 et 20 propositions de mise en œuvre concrètes de ces grands axes ; l’ensemble ayant comme fil rouge le respect des personnes obèses et la recherche systématique de l’excellence évaluée
130 auditions - 80 propositions
Comment avez-vous travaillé et avec quelles instances gouvernementales depuis 5 mois ?
Pour faire son rapport, la commission a travaillé en complétant et en confrontant les études documentaires par 130 auditions de personnalités représentant tous les acteurs de l’action actuelle, et/ou les personnes concernées, directement ou pouvant l’être. Ces auditions ont été extrêmement utiles car pleines d’enseignements et de propositions qui ont nourri celles de la commission.
Ce travail a été mené par la commission de façon totalement transparente, ce qui nous a permis d’avoir des dialogues directs, francs et sortant des sentiers battus.
Depuis la remise du document au Président, a été conduit, sur chacune des 80 propositions, un travail interministériel d’expertise et de rédaction des dispositions retenues, et ce de façon à permettre à la mission interministérielle de démarrer très rapidement son travail.
Un plan multidisciplinaire et transversal
Parmi l'ensemble des propositions émises dans le rapport quelles sont les actions phares qui seront mises en oeuvre le plus rapidement ?
Le plan décidé par le Président de la république est un ensemble, global et cohérent, multidisciplinaire et transversal et cette caractéristiques est en elle-même essentielle et révélatrice de cette nouvelle ambition.
Dans ce qui est un ensemble, et qui doit le rester, je veux toutefois identifier 2 priorités, tant dans leur importance que pour leur urgence :
> la mise en œuvre de la nouvelle gouvernance interministérielle et fédératrice dont la direction sera assurée par le Pr Arnaud Basdevant d’une part,
> et d’autre part, la création d’une fondation de coopération scientifique et technique sur le modèle, qui a fait ses preuves, de la fondation Alzheimer.
Mais ces actions ne sont « que » des moyens pour une fin qui est de stopper et même de faire régresser ce fléau médical, social et sociétal, à la fois individuel et collectif, qui exige une réaction d’envergure au service d’une ambition et d’une détermination sans faille qui sont celles du Président de la République
3 questions au Professeur Arnaud Basdevant
3 volets pour la nouvelle mission interministérielle
Quelles sont les missions exactes de la mission interministérielle dont on vous a confié la charge ?
Il y a trois volets dans la mission présidentielle :
> la recherche,
> l’organisation des soins
> et la prévention.
Ces orientations ont été définies à partir des conclusions de commission animée par Mme Anne de Danne qui a mobilisé de nombreux experts et auditionné 130 professionnels du domaine de la nutrition et de la santé. L’idée directrice est de donner une impulsion au travers d’une mission interministérielle sollicitant les différents partenaires de la prévention car il est admis maintenant qu’il faut développer une stratégie préventive multisectorielle pour faire face au développement de cette maladie largement déterminée par les évolutions des modes de vie. Il faudra dans cette démarche prendre en compte deux dimensions importantes, la question des discriminations sur les quelles les associations appellent notre attention et celle des inégalités sociales.
des soins plus accessibles et plus cohérents sur l'ensemble du territoire
Quelles actions prioritaires seront mises en places immédiatement ?
Une série d’actions peut être mise en œuvre dans le domaine de l’organisation des soins. Il s’agit de rendre l‘offre de soins plus performantes, plus lisible et accessible à tous. Il y a à l’évidence beaucoup à gagner pour faciliter l’accès aux soins et leur qualité au travers d’une meilleure d’organisation territoriale. Un travail préparatoire a déjà été effectué par le Ministère de la santé dans ce domaine, il faut maintenant concrétiser. Une action clé doit être la labellisation de structures de référence pour la prise en charge en liens avec les différents acteurs de santé. Dans le domaine de la recherche, le Président souhaite qu’à travers la création d’un Fondation scientifique en charge d’impulser des programmes en sciences biologiques et en sciences humaines et sociales pour mieux identifier les origines et les conséquences de l’obésité. Enfin pour la prévention, dans le prolongement des actions du Programme National nutrition Santé, l’objectif est de faciliter l’application des mesures identifiées comme prioritaires par la commission. J’entends par facilitation le passage de l’injonction à la possibilité de suivre les recommandations dans la vie quotidienne et l’on connaît les obstacles à la mise en œuvre des conseils nutritionnels ou d’activité physique.
des moyens encore à définir
Quels sont les moyens que l'on vous a octroyés ?
Ils sont actuellement en cours de définition. Il y a les aspects matériels et organisationnels. Le fait de placer cette mission dans le cadre interministériel est évidemment un message fort. Un point important sera le lien avec le PNNS dont j’assurerai la vice-présidence.
L'impulsion de la Journée Européenne contre l'Obésité est donc donnée, reste à voir rapidement les projets se concrétiser et les différents acteurs se coordonner.