Magazine Photos

Patricia Laranco : 3 poèmes.

Par Ananda

I

Maintenant on remue des graines dans ma tête
j'y entends même parfois, mieux qu'en un kauri
le crépitement envahissant de la mer.
Maintenant mon corps métallifère
s'affaire
à piquer des barbelés sur le firmament;
quant aux papillons épinglés, ils ne sont plus
que des cousins des vampires au coeur empalé.
Le soleil est une orange qu'il faut cueillir,
une belle sanguine dont la chair
promet,
j'en rêve en mâchouillant la limaille de fer,
les tessons de verre et
les lames de rasoir.
Le dos du grand serpent de mer s'est soulevé
crevant ma poitrine, car il voulait jaillir
ce n'est rien : l'on retourne le bâton de pluie,
les grains basculent avec un bruit de raclement
qui évoque celui du papier de verre.
Les montagnes sont enceintes de leurs souris
ou - dans certains cas - de leurs attrapeurs de rê
ves.

II

GESTES

Je suis fatiguée des gestes, je me replie -

plus d'enchaînements de gestes à flanquer nausée.

J'ai la paresse des gestes, ils me coûtent un max

je préfère me mettre en boule dans mon lit,

ligoter mes membres autour de mon propre corps,

me rétracter ainsi que font

les hérissons

les gestes - à quoi bon ?

L'espace

ne s'étreint pas.




III

BACCHUS

Non, on n'écrit pas de poésie pour briller !

Non, l'on n'en écrit pas pour se faire connaître !

Ni pour séduire, attirer à soi les cheptels

admiratifs, prêts à sauter dans votre lit !

Pas plus n'en écrit-on

pour avoir

du pouvoir.

On écrit de la poésie

parce que c'est

parce que c'est là

 que cela

s'impose à vous

d'un mariage des mots et d'un esprit ouvert

qui absorbe tel un buvard tout ce qu'il sent.

Royaume du poète ? Non point les salons

où s'étalent poses creuses et compasseries

mais les fougères et le vent, où il est Bacchus

et Nymphe, où il va nicher sa sauvagerie

dans l'ombre et le mystère des fourrés divins

et dans la corolle de l'émerveillement.

C'est auprès de son arbre et sur les sentiers

qu'il est chez lui, que gambade son oeil perçant;

il se moque de l'avenir, lui, l'immergé

dans la déferlante du présent

qui le noie !

Patricia Laranco.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Ananda 2760 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog

Magazines