Govou, chèvre ou bouc-emissaire ?

 Reparlons football et composition d’équipe pour affronter l’Afsud demain. Govou, qui va signer au Pana, en dessous de tout survivra t-il au marasme au nom de son état d’esprit ? Depuis l’annonce des 23 joueurs de l’Equipe de France et l’entame des matchs de préparation, l’attaquant lyonnais, indiscutable titulaire dans l’esprit du sélectionneur, nourrit la polémique et semble même faire l’unanimité contre lui parmi les journalistes et les supporters français. Le point culminant de ce désamour a pris une nouvelle tournure depuis la débâcle mexicaine. Pourquoi tant de haine ?

La stratégie du bouc-émissaire, le plus vieux sport du monde, est sûrement un premier élément d’explication dans une période dans laquelle les résultats des bleus sont affligeants. Après un échec, il faut un coupable ou plusieurs, si Domenech ne suffit pas. La piètre qualité des matchs de Sid peut également être une autre explication… personne n’a encore vu un duel gagné par l’attaquant de l’OL en 5 matchs, c’est faible. Du coup, la titularisation de Govou « L’ambianceur » est-elle uniquement due à sa qualité de DJ (vestiaire + bus + hôtel) au sein du groupe France ?

Sidney Gouvou, titulaire, c’est effectivement une énigme du simple point de vue du Football. En reprenant les principaux faits de sa carrière, une chose est sûre : Sidney est un bon attaquant de Ligue 1 Orange qui n’a que rarement gagné le trophée « joueur du mois »…

Concernant sa titularisation systématique en Equipe de France, une rétrospective sur sa carrière internationale semble assez instructive sur la qualité de cette équipe version 2010.

Govou est enfin titulaire en Equipe de France.. enfin… à 30 ans, ce qui est plutôt surprenant pour un attaquant. Pour rappel, en 2006, le joueur, que l’on appelle pas encore Govuzella, est au top de sa carrière. Il a 27 ans, l’âge de la plénitude pour un attaquant, et sort d’une saison aboutie à l’OL. Cette année là il ne doit pourtant sa place dans les 23 français qu’à la vilaine blessure de Djibril Cissé lors du dernier match de préparation face à la Chine. Il ne fait donc pas partie au yeux du sélectionneur des 23 meilleurs joueurs français.

 Govou, signe extérieur de faiblesse 

Nous sommes en 2010, l’attaquant trentenaire sort de sa pire saison en club… et même en L1. Curieusement, c’est l’année que choisit le même sélectionneur pour en faire un titulaire indiscutable. Etonnant. Pour résumer, nous avons un joueur qui au summum de sa carrière n’est pas dans les 23 meilleurs joueurs et qui se retrouvre dans les 11 meilleurs l’année de sa pire saison.

 L’explication sur une pénurie de joueurs français dans le couloir droit en 2010 – même si c’est le poste le moins pourvu en qualité dans l’hexagone, depuis plusieurs années – ne tient pas la route car les mêmes joueurs à ce poste en 2006 (Ribery, Cissé) sont encore dans le groupe France, 4 ans plus tard. Et ce n’est pas l’absence de l’international messin Sylvain Wiltord qui justifie la place de titulaire du lyonnais. Bon, seul bémol en faveur de Govou : c’est toujours mieux que Valbuena.

 En mettant de côté l’explication liée aux choix du sélectionneur et à sa connaissance du football – faisons un petit effort à faire pour mettre ce paramètre de côté  – la présence de Sydney Govou est un signe objectif de la faiblesse des joueurs français. Si cette équipe n’a pas mieux à proposer qu’un joueur de 30 ans au crépuscule de sa carrière, cela en dit long sur la qualité des joueurs de cette équipe.

 Le sélectionneur a décidé de se passer de joueurs de qualité (Benzema, Nasri, Ben Arfa, etc) afin de préserver l’ambiance dans son groupe. Pouvait-il se payer ce luxe ? L’Argentine le peut. La France c’est moins sûr. Il a surtout par la titularisation de Govou offert aux supporters un magnifique défouloir et aux adversaires de bons indices sur le niveau de l’équipe et au prochain sélectionneur, une parfaite indication sur l’ampleur du chantier à venir. Good job.

 Julien Dreher