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Ça m’a fait peur

Publié le 22 juin 2010 par Uneblondedanslaville

Tu le sais (sans doute) j’aime bien observer les gens à l’insu de leur plein gré dès que j’en ai l’occasion (une bonne âme m’a dit un jour que c’était sans doute parce que j’avais une VDM que j’avais besoin, ainsi, de m’intéresser à celle des autres mais c’est un autre débat).

Qu’il s’agisse des terrasses des cafés (ou même des restos avec ces glorieux couples qui sont capables de tenir tout un repas sans se parler ni même se regarder) de la rue (aaaah, les jeunes gens qui se retournent sur de charmantes (ou non, d’ailleurs) créatures dans la rue en imaginant que personne ne les voient et qui se mettent à rougir violemment lorsqu’ils croisent mon regard amusé) ou le métro.

Longtemps je n’ai pas pris les transports en commun pour me déplacer, je faisais tout – ou presque – à pied.

A l’époque, ça ne me manquait pas, au contraire. Pas besoin de se taper la foule, pas de brusques pulsions violentes à l’égard de mon prochain.

Mais depuis que mon destin est intimement lié à celui de Oualter – pour l’instant quoi – j’ai repris le chemin des transports en commun.

Je suis devenue une pratiquante quotidienne de la ligne 6.

J’aime bien cette ligne au trois-quart aériennes. Ça me dépend. Et quelque part c’est un des moyens les plus sûrs de suivre l’évolution des saisons au fil de l’année quand on tourne le dos à sa fenêtre dans son bureau (c’est beau d’habiter Paris).

J’aime bien voir le soleil se lever le matin, la neige tomber en hiver, les arbres verdir au printemps, les gens flâner l’été dans les rues.

Mais je ne vais pas te causer de la pouêsie des saisons qui défilent à travers les vitres sales de la ligne 6 du métro parisien. Je te le précise parce que jusqu’ici, tu pourrais te poser la question.

Non, je vais te parler plutôt d’une scène du quotidien qui m’a grandement fascinée ce matin.

Ce matin, donc, je partais chez Oualter et confortablement calée dans mon carré de quatre avec un nouveau Roth (je fais le pari d’avoir tout lu de lui d’ici Noël sans faire d’indigestion) entre les mains.

A côté de moi, un père de famille, encore jeune semble-t-il, la quarantaine encore fringante et innocente, en costume de banquier du siècle dernier, l’air joyeux, les joues rouges de bonne santé, penché sur son enfant, son fils – légitime à n’en point douter – d’environ 12/13 ans, tripotant un I-phone

« Alors tu vois, quand tu investis en bourse… » commence-t-il.

Je souris intérieurement. Le diagnostic de la quarantaine innocente se confirme : il va se faire envoyer bouler par un fiston gêné de causer de sujets sérieux avec son père en public au pire, être traité par l’indifférence la plus totale au mieux.

Pas du tout.

Et vas-y que le mioche te pose des questions précises, techniques, sur comment qu’on fait, comment qu’on décide, comme qu’on fait une bonne affaire et comment qu’on suit tout ça et qu’est-ce qu’on fait si on fait un mauvais investissement…

Et le père comblé de répondre avec la pédagogie calme d’un prof patient.

C’est là que j’ai réalisé : Bernard Madoff a eu lui aussi un père…


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