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Crise du foot : Un mal pour un bien …

Publié le 23 juin 2010 par Jean Noël Delorme

domenech-2.jpg  Depuis près de cinq ans, qu’on nous dit que l’entraineur français est nul, les médias en rajoutant dans leur escalade, désormais habituelle, jusqu’à la veille de la coupe du monde …

Les résultats sont donc à la hauteur de l’opinion générale. Une véritable catastrophe s’est abattue sur l’équipe française et sur le monde du foot Ball !

Quelques jours avant le début de la coupe du monde, entraineur et équipe étaient à jeter aux chiens….

Notre jeune ministre, Rama Yade, s’étant laissé aller à admettre (en réponse à une question fermée) que l’hôtel luxueux qui accueillait l’équipe de France en Afrique du sud faisait « tâche » dans le climat quotidien austère des français moyens, le balancier était reparti en sens inverse, politiques de tous crins et médias (toujours les mêmes que plus tôt) ont littéralement lynché la jeune secrétaire d’état et se sont remis à encenser nos joueurs qui, de toutes façons, étaient les meilleurs du monde et … cocorico.. qu’on allait voir ce qu’on allait voir … malgré l’entraineur …

Patatras … premier match décevant et … deuxième et troisième … la cata majuscule, la déculottée !

Et le balancier est reparti dans l’autre sens… les chiens crocs étincelants sont revenus sur les plateaux télé…

La pression est remontée à son point culminant dans la cocotte…

Pression télé, pression médiatique…info, façon tabloïds oblige, la curée ou plutôt la battue aux infos croustillantes à été lancée… Une véritable chasse à courre et à l’homme a été déclenchée et, faute de pouvoir mettre des micros dans les plumards des joueurs, et du staff on a réussi à en mettre dans le sacro saint vestiaire (micro ou balance peu importe …).

Le scoop ne pouvait qu’en sortir et, profitant de la déliquescence ambiante de l’éthique journalistique, il s’est étalé à la une du plus emblématique de nos journaux sportif. Enfoncé les sulfureux tabloïds anglais … !

Qui n’a pas murmuré, dans sa barbe envers l’être cher, un ami ou l’adversité du moment, sans pour autant en penser le moindre mot : «  La G… Sale C.. Fais CH…M… etc. … Cela soulage, ne tire pas à conséquence et au pire si c’est entendu, on s’excuse ... l’autre comprend fort bien… tant que cela ne sort pas de la sphère privée … comme l’est un vestiaire…

Tout cela n’est qu’un non-évènement, monté en épingle pour raison d’audience…

Ce qui est beaucoup plus grave c’est la sanction envers le joueur assorti de déclarations fleurant bon la langue de bois et le shoot en touche des instances suprêmes du foot français.

Comment en est on arrivé là ? Comment une équipe constituée des (presque) meilleurs joueurs du monde est elle capable de se couvrir d’un tel ridicule en ne réussissant pas à faire plus de trois passe d’affilée et ne sachant plus retrouver le chemin des buts adverses ?

La réponse, bien que d’un commun désarmant est très simple : Le fric !

Nos joueurs sont tellement bons qu’ils représentent un investissement financier pharamineux pour les sponsors ; ces derniers s’ils le pouvaient les mettraient dans un coffre fort pour ne pas les abimer. Ils ne le peuvent pas, car la valeur du produit ne représenterait plus rien !

Alors les investisseurs mettent la pression sur tout le monde … les joueurs, le staff,, la fédé les politiques, les médias etc…

Et tout le monde est aux ordres car sinon plus de foot spectacle et donc plus de fric pour ce sport… etc.

On comprend le casse tête du sélectionneur lorsqu’il doit tenir compte de ce paramètre et qu’il ne peut faire autrement car il en est lui-même un pur produit.

Il n’est pas libre dans le choix de tel ou tel joueur car, lui, il doit trouver celui qui ira le mieux à tel poste et le sponsor, lui, a besoin que tel autre produit (joueur) soit mis en avant à tel poste.

Un « produit » qui ne correspond pas à la demande de la clientèle est il coupable ? Non, bien sur ; le coupable, ce n’est même pas le chef d’atelier, c’est le conseil d’administration qui, lui, a pris la décision de produire ce type de produit !

Tout ce joli monde a oublié que les dits produits sont des êtres humains ; des êtres humains protégés, pipolisés , formatés, mais fragiles par essence et donc capables de pêter un câble lorsque la pression n’est plus soutenable…

Alors, si le sélectionneur n’est pas en mesure d’imposer sa vista ; si ce n’est pas un guerrier capable de galvaniser ses troupes tout en faisant comprendre aux investisseurs que leur intérêt est de le laisser faire à sa convenance, lui et ses hommes n’ont aucune chance de réussite et tout le monde est perdant, joueurs fédération, sponsors et football…

Si on doit chercher un coupable à cette Bérézina, ce n’est pas un joueur qu’il faut punir et sacrifier en holocauste, c’est toute la structure qui est fautive !

Il est difficilement envisageable de réformer un système basé sur l’argent comme moteur du sport, sauf à en revenir à une société communiste utopique, ce qui parait tout aussi chimérique. Il faut donc bien réformer quelque chose si on ne veut pas voir les mêmes causes produire les mêmes effets.

Et que réformer ? Tout simplement les règles de fonctionnement et les objectifs de la Fédération nationale car ce sont les premiers et seuls responsables… Les joueurs n’étant que les pions (dorés certes) d’un jeu d’échec financier.

Alors, peut être, pourra t’on dire que cette crise du football français, qui s’est cristallisée en Afrique du sud, aura été un mal pour un bien …


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