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De terre et de feu, l'aventure de la céramique européenne à Limoges

Publié le 23 juin 2010 par Mpbernet

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Superbe panorama des productions européennes de céramique et plus spécialement de la porcelaine, présentées dans un cadre somptueux et une scénographie remarquables. Cette exposition vaut vraiment le détour.

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Tout d'abord, son cadre : il s'agit d'un très ancien hôpital remanié lors de la construction d'une bibliothèque, juste à droite de l'énorme Hôtel de Ville.

Ne pas manquer le jardin intérieur qui mène de la sortie du parking à la Galerie des Hospices et ses parterres de fleurs...et de tessons.

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L'exposition est disposée sur deux niveaux : au rez-de-chaussée sous les voûtes des cuisines, dont les plafonds sont en briques rouges, on découvre les filiations entre fabriques à partir de la redécouverte, au XVIIIème siècle de l'arcane de l'or blanc et au premier étage où une grande halle vous conduit selon un circuit parfaitement didactique de style en style au cours du XXème siècle, jusqu'aux recherches contemporaines.

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Cette expo est le fruit de la collaboration entre la Ville de Limoges, le musée national de la porcelaine Adrien Dubouché et la RMN, en liaison avec les membres du réseau UNIC : Urban Network for Innovation in Ceramics dans lequel se sont regroupés huit centres de production européens : Aveiro (portugal), Castellon et Séville (espagne), Cluj-Napoca (Roumanie), Delft (Pays-Bas), Faenza (Italie), Pecs (Hongrie) et Stoke-on-Trent (Grande-Bretagne), plus Icheon et Ganglin (Corée du sud) et Jingdezhen (Chine).

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Et la caractéristique de cette somptueuse présentation, c'est de pouvoir comparer les unes posées à côté des autres, des évolutions techniques et de style des différentes manufactures européennes, comme leur filiation avec les productions chinoises qui faisaient l'objet d'un trafic considérable avant la redécouverte à Meissen, sous l'impulsion d'Auguste le Fort, de la composition de la porcelaine dure. Un véritable parcours initiatique.

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Au-delà de la découverte des similitudes - les artistes créateurs de formes comme les peintres ornemanistes voyageaient à travers l'Europe au gré des débauchages de leurs employeurs successifs - c'est la grande qualité des productions limousines qui apparaît ici en pleine lumière.

J'avais déjà noté que les porcelaines de Vincennes puis Sèvres avaient plus de chic que celles de Meissen, de mon point de vue.

Là, nous avons pu percevoir combien Limoges avait une tradition de grande qualité, et on y retrouve aussi la patte d'un prince : le Comte d'Artois, futur Charles X. Ce monarque n'a pas laissé une trace particulièrement heureuse dans notre histoire nationale, du moins aura-t-il participé activement à l'expansion de l'industrie porcelainière à Limoges.

Particulièrement intéressante aussi est l'évolution des styles au cours du 20° siècle, avec la collaboration des designers mondialement célèbres comme Raymond Loewy et le facteur de développement que constitua l'expansion du trafic aérien mondial.

En porcelaine, l'art et la technique se combinent intimement. On apprend que l'apparition des figurines en biscuit (laissées en pâte parfaitement blanche, mate, et cuits deux fois) vient de la constatation que la couverte (vernis transparent) occultait les détails ultra-fins des sculptures, que les porcelaines réticulées étaient produites en intégrant des grains de riz dans la pâte, grains qui disparaissaient à la cuisson à 1200 voire 1400°, laissant place à une zone transparente.

On apprécie aussi les différences culturelles : les décors sont beaucoup plus colorés, efflorescents au Portugal, en Espagne, même à Faenza....En Europe de l'est, on travaille le grès pour produire des éléments architecturaux très résistants aux intempéries très à l'honneur à l'époque du Jugend Stil ou de la Sécession, on aime les lourds vases de style orientalisant.

Côté économie, la porcelaine est un secteur à forte main d'oeuvre, une industrie lourde réclamant des infrastructures considérables (fours, transports comme des canaux, le chemin de fer, matières premières onéreuses autant que pondéreuses) et, d'autre part, sensibles aux aléas conjoncturels comme aux caprices de la mode. Limoges, ville industrielle au passé ouvrier encore prégnant, peut être fière de ses production - souvent occultées par des objets de masse et de mauvais goût - les vraies oeuvres demeurent parmi les plus belles du monde.

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Moi qui suis fanatique de tout ce qui tourne autour des Arts de la table, j'ai déjà programmé plusieurs autres haltes à Limoges : son musée Dubouché, ainsi que des fabriques comme Coquet, Bernardaud ou Haviland.....

Le catalogue, édité par RMN, est particulièrement bien fait : il comptera dans la bibliothèque de quiconque s'intéresse à l'art de la porcelaine (35€)


Galeries des Hospices 6 rue Longequeue - 87000 LIMOGES, du mardi au dimanche de 10h. à 19h. jusqu'au 26 septembre - Entrée libre.


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