Tant d'année pour en épée,
aiguiser mon âme
en une fine lame
et faire cesser les hostilités.
Bien avant que mon Désir
se fonde en ma chair
limitée qui me dessine
et que j'y découvre
une profonde mine
de ressources à puiser.
Ma faim de loup me dévorait
de ses dents si longues
d'un avide néant
d'une béance indomptée.
Je n'étais pas nihil,
l'on a mal interprété,
simplement un peu nubile
et quelque part si sombre
l'on me disait tant révolter.
Je grattais les ombres
au creux d'invisibles beautés
afin que mes ongles
soient de lumière abîmés
plutôt que mes ténèbres
ne me les ronge angoissé.
J'étais un enfant,
qui en lui se bagarrait
pour à tout prix sauver
des prairies non piétinés :
du pain tendre et du bois,
des champs de blé, des forêts,
et des animaux sauvages
dans cette jungle en moi,
que je n'ai su de suite
apprivoiser.
J'allais tambour battant,
n'en faisant qu'a mon idée
selon mon coeur de chair
et pour qu'il ne s'abatte
mettre un cran d'arrêt
pour faire échec et mat
à trop de dureté.
J'ai parlé à tous les soldats,
au front et dans les tranchés,
de tous les enfers en moi
quand le fond fut touché,
pour dire aux esclaves et aux rois :
«plus de champ de bataille !
de tant de faux combats,
sans armée, vaille que vaille !
la seule guerre de taille,
se même au-dedans de soi.
Et j'ai cru, j'ai prié,
non pas pour mon Salut,
mais être digne
de la Noblesse d'aimer.
Madinx (Christophe Plouvin)