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De la difficulté à accepter son corps nu

Publié le 24 juin 2010 par Junkan @JunkanMood

De la difficulté à accepter son corps nu

Dans le "Marie Claire" de ce mois-ci le dossier principal parle du fait de s'aimer nue "un guide pour être en accord avec son corps". Je l'ai acheté pour cette raison parce que c'est une chose déjà d'arriver à s'aimer habillée, c'en est une autre et bien moins aisée souvent de s'aimer sans artifices aucun. Dans l'article, après nous avoir parlé de l'appel à témoins et des quelques difficultés qu'ont eues les participantes à arriver à poser nues pour le magazine, ces dernières nous font partager leur rapport avec leur corps et leur expérience du shooting photo. Pour certaines, aucun souci, elles assument leur corps, depuis qu'elles ont eu un enfant par exemple, elles se le sont bien approprié et se sentent bien dans leurs pompes. Pour d'autres, c'était un véritable défi, n'étant pas à l'aise avec elles-mêmes déjà à la base.
Les photos sont toutes très jolies, naturelles et pudiques, et je trouve ces femmes ultra courageuses.
Parce que s'il y a bien une difficulté de la vie commune à un très grand nombre de femmes, c'est bien celui là: se regarder nue dans le miroir, s'examiner de la tête au pied, et arriver à se dire "c'est mon corps, mes formes, inexistantes ou prédominantes, mes cicatrices, ma cellulite ou ma peau lisse, ma poitrine, petite ou imposante, ma taille marquée ou mes bourrelets qui prennent leurs quartiers, mon visage, son nez au milieu, et tout cet ensemble, je l'accepte, je l'aime et je suis bien avec."
Atteindre son idéal

D'après moi, ce qui nous donne le plus de difficulté à nous accepter telles que nous sommes, ce sont les modèles que l'on peut avoir, le but à atteindre: célébrités, connaissances, couvertures de magazine. Nous avons toutes en tête le corps d'une femme, que nous trouvons parfaite, et à qui nous voudrions ressembler. Bien sûr, on sait bien que sur la plupart des photos dénudées, ou pas, les retouches sont là, pour effacer une peau d'orange, pour remonter des fesses, affiner une taille. Mais on se dit surtout que la bonne base est là: on les voit aussi se mouvoir ces femmes, preuve que même au naturel, sans retouche, on le voudrait leur corps. Je trouve extrèmement difficile d'arriver à s'aimer tant que l'on a pas atteint cet idéal. Mais si c'est mon corps, ne devrais-je pourtant pas arriver à l'aimer pour cet unicité et non pas seulement quand il ressemblera à celui d'une autre?


Le regard de l'autre

Se regarder nue dans le miroir n'est déjà pas toujours évident, mais se montrer à l'autre peut devenir plus qu'une épreuve. Tout d'abord l'être aimé, dont on a peur du jugement une fois tous les vêtements, qu'on aura pris soin de choisir afin qu'ils mettent en valeur nos qualités et cachent nos défauts, seront partis. Alors oui, on sait, les hommes ne cessent de le répèter, que notre corps ils l'aiment comme il est, mais certaines choses nous font penser qu'ils l'aimeraient encore plus s'il était mieux. Et à l'inverse, il paraît qu'une femme qui s'assume, quelles que soient ses formes, est toujours plus belle qu'une autre aux mensurations parfaites qui n'est pas satisfaite.Et puis le regard de tous les autres, à la piscine, à la plage, lorsque seuls quelques morceaux de tissus cachent notre intimité mais que tout le reste est exposé. Et si, alors que je commence à m'apprécier, je croisais un regard moqueur, ou dégoûté? Et si ce beau garçon là-bas, regardait plus mon amie que moi?Si on est plus belle aux yeux des autres lorsque l'on s'assume, parce qu'on rayonne et qu'on a pas ce sentiment de honte et de gêne qui nous traverse le corps, pourquoi est-ce difficile de prendre ce parti et d'affronter ces regards?
Sa propre vision

On aurait tendance à croire que les femmes qui correspondent aux canons de beauté de notre époque se sentent forcément bien dans leur corps, et que celles qui en sont loin sont forcément ultra-complexées. Et pourtant, au cours de mes relations, j'ai pu croiser des filles que je trouve personnellement sublimes, qui n'auraient rien à changer, que j'envie même, mais qui ne sont pas bien dans leur peau, qui voudraient changer plein de choses, qui ne sont jamais satisfaites d'elles-même malgré tous les efforts déjà accomplis. Et j'en ai vu d'autres, totalement éloignées de ces critères de beauté, maigres ou rondes, qui ne changeraient pour rien au monde le corps que la vie leur a offert. Elles ont réussi à se l'approprier, et quand on aurait envie de leur dire qu'il serait bien de prendre ou de perdre quelques kilos, elles ont l'air d'absolument pas s'en inquièter, pas plus que des éventuelles reflexions qu'elles prennent à la dérision. En dehors des modèles pré-établis par la société, se sentir bien dans son corps ne serait donc pas seulement une question de physique?

De la difficulté à accepter son corps nu

Lucky girls

Au final, je me demande après tout ça ce qui fait qu'on se sente bien en tant que soi-même: est-ce quelque chose d'inné, ou peut-on, avec un élément déclencheur, un jour réussir à se poser devant son miroir, nue, et sourire en se disant qu'on a la chance de comprendre enfin que ce corps dans lequel on est, est bien le notre et qu'on ne voudrait plus le changer?
Je suis toujours très admirative des filles qui s'assument totalement, que ça me semble "normal" parce qu'elles ont des corps qui collent aux normes contemporaines, ou qu'elles soient au-dessus ou au-dessous de ces normes. Je trouve même ces dernières d'autant plus impressionnantes qu'elles doivent arriver à passer au dessus de l'avis des gens. J'espère que ces femmes réalisent la chance qu'elles ont d'avoir réussi à ne faire qu'une avec leur corps.
Pendant des années, j'ai cru que c'était le regard extérieur qui pouvait dire avec objectivité si une personne avait un beau corps ou non. J'ai compris ces dernières années en grandissant que non. Parce que j'ai rencontré des personnes qui ont fait des efforts incroyables pour ressembler à ce qui est censé être le plus beau, et s'en sentir mal une fois ce but atteint: ce corps n'était plus le leur.
Est-ce que s'aimer nue, ce ne serait pas aussi réussir à convaincre les autres qu'on est la seule personne au monde à savoir quelle est le bon corps pour nous, tout en arrivant à se défaire des modèles imposés pour trouver l'idéal qui nous correspond vraiment, quitte à se tromper parfois?
xx


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