Magazine Bien-être

Le dernier voyage

Publié le 24 juin 2010 par Do22

Récit de mon expérience d'accompagnement d'une personne mourante dans la Lumière.
J'ai écrit ce texte à mon conjoint d'alors après avoir accompagné son père dans le voyage vers l'Au-Delà.

7 février 1999
 
Un message sur le répondeur à la maison m'annonce, à mon arrivée, que tu es parti chez tes parents car ton père ne va pas bien. Son cancer avance à grand pas et nous ne savons pas pour quand sera son dernier voyage.

Tu passeras la soirée là puis tu m'appelleras de la voiture pour me dire que papy est dans l'ambulance en direction de l'hôpital, il ne va pas bien du tout. Il est 21h30.

Ton jeune fils est justement en train de se coucher. Je raccroche le téléphone et lui dis simplement «Papa va à l'hôpital. Papy ne va pas bien et ils l'ont ramené là». Je vois sa petite frimousse se crisper, des larmes couler mais, en même temps, il fait le grand et parle d'autre chose. Il se cache le nez sous la couverture puis réapparait en rigolant et parlant d'un jeu ou d'une activité. Je lui parle un peu de papy, l'embrasse puis ferme la lumière et vais regarder un film en espérant ton arrivée bientôt. Au fond de moi, je sais déjà....

À 23h, je me couche mais n'arrive pas à trouver le sommeil... 

A 2h du matin, ton appel me réveille, je m'étais finalement assoupie. Papy est en «code prioritaire», on se sait pas s'il passera la nuit.

Je ne retrouve cette fois pas le sommeil et tourne dans mon lit, finis par me lever et aller manger une tartine à la  confiture. Je me recouche à 3h35... et c'est là que va commencer une expérience extraordinaire que je n'avais jamais vécue.

Papy, je ne le connaissais que très peu mais sentais bien des choses de lui. Juste après son opération, lorsqu'il est rentré à la maison, deux semaines plus tôt, j'avais passé de longs moments, deux soirs de suite, à lui «parler» à travers l'invisible. Nous avions des discussions de lumière... pour apprendre qu'il allait mieux le lendemain. J'avais eu avec lui une connection d'âmes.

Puisque je n'avais pas eu l'occasion de lui parler de son vivant, j'avais «demandé» à pouvoir néanmoins être avec lui dans ce dernier voyage. Ces deux conversations «extra-terrestres», où je lui parlais du voyage qu'il allait faire le jour où il nous quitterait, m'avaient confirmé que j'avais avec lui une connection simple et vraie, au-delà du monde physique.

Lorsque je me suis recouchée, à 3h35, j'ai commencé à sentir un serrement dans ma poirtine qui ne m'a lâchée qu'au dénouement de cette expérience. J'ai commencé à être connectée avec papy de façon de plus en plus claire, à lui parler, à essayer de l'apaiser : je sentais toute sa peur de partir, de la panique par bouts, de la tristesse infinie aussi.

Un moment donné, quelque chose de très subtil  se passa et je vis papy dans l'entre-deux mondes. Il ne savait que faire, paniqué, angoissé, apeuré. Il voyait la lumière toute proche. J'ai continué à lui parler et à lui dire que, s'il restait dans cet entre-deux mondes, il ne pourrait aider les siens avec tout l'amour qu'il a, pas les aider du moins d'une façon pure et uniquement d'Amour.

Je l'ai encouragé à continuer son ascension, à regarder la lumière et à ne pas en avoir peur, à y goûter, à la sentir. Je l'ai vu alors comme un oiseau encore jeune qui s'envole de son nid pour la première fois... en gardant les pattes sur le bord du nid et en sentant le vent dans les ailes mais sans oser se lancer complètement. Il venait de sentir cet Amour infini de pureté que la Lumière diffuse et envahit. De corps, il devenait une âme.....

mario-duguay.jpg
Il a commencé à monter. Je voyais son visage dans la lumière, la joie et la sérénité l'habiter de plus en plus. Il était heureux et me le disait  «C'est EXTRAORDINAIRE !!!». Je continuais à l'encourager à s'envoler complètement. Je le sentais de plus en plus heureux. Calme et serein, il n'était plus qu'une âme de lumière, d'Amour infini.

C'est alors que nous avons commencé à parler ensemble.

Je lui ai demandé d'être avec tous les gens qu'il aime et qui allaient avoir besoin d'aide, de ta mère, ton frère et toi surtout. Il m'a dit qu'il le serait comme il l'avait toujours été et encore plus.

Je lui ai demandé de prendre soin de toi pour que tu trouves le chemin de ton coeur et de l'Amour tel que tu le recherches. Je lui ai aussi demandé de faire en sorte que notre relation à nous deux s'arrange, de quelque façon que ce soit, que nous arrêtions de nous faire du mal à travers notre amour auquel nous n'arrivions pas à nous ouvrir, à cause de nos blessures du passé, amour qui est pourtant bien présent. Il m'a dit qu'il voulait effectivement s'en occuper maintenant qu'il était là alors que, de son vivant, il sentait qu'il ne pouvait rien faire.

Et puis il m'a dit «Je t'aime». Je voyais dans son visage tout l'amour infini d'un être qui m'aime vraiment. J'ai senti cette phrase me toucher profondément comme cela me touchait quand tu me le disais tout au début de notre relation, comme ça touche quand on sent vraiment que l'autre nous aime. Je me suis mise à pleurer, l'émotion était trop forte. «Je t'aime aussi papy». Les larmes roulaient sur mes joues. Je ne m'étais pas attendue à ce qu'il me dise ça du tout... et surtout à ressentir ces mots si profondément vrais en moi. Je sentais qu'il me prenait dans ses bras et me serrait tendrement. Je pleurais de recevoir tellement de chaleur et d'amour...

Nous avons continué à converser de choses de la vie, de moi, de toi et de la famille, mais je ne me souviens plus exactement quoi.

Combien de temps cela a duré, je ne saurais le dire. À travers toute cette discussion,  j'ai continué à le voir monter dans la lumière, à être si bien. J'ai ensuite senti, un moment donné, comme un expir profond. La douleur dans ma poitrine a disparu spontanément, d'un coup. J'ai été libérée de cette douleur et me suis demandée s'il avait quitté son corps puisque je ne le sentais plus physiquement.

- Tu es bien papy ? lui ai-je demandé.

- Oh oui, tellement bien, Do !

Je suis restée encore un peu avec lui puis lui ai demandé :

- Je peux me rendormir là papy, tu es bien ?

Il était 4h30 environ.

- Oui rendors-toi, je suis très bien maintenant...

J'aurais aimé être avec lui.

Seule dans ta chambre, je venais de vivre une expérience hors du commun d'accompagner une personne dans la lumière et de savoir combien il était heureux là-bas. Je me sentais très seule mais contente d'avoir vécu ce moment extraordinaire avec papy. Je savais aussi que j'étais toujours «différente» des autres humains et que cette expérience n'allait pas me rendre plus terrestre... au contraire mais j'en étais profondément heureuse.

Le téléphone a sonné à 5h30, je m'étais assoupie...

Tu m'as dit «C'est terminé».

Dominique Jeanneret
Tous droits réservés

.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Do22 803240 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte