Les remous à France inter, la bronca anti Hess et Val invitent une nouvelle fois à jeter un regard sur l'étrange gestion des ressources humaines que pratique Nicolas Sarkozy puisque c'est, une nouvelle fois de lui qu'il s'agit (il a nommé les dirigeants de la radio publique).
Cette gestion me parait marquée de deux traits contradictoires et insolites :
- une certaine faiblesse à l'égard de ses collaborateurs et notamment de ses ministres qu'il conserve même lorsqu'ils dérapent ou prennent des positions qui vont à l'encontre de la sienne. Le cas de Rama Yade est dans tous les esprits, mais on pense aussi bien à Rachida Dati qu'il a conservée à son poste bien au delà du raisonnable et à quelques autres dont Hortefeux : conserver un ministre de l'intérieur condamné pour racisme n'est-ce pas se mettre dans le cas de voir un policier raciste tirer argument des propos de son ministre pour se justifier? Tout se passe comme s'il avait du mal à licencier, à rompre (une faiblesse que l'on retrouve chez nombre de chefs d'entreprise), et lorsqu'il s'y résigne enfin, il fait tout pour que ses victimes ne lui en veuillent pas trop (les cas tout récents de Boutin et Darcos sont, de ce point de vue, exemplaire).
- un goût particulier pour les traitres, les renégats (ou, si l'on préfère un vocabulaire moins brutal, ceux qui tournent leur veste) de Besson à Val (qui a dirigé un journal satirique plus proche de l'extrême-gauche de l'UMP) en passant par Kouchner auxquels on peut confier les tâches les plus difficiles sachant qu'ils ne peuvent refuser et qu'ils mèneront leur mission avec d'autant plus d'énergie qu'ils ont brûlé tous leurs vaisseaux et n'ont à attendre aucune complaisance de personne, ni de leurs anciens amis ni de leurs nouveaux collègues qui les méprisent et leur reprochent d'occuper des places qu'ils auraient aimé garder.
Tout cela fait un étrange mélange de sentimentalisme et d'habileté tactique que l'on ne trouvait pas chez ses prédécesseurs qui avaient d'autres défauts : Mitterrand s'entourait d'intellectuels à la Debray qui n'hésitaient pas, une fois quittés les palais de la République, à le démolir, Chirac faisait peut-être un peu trop confiance à ses amis de trente ans…