On ne critique pas son patron n'importe comment.
Il n'y a qu'a voir ce qui vient de se passer avec le Général McChrystal aux USA. Celui-ci qui ayant donné un avis négatif sur la façon dont Obama gérait la guerre en Afghanistan, vient d' être remercié par le Commander in chief.
Il a en effet brisé quelques règles de base:
- Il a fait une critique publique , en l'occurence dans un journal , le Rolling Stone magazine.
- Il n'a pas choisi le bon moment: le président Obama se débat avec la crise BP
- Il n'a peut être pas évalué le degré d'acceptation de son patron en matière de critique
- Il aurait gagné à être plus objectif ou en tout cas plus constructif ou apporteur de solutions.
La seule chose que le général était prêt à faire c'était probablement d'être limogé.Sinon il aurait mis de son côté toutes les chances pour mieux communiquer avec son supérieur hiérarchique.
Parce qu'en effet quand on critique, il s'agit bien de savoir donner un feedback difficile sur une situation particulière. Avec votre patron vous communiquez au quotidien pour reformuler les intructions qu'il vous donne, brainstormer, parvenir à un consensus, faire un point sur l'avancement d'un dossier. Simplement, vous n'êtes pas habitué à donner un feddback direct sauf peut être dans le cadre d'un 360°.Or celui-ci à le confort d'être anonyme.
Que faire quand il s'agit de faire une critique en face à face à son boss?
Souvenez-vous de la règle d'or :" être traité comme vous souhaiteriez que l'on vous traite"
Comment vivez- vous vous-même la critique quand vous y êtes exposé? Quelles précautions souhaiteriez-vous que l'on prenne avant de vous faire un feedback? Quels bénéfices pour vous? Car pour être franc, les bénéfices ne seront que pour vous. Ces questions essentielles vous aideront à mieux comprendre votre attitude par rapport à la critique et les freins que vous auriez , si vous deviez vous même critiquer.
Simplement cela ne suffit pas.Voilà pourquoi, en lieu et place de la règle d'or je vous invite à préferer la règle de Platine: " Traitez les autres comme ils souhaiteraient être traités".
Cela suppose qu'il faut savoir détecter et comprendre les styles de communication des uns et des autres et de s'y adapter. Qu'est ce qui importe prioritairement à votre patron? Les résultats, les gens, les procédures, les progrès? Quel est son style de leadership? Est-il disponible pour aborder et discuter en ce moment?
Selon le niveau de vos responsabilités, il est possible que vous ayez à faire un feedback négatif à votre supérieur hiérarchique un de ces jours .Plus vous êtes haut dans la hiérarchie et plus vous aurez à confronter vos points de vue avec votre N+1. En particulier si vous pensez qu'une décision cruciale aurait due être prise différemment ou si vous avez détecté un comportement récurrent qui est contreproductif. Il faut se décider à en parler car plus on attend , plus cela deveient difficile à aborder. Ainsi, je vous inviterais à suivre les recommandations suivantes:
- Choisissez la bonne vague. Toute critique n'est pas forcément porteuse. Et toute bataille n'est pas obligée d'être engagée.Ce que vous allez faire va nécessiter de l'énergie et de la conviction. En avez-vous? Et si vous en avez,n' y en a-t-il pas un usage plus porteur?
- Que souhaitez-vous accomplir en confrontant votre boss? Quelles sont vos motivations profondes.Avez-vous simplement envie d'avoir raison? Voulez-vous protéger votre job ? Voulez-vous paraître bien ?Qu'y a-t-il de positif pour vous dans cette démarche? Pour lui? Pour l'entreprise?
- Etes-vous sur le sentier de la guerre ou en maîtrise de toutes vos émotions? Avez-vous assez d'assertivité pour défendre vos intérêts et votre point de vue sans agressivité et avec des arguments qui font mouche parce que bénéficiant à l'entreprise et à votre boss?
- Demandez- vous ce que vous souhaitez idéalement en finalité. Ceci devient votre objectif. Posez- vous la question de la baguette magique " si j'avais une baguette magique qu'est ce que je souhaiterais se voir accomplir?" ensuite faites ce que j'appelle le reality check " qu'est ce qui est raisonnable même si cela me plaît moins ?". Avec cette dernière question vous revenez dans le vrai monde et vous approchez le bon compromis à atteindre.
- Analysez les conséquences possibles de la confrontation avec votre supérieur hiérarchique et préparez- vous aux conséquences positives ou négatives.
- Prenez un avis extérieur si vous en avez besoin, cela vous aidera à prendre du recul.
- Choisissez le bon moment. ni precipitation , ni lenteur, juste le moment adéquat.
- En face à face, évitez le scénario " vous avez fait ceci" qui est toujours perçu comme accusateur.Il indique surtout que vous êtes encore sous l'emprise de vos émotions et que vous risquez 1/ de ne pas être entendu 2/ de ne pas avoir d'issue favorable.
- Posez-lui plutôt des questions sur les motivations qui l'ont guidé, parlez des interprétations possibles, des résultats possibles et de leurs conséquences.Montrez ce qu'il y a à gagner.
On peut être en désaccord avec son boss. Mais tant que vous travaillez pour lui, il reste le patron.Et mérite le respect qui va avec cette position.Si vous ne le respectez plus, en lieu et place de l'insubordination ou du mépris, il y a toujours la possibilité de partir, de démissionner. Proprement. L'actualité avec le général McChrystal et les Bleus nous le rappelle.
A vous de voir!
Véronique Aboghé de CoachingLeader le blog
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