Magazine Journal intime

Paroles d'une mutilée

Par Kasey

Automutilation 

Partie 1

* c'est le cinquième brouillon que j'écris sur le sujet. Je ne parviens pas à trouver le ton juste *

* dur, dur *

     Toute la question est de savoir si on se fait du bien... ou du mal.

 

     Toute la question est de savoir pourquoi on veut en parler, aujourd'hui ? Et pourquoi avant on ne l'a pas fait  ?

En fait, y a quelques mois, j'ai appris qu'une élève de l'école de kiné, en première année se mutilait. Je connaissais déjà une étudiante kiné qui se mutilait autrefois, j'avais reconnu les cicatrices caractéristiques ( traits perpendiculaires à l'axe osseux, blanc, sur le membre opposé à celui qui domine ). Mais entendre parler de cette première année en terme peu élogieux, comme quoi elle était cinglée parce qu'elle se mutilait. Ca m'a fait bizarre. Parce que j'avais envie de leur dire, qu'elle n'était pas folle, pour cela.

Et qu'en plus, ca ne devait pas être facile pour elle de le vivre au quotidien en kiné. Surtout en première année ou au moins 4 heures par jour on est en maillot de bain deux pièces ou en sous vêtements ( quand on décide de ne pas respecter le règlement de l'école ^^ ).

A mon entrée en kiné, je m'étais dit que je ne retoucherai plus jamais une lame. J'étais parvenu à me sevrer juste avant mes concours de médecine parce que moralement, je ne voulais pas passer mes concours sous l'effet des endorphines. Même si biologiquement, cela aurait été impossible... Dans ma tête, il était indispensable, que je sois clean pour mériter les résultats que j'obtiendrais en médecine.

Toutefois, je crois qu'au début de la première année de kiné, j'ai eu peur qu'on me pose des questions sur mes marques. En fait, je crois que c'est la question que je me pose avant chaque rencart avant d'admettre que je m'en fous puisque ca ne se voit jamais, qu'aucun homme ne me posera de questions, parce que comme les secrets les cicatrices n'existent pas quand la personne n'existe pas elle même. 

Parfois, je tombe dessus, comme surprise, d'en voir les tracés, je regarde les lignes blanches que je connais par coeur, comme chaque recoin de mon corps. Je connais chaque marque, chaque histoire. J'ignore si les autres personnes gardent aussi bien la mémoire des cicatrices. Les miennes, je les accepte, parce qu'elles sont de moi. Si on devait m'en faire comme j'en vois sur certains patients par des mains étrangères, je ne le supporterais pas, même sous le prétexte de me sauver la vie. Je me trouverais " défigurée ", "laide"... même si ce n'est pas ce que je pense de mes dits patients.

Alors que celles que je porte, sont les miennes, à moi, faites par moi. On ne se renie pas soi même.

Quand j'ai replongé quelques mois après mon agression, j'ai eu peur plus d'une fois d'avoir un prof qui me prenne en aparté. Et j'ai été contente finalement, que ce ne soit pas le cas, que l'on soit suffisamment anonyme, ou adulte... j'ignore lequel de ces adjectifs convient le mieux, pour ne pas attirer suffisamment l'attention. Et puis, les gens ne pensent pas à cela. Ils pensent à ton " chat ". Le mien est apparemment très féroce ( je vous rassure, elle est tout à fait gentille ^^ et je connais pas plus docile, doux et adorable comme animal de compagnie ^^ ). 

Une seule étudiante en kiné m'a posée des questions, et le naturel revient assez vite au galop. On en rit, on dédramatise. J'avoue que j'en parle rarement sérieusement. Je préfère en rires en disant " je suis cinglée " parce que ca permet de mettre de la distance. Etre sérieux c'est admettre qu'on ne va pas toujours bien, ou qu'on a besoin de quelque chose, et qu'on utilise des moyens peu orthodoxes pour l'obtenir. Et comme j'ai un orgueil démesuré, je suis rarement sérieuse... pour ce qui est de mes faiblesses.

Du coup, mon agression a eu lieu juste quelques jours avant la rentrée en K1² sur le chemin de retour de l'école... Même si auj, cela m'apparait comme dérisoire, sur le moment à l'époque, ca m'a affectée suffisamment pour avouer au flic qui a pris ma déposition que je voulais m'enfoncer un couteau dans la cuisse plutôt que de... bref, c'est ce qui résume le mieux les automutilations " la spontanéité " " l'impulsion " " l'envie ".

On ne réfléchit pas, on agit. Parce que ca devient comme " vital ", comme " nécessaire " pour aller mieux.

Ce jour là, ne pas replonger a été une épreuve presque physique... et j'ai osé en parler après... sérieusement. Aux gens qui comptent et ont une belle image de moi. Pas pour rires comme j'ai pu le faire par le passé. Mais sérieusement, pour dire, que... on vit avec cette pulsion. On ne peut pas s'en défaire. On sait qu'elle sera toujours là. Avec le temps, on apprend seulement qu'elle n'est pas nécessaire à notre survie. Qu'elle indique seulement que les gens n'ont pas tout à fait tort quand ils disent de vous que vous n'êtes pas normale.

En kiné, ca a du m'arriver deux ou trois fois, de devoir respecter les consignes d'hygiène ( comme toujours ) et de m'en mordre les doigts, parce que l'angiogel ca ne pardonne pas sur les plaies ! Ca m'a rappelée un stage d'archéologie où après une chute en forêt, on devait nettoyer des poteries trouver sur des sites avec de l'acétone... je vous laisse imaginer combien ca peut déchirer !!!

Bref, les automutilations, c'est quelque chose de visible chez les jeunes filles notamment et très reconnaissable. Deux de mes amies en ont fait parti et malheureusement pour elles, elles vivent mal le fait d'avoir encore des marques plusieurs années plus tard. Alors qu'en général, je le vis plutôt bien de mon côté, puisque personne ne semble en faire état. 

A l'époque, plus jeune, j'ai voulu aider les parents de mutilée, à sortir leurs enfants de là. Parce que je ne souhaitais pas que mes parents apprennent que leur fille se faisait du mal/bien. Ayant grandi dans une famille de cadres, bien comme il faut, où la peur la plus grande était que leurs enfants deviennent toxico, anorexique, ou boulimique... voire alcoolique. Difficile de leur expliquer que leur gosse à choisi de se faire du mal pour aller mieux. Et les parents d'enfants comme cela, y en avait beaucoup sur le net. Ils me rendaient tristes par leur détresse, par leur réaction, parfois disproportionnées et inadaptées. 

On parlait peu d'automutilation à ce moment là, mais quand Amy W. la chanteuse a avoué se scarifier tout de suite ca a fait émulte. Et la scarification a pris des allures de toxico, démoniaque, personne obsédée par la mort, les vampires, ou que sais je encore comme inepsie. 

Tout ce qui a trait au sang a toujours eu une mauvaise connotation.

Probablement parce que le sang véhicule beaucoup de maladies, d'infections, de symbole de vie et de mort, qui font que se mutiler n'est probablement pas dans la conscience collective un acte anodin.

Allez plus loin :

* Film Thirteen : un très beau film remarquablement bien jouée sur la jeunesse adolescente telle que je la vois de l'époque actuelle où chacun veut être intégré et adopte donc le look adéquate... 

* Life ! : le manga et le film sont remarquables par leur intensité. J'ai adoré le drama probablement parce que y a pas beaucoup de sang. J'ai toujours du mal à ne pas avoir mal pour la personne se faisant du mal... 

* Nana : le célèbre manga reprend le thème de l'automutilation avec la petite star qui tente de percer comme mannequin. Les images sont fortes. Et les mots justes.

* Assez récemment, j'avais lu un livre romancé en parlant avec justesse... Mais je suis navrée, j'ai oublié le titre. 

* Film Dears Friend :

 C'est l'histoire de Rina ( ri = raison na = prénom ) une jeune fille de 17 ans, très très belle, à la page, qui est très prétentieuse, qui se sert de ses amis... Une garce. Pourtant, quand elle s'évanouit sur la piste de danse, et qu'elle atérit à l'hopital, on prend conscience qu'elle a un coeur, bien avant qu'elle ne soit déclarée malade. Sa relation avec Kanae qui veut une " onesan " ( grande soeur ) c'est si touchant, si beau... Tu regardes... Et tu reste émue. Et arrive Maki, qui tous les jours, tente de venir à bout de la méchanceté et de l'ingratitude de Rina, allant jusqu'à lui sauver trois fois la vie dans le film, et lui insufflant une raison de vivre. Les scènes sont marquantes, poignantes. Les actrices jouant très très bien, que le film parait réalité. On y parle de l'automutilation, du cancer du sein, de la myopathie ( ? en tout cas, ca s'en rapproche ), de la perte des cheveux, de faire l'amour avec un homme après, de se donner une raison de vivre pour quoi, pour qui ? C'est magnifique comme histoire.

   C'est sublime.

* Trauma de Jeff Albott

* La ballade de l'impossible de Haruki Murakami

* " les blessures autoinfligées à l'adolescence : une rencontre du corporel et de l'inconscient " de Marion Haza, psychologue clinicienne, pour Psycho Média magazine décembre 2008 numéro 19 p14-17 lien

    

L'avantage de ces textes est qu'ils abordent par images ou mots avec assez de justesse ce que c'est que l'automutilation. Même si tout un chacun a sa définition.

Trois blogs à lire :

* http://lancien.cowblog.fr/ 

Comme toujours je mets le lien de mon ami JP. Que vous soyez parent, enfant, adulte... si vous êtes en difficulté, allez le voir. Je l'ai rencontré en surfant sur la toile et j'ai adoré discuté avec lui, cet " ancètre " connait plein de choses sur la vie, les gens, la science... et il consacre sa retraite à aider des jeunes par mails, blogs, ou via des associations auquelles il participe. C'est quelqu'un de sérieux et je me fais garant de sa personne. Rires. Non, vraiment, je l'ai souvent recommandé à des jeunes que je ne pouvais aider, ou à des gens qui pouvaient avoir besoin de quelqu'un qui puisse analyser froidement leur situation en posant les bonnes questions. Un homme comme lui, c'est rare.

*http://forsaken-flower.over-blog.fr/article-automutilation-52602253.html

Personnellement, je ne recommanderai pas les sites que j'ai visité quand j'ai voulu m'en sortir seule... car certaines images sur lesquelles on tombe sont insoutenables. Et font mal... à l'âme. On va dire. Bref, je pense qu'une personne qui s'intéresse à l'automutilation a intéret à ne pas avoir de préjugés et à avoir un moral d'acier. ^^ 

* doctissimo.fr 

Il doit y avoir plusieurs discussions auquelles j'ai participé à l'époque sous un pseudonyme... Pas tant pour ce que j'ai écris, que pour l'ensemble des paroles des parents, enfants, je pense que les liens du forum sont intéressants. Pour comprendre, voir ce que c'est... et arrêter de juger.

Kath.


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