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La marelle

Par Arielle

Mardi soir, avait lieu la remise des prix du concours Philippe Delerm 2010. Je n'ai pas été primée mais j'ai eu le bonheur d'apprendre que, ainsi que plusieurs membres des Mots Migrateurs, dont Marie Laure Bigand, Brigitte Lécuyer, V. Gabralga, Sylvie Sailly, Béatrice Bastiani-Helbig, Florence Foucart et moi même, avons été sélectionnés pour que nos textes respectifs paraissent dans le livre regroupant les 50 nouvelles préférées du jury, aux éditions du Valhermeil. Voici donc ci dessous "la marelle", que j'ai écrit comme si j'y étais !

delerm 2010

La marelle
Au fond de ma poche, ciel  ! Traînent inlassablement, un morceau de craie et un galet : tendres souvenirs d’enfance. J’avais appris de ma grand-mère maternelle et lors de vacances dans les Pyrénées orientales, que le dessin peut mener loin, qu’un tracé banal peut nous envoyer au firmament, que je pouvais m’approprier une ligne, si imparfaite soit-elle, me plonger dedans, chercher l’équilibre tout en m’amusant. Magie des délices de la créativité, bonheurs du cloche-pied, gagner la vie éternelle. Je ne jouais pas au papa et à la maman ni à la poupée, non, j’avais besoin d’espace, de sentir la terre sous mes pieds, de démarrer la journée en toute stabilité sur ce pavé si bien croqué où, après avoir visé malicieusement le chiffre qui semblait me parler, tel un athlète, j’avais lancé mon palet.

Terre ! Me voici bien arrimée, bien concentrée, vais-je parvenir à sauter tous les obstacles, sans tricherie, d’un trait et sur une seule jambe ? Je me risquais à quelques défis : à savoir gravir un à un tous les échelons de la vie, arriver coûte que coûte au suprême, Ah ! Epater toute la galerie. J’étais d’une grande sévérité envers moi-même, je m’interdisais toute faiblesse. Je luttais tel un guerrier, je m’inventais des stratégies pour ne pas vaciller. A l’ère du moyen âge, on m’aurait brûlée vive, je serais tombée dans les enfers. Mon âme à la case sept, aurait été en perdition. Vite, je passais au huit et hop ! Pas cloche.

Le

six était un tremplin, il fallait être maline, dépasser cette épreuve afin de ne pas être sacrifiée. Le choix d’un souffle profond s’imposait. Courage et volonté : gagné !

Au

quatre, j’entonnais un quatrain, je venais de découvrir que la marelle est en forme de croix. Je comprenais mieux pourquoi je ne devais pas faillir. Le but était d’atteindre le paradis tout là haut, et si je fautais, il me faudrait passer par le sacré purgatoire. Jeu innocent ? Idem que les fables de Jean De La Fontaine, le message était profond ! Le secret était de lire entre les lignes, de décoder toute parabole afin d’en saisir la teneur et faire fonctionner nos cinq sens. Touchée !

Ma réflexion débouchait sur un mouvement valeureux. Je regagnais des forces, je volais, je me sentais pousser des ailes.

Trois anges m’escortaient : le Père, le Fils et le Saint Esprit. Sur un pas de deux, dotée alors d’une foi miraculeuse qui me transportait gracieusement vers le zénith, je provoquais par une grimace des plus arrogantes, ma rivale de toujours, j’ai nommé l’élégante Martine, championne en titre de notre art. Pas Chiche ! Mon corps et mon âme étaient en parfaite osmose. J’orientais mon regard vers des horizons lointains, j’entamais une virée astrale. C’était le savant début d’une ascension, d’un chemin de croix, d’une partie joyeuse.


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