C’est une première en Belgique et peut-être même en Europe : la Justice a pris à bras le corps le scandale des abus sexuels commis dans le clergé catholique en visant sans ménagement le haut de la hiérarchie épiscopale.
Faits sans précédents, des perquisitions ont été menées par la police judiciaire à la fois au domicile privé de l’ancien Primat de Belgique, le Cardinal Danneels, à la cathédrale Saint-Rombaut de Malines (où des tombes ont été percées !), dans les bureaux du palais archiépiscopal ainsi qu’à la ‘Commission pour le traitement des plaintes pour abus sexuels dans une relation pastorale’, une instance créée récemment par l’Eglise de Belgique. Des ordinateurs (dont celui du Cardinal) et des kilos de documents ont été saisis.
Il s’agit pour le parquet de rassembler des éléments de preuve pouvant étayer des déclarations de citoyens ayant dénoncé des abus sexuels commis par des clercs et qui auraient été couverts par le Cardinal Danneels entre autres.
Il y a quelques semaines, lors de l’éviction très médiatisée de l’évêque Vangheluwe de Bruges par le nouveau Primat de Belgique (Mgr Léonard), Godfried Danneels avait été nommément accusé de recel d’informations par le responsable de l’association catholique flamande “Mensenrechten in de kerk” (Droits de l’homme dans l’église). Le président de cette association lui aurait, in illo tempore, dénoncé les turpitudes de plusieurs prêtres et du prélat ,mais en vain.
Voici donc une grande première dans un pays où l’Eglise et l’Etat font bon ménage. Il n’y a plus qu’à espérer que le cours de la Justice ne sera pas entravé et que le culot d’un « petit juge » ne sera pas mis sous séquestre. Il est aussi à espérer que ce coup de force inspirera d’autres pays à embrayer dans ce sens.