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CARLOS - Le film - Sortie en salles le 7 juillet 2010

Publié le 26 juin 2010 par Ruminances

Posté par clomani le 26 juin 2010

Pour cause de pique-nique nantais, une bonne partie des ruminants sera absente des débats ce jour. Au menu, cuisine méditerranéenne et libations. En attendant, merci à An

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aïs Monnet du K d'avoir permis à Clomani d'assister à cette projection en avant-première.

Il faut distinguer ce film (d'Olivier Assayas) de celui de 5h30 (du même réalisateur)diffusé sur Canal +. Et au passage, rendre hommage au montage parce que, même si je n'ai pas vu la version longue, le rythme du film de 2h 45mn est tel qu'on est tenu en haleine du début à la fin. Une vraie fiction ! Sauf que c'en n'est pas totalement.

Il s'agit donc du choix de quelques faits d'armes de la vie de Carlos (Illich Ramirez Sanchez) né en 49 à Caracas, actuellement en prison en région parisienne. J'ouvre ici une petite parenthèse rigolotte : si vous faites Carlos sur le moteur de recherche de Google, on vous sort plein de Carlos (dont le chanteur français fils de Dolto) mais pas celui que vous cherchez. Vous ajoutez terroriste à Carlos et là, vous tombez sur la bio de Wiki qui semble elle aussi comporter quelques flous artistiques ou des contradictions avec d'autres témoignages.

Vouloir retracer le parcours d'un homme de l'ombre, appelé terroriste par google, et auquel je me garderais bien de donner un qualificatif, pousse obligatoirement à “romancer” une vie. D'autant que le bonhomme a volontairement caché beaucoup de moments de sa vie. On sait que Carlos est un “tombeur, on le voit séduit avant tout par son propre sexe. Il aime les femmes, les armes, la violence, l'adrénaline… Ceci sera le parti pris d'Assayas tout au long du film où il a éclairé quelques uns des épisodes les plus connus des “faits d'armes” de Carlos.

Et ça fonctionne…

Même si on sait qu'on ne sait pas tout, on est embarqué de Beyrouth à Paris, de Londres à Vienne (prise d'otage au sein d'une réunion de l'OPEP sur commande de Saddam), d'Alger à Berlin…

Au départ militant de la partie dure du FPLP (Wadih Haddad), Carlos passe son temps dans les avions de ligne (ou spéciaux lorsqu'ils ont à leur bord des otages en route pour Bagdad), dans les capitales arabes pour négocier, européennes pour composer ses réseaux… ses commanditaires changent, tout comme ses appuis. Lâché par Haddad, le voilà à Berlin-Est dans les locaux de la Stasi, dans la campagne pour recruter des troupes (dont Magdalena Kopp avec laquelle il aura un enfant). Il va de grâce en disgrâce, d'accolades à reniements, passe des leaders arabes aux amateurs de guerre froide car, lâché par tous, il préfère “vendre” les capacités de sa petite entreprise de “mercenariat politico-terroriste”.

On le retrouve au Yémen, au Soudan où il a dû s'exiler à Khartoum avec sa dernière épouse syrienne. Il doit y subir des interventions chirurgicales : quelques lipposucions car il a beaucoup grossi (ah, les falafels !!!) mais aussi problème à un testicule qui a beaucoup enflé (ah, trop de sexe !!!). Une dernière fois trahi par les autorités soudanaises, Carlos est embarqué de force (par le général Rondeau himself) dans un avion pour Paris depuis la salle de réveil de l'hopital. Une fois à Paris, il sera jugé pour le meurtre en 75 de 2 agents de la DST rue Touiller dans le Ve arrondissement.

Fin des 2h 45 qu'on n'a pas vu passer ! C'est un film d'action, avec un héros, qui rappelle certains points de l'histoire contemporaine, celle du XXe siècle : le siècle qui a signé la fin des guerres coloniales et de la Guerre Froide qui a marqué tout le siècle. Si j'étais leader arabe ou iranien, j'interdirais le film à la diffusion : il n'est pas en leur faveur.

Sourire
Les alliances vont, viennent, se diluent dans des contre-alliances et les changements d'axes de pouvoir.

Dans l'histoire, la cause palestinienne est utilisée comme prétexte, mais complètement oubliée. En début de film d'ailleurs, un interlocuteur de Carlos dit qu'Arafat est inintéressant car trop prêt à se compromettre.

J'ignore si Carlos verra ce film du fond de sa prison, encore plus ce qu'il en pensera. J'avoue qu'en tant que passionnée de géopolitique du XXe siècle, j'ai plutôt apprécié ce film qui tente de recomposer les multiples facettes d'un personnage fascinant, même si sa dérive est pathétique. Pour avoir lu le bouquin que Carlos (converti à l'islam) a écrit du fond de sa cellule (édité par le biais de sa dernière femme, avocate), je sais qu'il continue son combat derrière les barreaux. Il appelle au Jihad, parle de l'échec arabe, dénonce le monde occidental de la corruption.

Enfin, voici un extrait d'une itw qu'il a donnée à Yedoth Aherodoth en 2001 depuis la Santé : ” La terreur est l'essence de la guerre. Le terrorisme est stratégie militaire, méthode de combat, avec le but de défaire la cible par la peur. Les sionistes sont les maîtres ès terrorisme“.


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