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La fille qui hésitait entre faire les soldes et plonger nue dans une piscine remplie de lames de rasoir

Par La Chose

Parce qu’une vraie blogueuse qui a le poil pubien conquérant (et la cellulite discrète) n’hésite jamais, année après année, à se jeter dans l’arène des modeuses déchainées afin d’en ressortir trempée de sueur et ruisselante d’hémoglobine, mais victorieuse, oui, et même triomphante, brandissant fièrement le dernier petit boléro de chez Esprit© arraché à – 40% au prix de moult contorsions et coups de pompes dans les grandes lèvres.

La fille qui hésitait entre faire les soldes et plonger nue dans une piscine remplie de lames de rasoir

Ma grande duduche, je ne doute pas une seconde que toi aussi, tu sois présentement en train de te tâter grave afin de savoir si, oui ou non, tu vas risquer ta peau de shopping addict anorexique, dépressive et complètement fan de Carrie Bradshaw en te lançant dans la grande aventure des soldes d’été.

Pour ma part, la question est dores et déjà pliée.

Laisse-moi t’expliquer, ô ma dinde de Noël farcie et odorante, comment on rafle une robe complètement fashion et limite trop hype dans une méga-boutique de fringues sans pour autant se faire arracher les ongles des pieds, transpercer la langue ou énucléer .

Tu te souviens que je devais absolument trouver quelque chose d’un peu plus classieux qu’un pantalon en toile de tente bleue déchiré au genou accompagné d’un débardeur à trois euros  discrètement barboté chez Tati©, rapport au fait que je dois traîner mon généreux postérieur à un mariage dans une famille qui ferait passer les Le Quesnoy pour une bande de romanichels RMIstes, bourrés au gros rouge et votant Lutte Ouvrière.

La fille qui hésitait entre faire les soldes et plonger nue dans une piscine remplie de lames de rasoir

Évidemment, comme toi, je me suis d’abord dit:

« Attendons cette épiphanie annuelle que l’on nomme Lêh Soldeuh, ce moment solennel au cours duquel les prêtresses femelles de la tribu Homo Consomus Conardus procèdent à l’éviscération rituelle de leurs concurrentes directes par ouverture de la cavité abdominale au rayon lingerie. Ce temps fort de la religion moderne me permettra de me procurer, moyennant un rite de passage plus ou moins sanglant, quelque harde plus acceptable ».

Évidemment, contrairement à toi, à la seule idée de me précipiter, hurlant et bavant comme un boxer myope devant un ignoble bol de pâtée pour chien, sur quelques pièces de tissu à prix cassé, j’ai aussitôt senti mon estomac se soulever, mon côlon ascendant se tordre comme un lombric au bout d’un fil de pêche et mes amygdales se mettre à jouer Highway to hell en version acoustique.

Diantre, fichtre, bordel de merde, me suis-je dit, mais comment vais-je donc faire pour me dégoter cette robe de merde tant convoitée si je n’attends pas que son prix, comparable au P.I.B du Burkina Faso  (à peu de choses près), subisse l’effet amaigrissant des soldes d’été, alors que je suis moi-même chômeuse activement à la recherche d’un emploi et que subséquemment mes moyens financiers ne sont pas ceux d’un Éric Woerth ou d’un Benoît Croix-V-Bâton?

C’est m’âme Nedelec qui m’a soufflé la solution, ma courge.

Pas plus tard qu’hier. Alors que j’allais acheter ma Tradition quotidienne en faisant, comme d’habitude, profil bas (c’est à cause du coup de l’Iphone et des images porno).

(M’âme Nedelec): – ‘Dites voâr, m’sieur Le Goff, c’t'une bien jolie robe, qu’elle portait, vot’ dâme, au dernier Fest Noz du quartier!
(Le Goff): – Ben oui, c’est un cadeau, pour nos trente ans de mariage, m’âme Nedelec!
(M’âme Nedelec): – Ah ben pour sûr qu’c'est bô, trente ans de mariage, pensez!
(Moi): – Bonjour.
(M’âme Nedelec): – (reniflement de mépris)
(Le Goff): – Bon ben kénavo, m’âme Nedelec!
(M’âme Nedelec): – Kénavo, m’sieur Le Goff, mes amitiés à vot’ dâme, si c’est pas bô, ça, trente ans de mariage, c’est respectab’, c’est point comme d’autres…
(Moi): – Je voudrais une tradition, s’il vous plaît.
(M’âme Nedelec): – C’est pas la parisienne qui fêterait ses trente ans de mariage, hein? Dame non! Tout juste bonne à parler de bites et à salir mon comptoir, hein? Allez, la v’là, vot’ baguette, et cassez-vous de ma boutique, bern kaoc’h de toull revr!

Bon, entre m’âme Nedelec et moi, ça s’arrange moyennement, mais c’est parce qu’il faut toujours du temps aux gens de la province pour s’apercevoir que tous les anciens parisiens ne sont pas des connards, c’est comme le truc du Petit Prince qui apprivoise la rose, tu vois, sauf que m’âme Nedelec elle ressemble pas franchement à une rose, et elle sent pas comme elle, non plus.

En tout cas, ça m’a donné une idée géniale, tellement géniale que Machiavel à côté, c’est rien qu’un amateur.

(Moi): – Loutre?
(Loutre): -  Mmmmmm?
(Moi): – Tu sais que ça va faire quatre ans qu’on est ensemble?
(Loutre): – Mmmmm…en septembre, ouais.
(Moi): – Bah, on est déjà presque en juillet. On pourrait commencer à fêter ça, non?
(Loutre): – (regard soupçonneux)
(Moi): – Ben pourquoi tu me regardes comme si je venais de te roter à la figure?
(Loutre): – Parce que je sens une drôle d’odeur. L’odeur de la duplicité, le fumet de la félonie. J’ai les poils au garde-à-vous, donc tu mijotes un truc crasseux.
(Moi): – ….
(Loutre): – ….
(Moi): – ….
(Loutre): – ….
(Moi): – Même pas un p’tit cadeau, bordel? Tu m’aimes plus, C’EST ÇA?

Et voilà, lectrice futile de mon cœur, comment on se retrouve avec une robe de bourge dans son placard sans avoir eu à décapiter trois connasses dans une boutique saturée de progestérone.
Ne me remercie pas.
Service.


Filed under: A propos des soirées Tupperware et des furoncles pilo-sébacés


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