Je voudrais être un sauvage pommier
Et de mon corps volumineux rassasier
Tous les petits enfants chez qui la faim fait rage
Et que je couvrirais d’un amical ombrage.
Viendraient me voir les tendres orphelins.
Leurs pleurs m’arroseraient, libérant leurs chagrins.
Je voudrais être un pommier, oui, sauvage.
Je voudrais être un sauvage pommier
Qui, tout sec, abattu par le père Janvier,
A la fin de son âge
Sécherait de son feu les pleurs des orphelins.
Que sois-je donc, oui, ce pommier sauvage!
Alors, sur cette terre, aux peines, aux chagrins,
Succédera la joie. Alors chaque visage,
Plus jamais assombri par la peur du néant,
Restera souriant.
(Attila Jozsef)