Il est des expériences qu'on est content d'avoir vécues après coup seulement... Le trajet Siem Reap-Battambang en bateau en fait définitivement partie.
Nous étions au courant que nous en aurions pour 7 heures environ. Ce que nous ignorions, c'est que nous nous retrouverions à une trentaine de personnes entassées sur une minuscule barque à moteur équipée en tout et pour tout de sièges en bois. Moi dont le délicat postérieur a déjà du mal à supporter pendant 2 heures les sièges pourtant vaguement molletonnés d'une salle de cinéma(je me demande comment je faisais à l'école), bah... j'ai souffert. Je ne parle pas de la chaleur étouffante, qui est quelque chose qui va de soi dans ce pays.
Le plus ironique, c'est que nous avons repris exactement le même chemin que la veille pendant notre croisière-crocodile attrape-touristes. Si qu'on aurait su...
M'enfin... nous avons quand même vu de jolis rivages.
petite info botanique: les plantes vertes qui poussent au milieu de l'eau ne sont autre que des jacinthes d'eau, qui fleurissent pendant la saison sèche, c'est-à-dire... pas maintenant. Zut. Avec les tiges séchées, on fait des chaussures, des sacs, et de la nourriture pour les cochons. Rien que ça!
Les fesses vermoulues, affamés, déshydratés, nous sommes arrivés à Battambang.
Une chose appréciable (parmi d'autres) au Cambodge, c'est le rapport qualité-prix des chambres d'hôtel. A partir de 5$, on peut trouver quelque chose de tout à fait convenable (pour avoir l'air con... ditionné
faut ajouter 3$, mais un modeste ventilateur me suffit). Et je parle bien d'hôtel, pas d'auberge de jeunesse.
cerise sur le gâteau: chacun a eu droit à une jolie écharpe le dernier jour. De quelle couleur pour moi? Je vous le donne en 1000: rose, pour changer.
J'ai payé 2 fois moins cher qu'à Hong Kong pour une chambre 3 fois plus grande ET pour moi toute seule, au lieu de la partager avec 3 mâles odorants! Cherchez l'erreur.
Trêve de considérations hôtelières, passons à la ville. Moins touristique que Siem Reap qui ne vit que des temples environnants, c'est plus agréable pour le voyageur qui se fait moins systématiquement alpaguer. J'ai particulièrement apprécié le marché plus qu'authentique. Tant qu'on reste au rayon fruits, tout va bien.
Mais le passage aux étals de viande et de poisson peut être violent pour des narines et des yeux d'Européens. N'étant pas une petite nature malgré mes chapeaux de princesse, je me suis aventurée dans les dédales du marché couvert où j'ai fait sensation. Pas seulement parce que j'ai failli m'étaler en glissant sur un des détritus qui jonchaient le sol, probablement une feuille (et non pas peau) de banane. Ce matin-là, j'ai compris dans ma chair ce que ce pauvre ET (téléphone maison)a enduré. J'étais désespérément la seule touriste sur ce marché, ou du moins la seule immédiatement reconnaissable extérieurement. Pour ne pas enfoncer le clou, je n'ai pas pris trop de photos, d'autant plus qu'il faut demander avant et moi j'aime pas ça chuis timide.
Vous ne verrez donc pas la petite fille qui éviscère des poulets assaillis par les mouches(le mieux c'est le seau d'entrailles à côté), ni la dame qui donne des coups de marteau sur les morceaux de viande rouge pour les faire taire... Vous devrez vous contenter de ces modestes mais néanmoins odorants poissons
et de cette vue d'ensemble d'une des allées.
en bas à gauche, l'arme du crime.
Nous nous sommes éloignés de l'agitation de la ville un après-midi pour nous rendre (en touk-touk, évidemment) au complexe de temples de Phnom Sampeau... dont la contemplation se mérite car il faut d'abord grimper à pied toute une colline (bon moyen de se souvenir que phnom signifie colline).
ce n'était que le début
Pas évident quand on est chaussé de tongs dont la semelle a été rendue ultradérapante par la pluie. Ça glisse en-dessous, ça glisse à l'intérieur, ya donc intérêt à se cramponner. J'en ai encore les genoux qui tremblent, mais la vue panoramique (qui ne donne absolument rien en photo, comme toujours), les temples et... les singes à l'état sauvage ont compensé.
n'est-il pas mignon avec son cucu tout irrité et son bébé sur le dos?
s'il prend la fuite, c'est parce qu'il a pressenti de très très loin l'arrivée en trombe de Mounich, un tube de Mytosil à la main (blague que seule les infirmières peuvent comprendre, à moins que...) . Ah, l'instinct animal...
avec du soleil, ça aurait mieux donné
à ne plus savoir où en donner des têtes
des moines en plâtre jouaient à cache-cache dans les buissons, mais la couleur de leur tenue n'est pas ce qu'il y a de mieux niveau camouflage.
Un jeune moine bouddhiste oisif (mais pas en plâtre) nous a guidés dans des grottes
à la lueur de son Blueberry (or Ouille phone or whatever), avec lequel il a ensuite pris des photos de moi (décidément) et Anke en grillant sa clope.
eh, oh, c'est qui les touristes, ici?! Non mais! Excusez au passage le flou artistique... la lentille de mon appareil photo était mouillée par la pluie.
Je crois pouvoir affirmer sans trop me tromper que ce jeune garçon a raté sa vocation.
A moins que... si j'ai bien compris, les jeunes bouddhistes doivent effectuer durant quelques mois quelques mois l'équivalent religieux du service militaire: un service bouddhiste, en quelque sorte!
Vu qu'il ne parlait pas un mot d'anglais (vive le langage des signes sur-marin), je n'ai pas pu lui demander...
Nous nous sommes ensuite fait tirer les cartes (OK, l'argent de la poche aussi)par une vieille cartomancienne. Alors tenez-vous bien : je vais gagner beaucoup d'argent cette année (à bonn' entendeuse...), par contre les 4 prochaines années seront very bad; à 34 ans je rencontrerai mon futur mari qui aura 9 ans de plus que moi (et qui les a déjà d'ailleurs), je serai heureuse quelques années avant d'être malheureuse de nouveau pendant mes 37e, 38e et 39e années. Après, ça devrait aller.
Exactement ce que je rêvais d'entendre!
La visite des « killing caves »qui a suivi a vite fait de calmer notre fou-rire. Comme le nom l'indique, rien de bien joyeux. En 1975, 7000 personnes évacuées de Phnom Penh sous le régime de Pol Pot ont été conduites vers ces grottes pour s'y faire sauvagement trucider sous prétexte qu'ils étaient citadins et un peu trop éduqués. Leurs ossements ont été rassemblés et mis dans des ossuaires à plusieurs coins de la grotte. Les catacombes en beaucoup plus tragique. Ce tableau exposé sur le chemin qui mène à la grotte donne une petite idée de la façon dont les choses se sont déroulées.
Poussés dans le précipice d'une dizaine de mètres dans la grotte à coup de matraque (économie de munitions...) ils étaient avec un peu de chance tués sur le coup mais la majeure partie mourait de faim ou de soif au terme d'une longue agonie. L'horreur à l'état pur.
Ce n'était qu'un avant-goût de ce que nous allions voir ensuite à Phnom Penh.