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Il écrivait,
A même la peau du bonheur,
Et ses mots étaient emprunts de cette gravité.
*
Les uns passent, les autres trépassent…
Tandis que les uns se frayent un chemin dans la baie des Trépassés, d'autres tentent en vain de panser leurs plaies…
La bouteille a demi vide des uns est celle a demi pleine des autres….
Demeure le poème pour dénoncer les abus de langage qui nous font prendre nos vessies pour des lanternes… rouges?
*
Il écrivait.
Un rien concentré sur la page perdue
Yeux écarquillés sur les mots libérés
A qui s’adressent nos paroles
Lorsque le vent les emporte ?
*
Si frêle instant où tu es apparue
Diaphane et nue dans l’azur délicat
Au loin clamaient fusils et canons
Tu étais la paix même dévoilée au grand jour
*
Une prière s’échappait en lentes fumerolles
Nous étions seuls au monde
Loin des vaines clameurs
*
Il écrivait,
A même la peau du bonheur,
Et ses mots étaient emprunts de cette gravité.
*
Nos bouches suspendues à l’heure grave
Nous savions l’illégalité de notre position
Temps d’amour révolu à la minute des guerres
Sacrifices consentis sous la pression d’aveugles plaidoiries
*
D’une plume agile
A même ta peau nue
Dans un frisson d’aurore
Il dénouait les fils ténus
Qui d’un pas au trépas
Amorcent la danse invisible
*
Nous voici tant défaits
De ne savoir exister
Hors champ des consignes obscures
*
Il écrivait
Ses mots claquaient tels bannières au mistral
Une lente caresse de printemps ouvrait les bras de l’espoir
Il écrivait
Enfermait ses mots en bouteilles éparses
Bues à même le goulot
Son ivresse l’emportait
Toutes voiles dehors
Mots délivrés au grand vent des torpeurs
*
« J’ai ta peau qui vient
A ma rencontre improbable
Amie
Quelle douceur exquise
Offerte
A mon front de tourments »
*
Sa voix s’est perdue dans l’agitation volatile
Trois pies s’acharnaient sur le nid
Dans la soupente
Une larme roulait sur ses joues de candeur
« Je suis complice… »
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Manosque, 18 mai 2010
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