L’argile parle à l’argile
Viens-t’en, petite sœur, le soleil notre père
S’en retourne à pas lents vers son lointain village.
On voit luire là-haut les carreaux de la lune,
Comme un vitrail d’église en plein ciel embué.
La rapide hirondelle en son nid se balance,
La griserie de tes paroles m’envahit.
Pareilles à nos doigts toutes les feuilles tremblent
Et l’argile s’unit plus fort avec l’argile.
Nous sommes nous aussi comme deux blocs d’argile.
Et nous savons que le blé tendre et frais nous aime.
Viens, ma chérie, que ton corps roule dans mon âme,
Le sol, dans notre chair, enfouit ses sillons
Et la noire brebis du soir se met en route.
Tombée, sa laine douce est déjà bien plus sombre.
Ta chevelure blonde a l’air d’un champ de blé
Que les rayons, venus de la lune, ont criblé.
(Attila Jozsef)
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