Lors de la dictée du diplôme national du brevet, j'ai eu un moment de doute en voyant le mot croquet dans la phrase suivante : Avant qu'on l'ait prévu, elle a mouillé le livre, noirci la page blanche, noyé le jeu de croquet et de tennis.
Mon sang bouillant de Lorrain digne de Jehanne d'Arc ne fait qu'un tour : je sens l'anglicisme pervers et perfide (comme tout ce qui provient de chez les Godons). Je m'empare aussitôt d'un Petit Robert qui se trouvait là par hasard et je constate que le mot est bien francisé dans sa prononciation. Ouf ! Certes, il dérive d'un ancien verbe français dont j'ai déjà parlé au sujet de croquer le marmot. Mes collègues utiliseront toutes (n'oublions pas que la profession est très féminisée surtout en lettres) la prononciation à la française de manière naturelle, mais moi je me suis interrogé avant parce que je me demande quel jeune sait encore ce qu'est un jeu de croquet et quel est l'intérêt de proposer ce genre de piège lexical : je suis certain que dans certaines copies on trouvera des jeux de croquettes (pour chats et chiens). Le texte de Colette n'est pas en cause, il est fort joli, bien troussé, mais c'est son intérêt pédagogique que je mets en cause.
Pour le croquet, on peut remarquer qu'il a suivi une évolution différente du cricket, lequel non seulement n'a pas été francisé dans la graphie, mais possède les deux prononciations : à l'anglaise et à la française, alors qu'il vient lui aussi du français par l'anglais. Mon doute pour le croquet provenait de là.