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le portrait de Fred Belaubre

Publié le 01 septembre 2006 par Pascal Boutreau

Je vous avais promis un portrait de Fredéric Belaubre, le voici.

Fred disputera en effet ce dimanche à Lausanne le championnat du monde de triathlon. Double champion d'Europe (dont l'an dernier sur ce même parcours de Lausanne), le Français sera une des grandes chances tricolores. Voici quelques extraits d'une longue interview que j'avais réalisée juste avant les Jeux d'Athènes où il avait pris la 5e place (comme lors des derniers Mondiaux au Japon). Désolé si ça date un peu...

Pour rappel, Fred a 26 ans, appartient au club de Sartrouville, fut champion du monde juniors en 2000 et a remporté deux manches de Coupe du monde. Il a également remporté il y a quelques semaines son 3e titre de champion de France.

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Les débuts

"J’avais découvert le triathlon avec mon père (Georges, l'un des pionniers de la discipline) mais j’avais cinq ans quand il a arrêté. Je ne me souviens pas mais il paraît que quand j’étais petit, je semais la zizanie dans les parcs à vélo en déplaçant les affaires des concurrents. En réalité, j'ai commencé par la natation. Au départ, je nageais avec les nageurs de Poissy et les triathlètes nageaient à côté. Ce n’était pas la même ambiance. C’était plus festif. Je commençais à en avoir marre de voir les carreaux du fond de la piscine. Il fallait que je me décide si je voulais réussir comme nageur mais je me voyais mal passer mes journées dans l’eau même si j’adore la natation. Le triathlon, ça été un nouveau souffle. Je suis allé au creps avec un copain, Guillaume Primault. Mais nous ne réalisions pas ce que l’on était en train d’amorcer. La première année ne fut pourtant pas vraiment professionnelle. C’était plus un camp de vacances. Il n’y avait plus les parents, l’école seulement le matin… Nous en avons bien profité. Ce n’est pas les devoirs qui nous posaient le plus de soucis… A 15 ans, tu découvres, les potes, les sorties en boîte… . On faisait tout, un peu l’entraînement, un peu les cons, un peu les cours. Et au bout du compte, eh bien j’ai redoublé ma seconde.

J’ai quand même fait champion de France UNSS, mon premier titre. Je me suis ensuite plus pris en main. J’ai mieux travaillé à l’école et je me suis plus entraîné. Très rapidement, j’ai commencé des séances avec les pros comme Carl (Blasco), à voir comment il s’entraînait. Il y avait aussi Olivier (Marceau) qui venait s’entraîner. C’était le triathlète n°1 en France. Après mon bac en 99, je me suis vraiment lancé dans le triathlon de façon professionnelle."

Le titre mondial juniors de 2000

"Champion du monde, ce sont des mots magiques. Quand on est dans un environnement comme le Creps tout le monde est au courant et nous félicite. On sent que c’est quelque chose de fort. Mais dans le même temps, les entraîneurs savent ce que ça représente réellement. Ils m’ont appris à ne pas m’enflammer, à ne pas dire que j’étais arrivé, que j’étais trop fort et que je n’avais plus besoin de m’entraîner. C’était plutôt : ‘’ok, tu es champion du monde juniors mais ça ne veut rien dire en soi. En revanche ça signifie beaucoup pour l’avenir.’’ Il a donc fallu utiliser ce titre pour se motiver davantage et être encore plus sérieux à l’entraînement."

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Les doutes

« Quand j’étais plus jeune, je me suis parfois demandé si le triathlon était vraiment ce que j’avais envie de faire. Avais-je envie d’en baver autant ? Quand tu vois tes potes en train de délaisser le triathlon pour faire la fête ou poursuivre des études, et que toi, tu es le seul à choisir cette voie, tu te poses des questions. Tu doutes. C’est dur d’aller tous les jours à l’entraînement. Quand tu n’as pas de résultats, tu te demandes à quoi servent tous ces efforts. Tu te dis que tu ferais mieux d’aller t’amuser. Les samedi soirs, tous tes potes sortent s’amuser. Toi, tu as quatre heures de vélo et tu dois te lever à sept heures du mat. Qu’est-ce que tu fais ? Heureusement, le titre mondial juniors m’a confirmé que je prenais la bonne décision, que je pouvais être dans les meilleurs. Quand j’y pense je me dis que j’ai été con de raisonner comme ça. Ces moments là sont durs mais pour rien au monde je ne ferais autre chose autrement que ce que j’ai fait.

Même les erreurs de jeunesse, tout m’a servi. Tout ce que j’ai fait a aidé à me construire et atteindre ce niveau. Toutes ces qualités sont surdéveloppées par le sport de haut niveau où l’on repousse non seulement les limites physiologiques et aussi les limites de la perfection. On apprend beaucoup sur soi, sur la vie. On réagit dans la vie comme dans une compétition."

En dehors du tri

"J’aime tout ce qui touche la mode, le design, tout ce qui est tendance. Je suis à l’écoute de toutes les nouveautés même en high-tech. J’aimerais rester dans le domaine artistique, dessinateur pour des meubles ou dessinateur tout court, designer, styliste. Je pourrais faire une école de stylisme. J’aime bien quand on me félicite sur un tee-shirt de ma création. Je suis heureux quand les gens aiment mais quand quelqu’un n’aime pas, je m’en fous. L’important, c’est que ça me plaise à moi. Je suis assez réservé et discret mais pourtant, je suis attiré par ce milieu où le paraître est vachement important. C’est assez paradoxal. J’aime bien ce qui sort de l’ordinaire, être original. Je déteste ce qui est monotone, je veux toujours innover, quel que soit les domaines. J’aime changer, évoluer. Cela engendre un côté m’a tu vu que je ne recherche pas. »

La notoriété

« Ça me fait plaisir de voir que les gens ont confiance en moi, qu’ils pensent que je suis un athlète sur lequel on peut compter. Cela montre une reconnaissance du public. Je suis très content d'arriver à partager l’émotion que je ressens en course. La reconnaissance c’est une chose, mais ça ne me met pas la pression. Je commence à avoir l’habitude des grands rendez-vous. Je ne vais pas commencer à cogiter. Le plus important c’est de pouvoir se dire que l’on a fait ce qu’il fallait sans avoir rien à regretter. J’ai fait tous les efforts et tous les sacrifices possibles pour être au plus fort de mes capacités le jour J. Cela permet d’être plus confiant et serein. Ce serait con de tout gâcher en se mettant trop la pression. »

La personnalité

« Je ne contrôle pas trop ce côté rêveur. C’est aussi une qualité pour le haut niveau. Je suis peut-être rêveur, mais je reste lucide. J’ai en permanence des idées plein la tête. Je suis toujours en train de penser à quelque chose, à avoir des idées sur tout, une sorte de philosophe des bacs à sable. D’un autre côté, je suis plutôt speed. Je ne suis pas efficace si je prends mon temps pour faire quelque chose. Il faut que je fasse dix choses en même temps pour que tout ce soit parfait. Si je ne fais qu’un truc à la fois, je ne le finis jamais. J’aime que mon emploi du temps soit surchargé. »

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Le triathlon

« J’aimerais que cela devienne un sport ultra médiatique. Le triathlon est un sport magnifique. Quand je rencontre du monde qui n’a rien à voir avec le sport dans ces milieux d’art, cela passionne les gens. On a l’impression qu’ils sont dégoûtés de ne pas avoir fait du triathlon. Ils sont à bloc. Tout le monde trouve ça génial alors pourquoi cela ne se concrétise pas. Il y a un manque d’information. Nous sommes dans un monde où il y a beaucoup de paraître. Il faut être beau, musclé, bronzé pour réussir. C’est ce qui correspond au triathlon. C’est trois sports qui permettent de s’évader et d’avoir une hygiène de vie. C’est un sport qui prend beaucoup de temps, difficilement accessible. Les parents sont réticents pour les enfants. Il faudrait plus d’employeurs comme l’Armée ou la SNCF pour permettre aux gens de pouvoir s’entraîner plus sereinement sans avoir à faire un choix."

Les souvenirs des JO de Sydney

« La deuxième médaille d’or de Douillet, personne ne l’attendait, tout le monde lui avait cassé du sucre sur le dos et il est arrivé au bout. Je me souviens aussi de Cathy Freeman avec tout le stade derrière elle. Et puis bien sûr le triathlon. J’étais à La Baule sur le Grand Prix. On avait regardé ça tous ensemble sur un écran géant pendant la remise des prix. On avait commencé à faire un peu la fête. A 3 heures, on s’est tous retrouvés. Dans une super ambiance. Tout le monde gueulait, c’était superbe avec en plus Olivier devant, ça donnait encore plus piment et d’émotions. »

Le site perso de Fred (mérite le détour) : http://fred-belaubre.onlinetri.com


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