Monsieur Seb !

Etant en charge du football au féminin à L'Equipe depuis plus de cinq ans et auteur d'un livre consacré à l'histoire de la discipline en France, je reçois souvent des coups de fil pour des renseignements sur ces demoiselles. Mais le grand spécialiste du football féminin en France est incontestablement Sébastien Duret. Cela fait longtemps que j'avais envie de vous le faire découvrir.

Ce mec qui n'a pas encore 25 ans (en photo ici avec Marinette Pichon), est un passionné absolu. Depuis plusieurs années, il consacre la quasi totalité de son temps libre à la réalisation du site internet www.foot-feminin.org, le site devenu incontournable en France. Un site où l'on trouve absolument tout puis que même les fiches de D3 y sont collectées. Seb, je l'ai vu débarquer il y a quelques années sur les stades. Toujours discret et respectueux(contrairement à certains), il a su s'imposer et gagner le respect de tout le milieu du foot au féminin. Besoin d'un renseignement ou d'un numéro, Seb est toujours là, toujours dispo pour dépanner. Et même s'il n'est pas "journaliste" (études d'urbanisme et de génie civile), son travail et ses textes sont remarquables. Le jeune homme est également un fameux archiviste et statisticien, toujours à la recherche d'un élément de l'histoire du foot fifilles. Petite interview express.

" Seb, raconte moi ta découverte du foot au féminin.

- J'ai commencé à m'intéresser au foot en 1995, quand Nantes est devenu champion de France. Je me suis tout de suite tourné vers le foot un peu oublié par les médias comme le foot des jeunes et celui des femmes. Mon premier match féminin, ce fut un France - Suisse à Montaigu. Ce ne fut pas le meilleur... (je confirme, j'y étais et c'était un match pourri de chez pourri). Je me suis pris au jeu. J'ai tout de suite accroché avec ce milieu où règne une ambiance sympa sans animosité et où les filles sont là juste pour le plaisir de jouer.

- Ce fut ensuite l'escalade... On te voit partout !

- J'ai la chance de pouvoir me déplacer en train sans frais (le papa travaille à la SNCF). C'est vrai que j'ai eu des semaines de folie avec des matches partout en France.

- Et comment es-tu arrivé à t'occuper du site ?

- J'ai pris la relève de Céline en 2001. C'est parfois une grosse charge de travail mais c'est toujours un grand plaisir. Je n'ai pas fait d'études de journalisme mais j'aime bien. Et puis c'est gratifiant et satisfaisant de voir que mon travail est reconnu... même si bien sûr c'est à l'échelle du football féminin. Je reçois souvent des messages de remerciement de clubs et même de parents. ça fait plaisir. Mais si le site est aussi riche c'est aussi car tout le monde joue le jeu pour l'alimenter. Le réseau est désormais énorme et il y a toujours quelqu'un pour me donner une information. Y compris à l'étranger ou à l'UEFA ou à la FIFA où on me connait et où on me donne des infos très rapidement. C'est une belle reconnaissance du site.

- As-tu envie d'aller plus loin ?

- En cette fin de saison, je me suis demandé si je continuais ou pas. Mais en cas d'arrêt, j'aurais le sentiment que le travail accompli depuis tant de temps et avec tout le monde du football féminin serait perdu. Donc pour l'instant... je continue avec mes "petits moyens". Même si ça me prend beaucoup de temps et que ça me coûte aussi de l'argent. J'aimerais aller plus loin mais les expériences à l'étranger montrent que ce n'est pas viable pour le moment.

- Quels sont tes temps forts de ton vécu "football au féminin" ?

- Il y en a deux. Le match de Saint-Etienne contre l'Angleterre en 2002 synonyme de qualification à la Coupe du monde 2003. Et puis cette saison, il y a le parcours de Montpellier en Coupe d'Europe. J'ai eu la chance de les suivre également en dehors du terrain et ce fut fort (Seb aurait été aperçu à des heures très tardives dans des établissements nocturnes dits festifs... mais chuuuut)

- Comment vois-tu l'avenir du foot au féminin ?

- Pour l'instant je le vois avec des coups ponctuels. J'attends de voir ce que l'expérience de Lyon va donner (l'Olympique Lyonnais a fait venir plusieurs internationales). Cette saison, ils ont pris leur disposition dès le mois de juin... On verra. Si l'on veut que le football au féminin se développe il faut que certains clubs investissent. Mais d'un autre côté ça se fera sans doute au détriment de clubs plus petits. Et puis il faut aussi que la France se qualifie pour la prochaine Coupe du monde. C'est indispensable."

Voilà, c'était mon petit coup de projecteur sur un vrai passionné. Une de ces personnes qui ne calculent pas et qui vivent leur passion à 100%. Cette saison, Seb aura également la casquette d'entraîneur des gardiennes de Saint-Herblain, club de D2. Bonne vacances Monsieur Seb et bonne saison. Et surtout... un immense MERCI pour tout ton travail. Respect !