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Etre journaliste sportif

Publié le 07 novembre 2007 par Pascal Boutreau

Dans cette news, je vais donc essayer d'exprimer ma conception de mon métier de journaliste sportif.

J'utilise souvent une métaphore judiciaire. Dans un procès, il y a un juge, un procureur, un avocat et des témoins. C'est un peu la même chose dans un journal. Certains de mes confrères se donnent le pouvoir de juger et de donner leur avis. Certains se la jouent procureur en "condamnant". Le système pousse aujourd'hui à cette tendance. Par exemple quand on nous demande de noter les joueurs sur un match de foot. Je l'ai fait pendant mes trois années à la rubrique foot et je peux vous dire que je n'ai jamais aimé ça.

Je préfère en effet me situer dans la catégorie des témoins. Mon but, c'est d'essayer de raconter ce que je vois, de faire découvrir des sportifs et des sportives, des belles histoires de sport, de retranscrire l'émotion que j'ai souvent la chance de vivre en direct.

Evidemment, j'ai aussi mon avis. Mais qui suis je pour me permettre de remettre en cause un entraîneur dont c'est le métier ? J'estime n'être qu'un amateur, on va dire "averti"... Je me vois mal dans un papier donner des "leçons de football" à des mecs comme Guy Roux... Je n'accorde pas à mon opinion une valeur supérieure à celle d'autres personnes qui elles n'ont pas la possibilité d'avoir la même exposition que moi. En plus, (même si c'est rare lol) je peux me tromper...

Il faut en effet avoir conscience qu'écrire dans un journal comme le mien est certes un "privilège" mais implique aussi des devoirs (et pas seulement des droits comme certains le croient...). Quelques mots peuvent faire beaucoup de bien mais aussi beaucoup de mal à un sportif puisque ce qui paraît dans nos colonnes est souvent considéré comme parole d'évangile. Il n'est pas rare d'entendre des gens dirent "si si c'est sûr, je l'ai lu dans L'Equipe".
Quand ils sont bien choisis, les mots peuvent faire beaucoup de dégâts... (et pas seulement dans des articles de presse...)

D'autre part, l'investigation n'a jamais été mon truc... Et j'avoue me faire assez discret quand il s'agit de trouver quelqu'un pour aller mettre son nez dans des affaires de dopage ou des affaires pas très clean. Je ne sais pas faire.... Problème de méthodologie certes mais surtout question de personnalité. D'autres le font très bien et prennent même du plaisir à le faire. Alors pourquoi les priver ?... Même si ce n'est pas ma "religion", ce genre d'enquête est aussi probablement nécessaire pour dénoncer des abus ou des tricheries. Perso, je n'aime pas "déranger" et, évidemment, dans ce genre d'enquête il faut savoir enfoncer les portes... Et ça, je n'ai jamais su faire...

En demandant il y a cinq ans à quitter la rubrique foot où j'avais débuté à L'Equipe en 1998, pour aller m'occuper des sports peu médiatisés, je souhaitais ainsi essayer de mettre un peu de lumière sur des sportifs le plus souvent dans l'ombre. Aujourd'hui, quand je réussis à caser un papier de triathlon, de pentathlon moderne ou de hockey sur gazon, je suis aux anges... Evidemment, certains aimeraient sans doute que j'insiste davantage sur des "affaires" dont je suis bien évidemment au courant dans mes "petits sports". Mais à quoi bon ? On parle tellement rarement de ces sports que je préfère ne voir que le "bon côté".
J'assume complètement cette optique. Je ne vois pas l'intérêt de parler d'un vice-président qui veut piquer la place à un président d'une de mes fédés alors que j'ai déjà du mal à caser dix lignes sur les champions de ce sport. Même si certains (sportifs, dirigeants, entraîneurs..) en seraient sans doute ravis... Car je vous promets que les "fouteurs de merde" ne se trouvent pas que du côté des journalistes...


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