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Réponse aux médecins du secteur 13

Publié le 30 juin 2010 par Jean-Didier
Mon mépris étant désormais légendaire au travers de toute la France, mesdames et messieurs les 123 médecins généralistes du secteur 13, votre ultimatum étant arrivé à expiration voici quelques minutes, je me permets de vous répondre:
Je suis pharmacien, pharmacien d’officine. Je pose des boîtes sur un comptoir depuis trois ans déjà. Je gaspille mes savoirs et mes compétences dans deux pharmacies de Lyon. Ma légitimité pour vous répondre ? La passion pour mon métier, mes convictions au profit du patient et de sa santé.
Oui, chers docteurs, je revendique le souhait de pouvoir mener un entretien pharmaceutique auprès des patients des officines dans lesquelles j’exerce. Entre gens de même intérêt, appelons un chat un chat : je revendique une consultation pharmaceutique. Consultation, action de recueillir des informations, de demander un avis auprès d’un expert. La consultation pharmaceutique a pour vocation à déterminer le risque iatrogène par la réalisation d’un historique médicamenteux exhaustif comprenant outre les médicaments nécessitant ou non une prescription la phytothérapie, et à évaluer l’adhésion du patient à son traitement. Aussi, Viktil et al. ont démontré qu’une consultation pharmaceutique permet de détecter 39,9% des problèmes liés au traitement, que ce soit une non-observance, une interaction, une indication non-traitée, une redondance pharmacologique, un effet iatrogène [1]. Nos confrères québécois le font [4].
Oui, chers docteurs, je revendique le droit de prescription pour les analyses biologiques. Bien loin de moi l’idée de vouloir émettre un diagnostic. Je veux pouvoir, par exemple, contrôler un INR. Les admissions aux urgences pour cause d’INR trop élevé représentent environ 8% des admissions totales [2, 3]. Les données de l’étude de Howard et al. étant similaires aux données des deux études menées par les centres de pharmacovigilance français en 1998, on peut estimer à 22% les effets iatrogènes liés à un problème de monitorage [2]. Donner au pharmacien la possibilité de compléter le suivi thérapeutique d’une classe médicamenteuse à haut risque iatrogène est-il dès lors, selon vous, superflu ? Nos confrères québécois le font [4].
Oui, chers docteurs, je souhaite continuer à pouvoir prendre une mesure de pression artérielle gratuitement : la loi HPST ne fait que reconnaître un geste effectué au quotidien. La loi HPST nous permet également de pouvoir nous impliquer dans le suivi thérapeutique des patients. Les pharmaciens apparaissent pour être les collaborateurs idéaux pour atteindre les objectifs tensionnels [5]. Il nous serait également possible d’ajuster la posologie d’un hypertenseur, prescrit par vous, et dans des limites définies par vous. Nos confrères québécois le font [4].
Oui, chers docteurs, la pharmacie d’officine évolue : onde de choc de la disparition de la préparation magistrale et de l’avènement de la spécialité ; onde de choc des mutations de notre système d’assurance maladie ; onde de choc de la complexification des médicaments avec la gestion des interactions médicaments en lien avec les cytochromes et la glycoprotéine P. Mais cher docteurs, point de guerre de bienséances entre nous : nous partageons le même intérêt celui du patient. Vous restez le pilote, acceptez moi comme copilote, au même titre que peuvent l’être les infirmières, les kinésithérapeutes, les psychologues, les assistantes sociales ! Acceptez mes humbles compétences de technicien du médicament, comme nos confrères hospitaliers le font à Lyon, Grenoble, Paris, Epernay, Rennes, Mayenne, pour ne citer qu’eux [6] ! Et ensemble, relevons le défi pour la ville !
Jean-Didier Bardet
Docteur en Pharmacie
Et parce qu’il faut bien se la péter un peu Ingénieur Pédagogue en Éducation Thérapeutique
1. Viktil KK, Blix HS, Moger TA, Reikvam A. Interview of patients by pharmacists contributes significantly to the identification of drug-related problems (DRPs). Pharmacoepidemiol Drug Saf. 2006 Sep;15(9):667-74.
2. Howard RL, Avery AJ, Slavenburg S, Royal S, Pipe G, Lucassen P, et al. Which drugs cause preventable admissions to hospital? A systematic review. Br J Clin Pharmacol. 2007 Feb;63(2):136-47.
3. Ministère de la santé. La iatrogénie médicamenteuse en France. Paris; [cited 29/06/2010]; Available from: http://www.sante.gouv.fr/htm/actu/34_980706s.htm. 4. Ambis S. La Pratique de la pharmacie et des soins pharmaceutiques au Quebec, différences avec l'exercice officinal français [PharmD]. Lyon: Université Claude Bernard Lyon 1; 2007.
5. Laekeman C, De Jonghe M, De Cort P. Hypertension: les pharmaciens dans l'engrenage thérapeutique. Minerva. 2010;9(1):1.
6. Bedouch P, Charpiat B, Conort O, Rose FX, Escofier L, Juste M, et al. Assessment of clinical pharmacists' interventions in French hospitals: results of a multicenter study. Ann Pharmacother. 2008 Jul;42(7):1095-103.

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LES COMMENTAIRES (1)

Par mx
posté le 03 juillet à 14:32
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