Césaire,
Il nous reste la moisson de tes mots fabuleux, celle que les vents n’emporteront jamais.
Ces airs d’estropiement des corps, de coups de fouet et de balafons mortuaires,
Ces airs de mensonge et de crimes assignés à tort et les rires bien germés de maîtres insatiables
Césaire, tu es la seule vraie étoile en dérive parfaite,
le pain des journées difficiles,
La pluie qui mange la sécheresse,
Tu es la fournaise à la rude tendresse,
Et pour les milles jardins assassinés d’Afrique,
tu es ce ruisseau d’eau fraîche
Parle-nous encore des libertés nocturnes qui peignaient et repeignaient
L’espoir noué des peuples
Parle-nous des saisons triomphantes,
des révoltes debout
Apprivoisant les siècles
Tu mourus comme un feu de forêt aux confins du grand âge
Sans vent sans bruit et sans terre qui s’éboule
Au-delà des grands fatras du siècle
Nous suivrons les cailloux de ta clarté immense
Pour rejoindre les vieux rythmes des magies ancestrales
Ta source : l’instinct d’agir
Ta science : le verbe haut et profond
Ton rêve : tous unis en un élan fraternel
Ton arme : l’effort humain. (Fine et tranchante, réglée en heure de vérité
comme jadis les dieux réglaient l’éclipse en instant sacrificiel).
Nadine FIDJI.
Inédit.