Magazine Politique

Sarkozy lave plus blanc

Publié le 05 juillet 2010 par Hmoreigne

 Direction la sortie. Alain Joyandet et Christian Blanc ont fait leurs valises, mais pas pour un départ en vacances. Les deux secrétaires d’Etat quittent le gouvernement officiellement à la demande de l’Elysée et de Matignon pour “sanctionner des comportements jugés inadmissibles“. Un jeu de fusibles qui permet, au moins pour un temps, de sauver le soldat-trésorier de l’UMP, Eric Woerth. De là à croire que Nicolas Sarkozy  prend finalement le tournant de la “République irréprochable ” promise lors de la campagne des présidentielles, il y a un pas que personne n’est prêt à franchir.

French paradoxe. Allez comprendre comment le pays de la révolution de 1789 s’accommode aussi facilement en temps ordinaires de la culture du privilège. A force de multiplier les gouttes dans un laps de temps limité le vase a plus que débordé. Exaspérés les Français attendaient des têtes. Ils auront eu celles de sous-ministres. Les principaux protagonistes plient mais ne rompent pas. “Il faut craindre que deux démissions surprises ne suffisent pas à instaurer une éthique ministérielle moderne qui mine toujours le crédit moral d’une certaine classe dirigeante” note Laurent Joffrin dans Libération.

Le gouvernement mise désormais sur une victimisation d’Eric Woerth. Appelés à la rescousse, Michel Rocard et Simone Weil signent dans Le Monde une tribune peut convaincante. L’argument est élimé. Parler des affaires, des dérives, ne serait qu’un pur jeu de populisme susceptible au final de menacer la démocratie. Un peu somme toute comme si, le thermomètre était responsable de la fièvre.

Il y a de l’air dans Sarko, il y a du Sarko dans l’air. Signe de l’autisme élyséen, Nicolas Sarkozy joue les pères la vertu dans le cas Alain Joyandet, reprochant notamment au secrétaire d’Etat l’utilisation d’un jet privé pour un déplacement ministériel en Martinique à plus de 110000 euros. D’air, le président n’en manque pas, lui qui s’apprête à recevoir cet automne un nouvel Airbus A-330 spécialement aménagé dont la facture est annoncée à 180 millions d’euros avec un coût de l’heure de vol à 4 500 €.

Deuxième clignotant alarmant du fossé qui se creuse entre l’exécutif et le pays, l’annonce que l’épouse du Chef de l’Etat était retenue dans le casting du prochain film de Woody Allen dont le tournage se déroulera à Paris cet été. Faut-il y voir un remerciement pour les conditions fiscales et de tournage particulièrement avantageuses réservées au metteur en scène américain ? Dommage que le rôle ne soit pas celui de Marie-Antoinette. Carla Bruni-Sarkozy aurait été parfaite pour prononcer la phrase prêtée à celle qui fût reine de France : “Ils n’ont pas de pain ? Qu’ils mangent de la brioche !

Après la nausée, la purge. Vite fait, mal fait dans une fébrilité qui surprend comme s’il n’y avait plus de pilote à l’Elysée. Dans cette tentative de dépressurisation on s’étonne que le chef du gouvernement ne soit pas aspiré. N’est-il pas au final responsable d’une équipe gouvernementale dont les résultats, les couacs, les états d’âme et les goûts de luxe ne sont pas sans rappeler ceux de l’équipe de France de football. Il y a bien du Raymond chez l’ami Fillon.

Cette décrédibilisation du pouvoir politique est dramatique au moment où tous les Français devraient se retrouver derrière leur gouvernement pour faire face à une crise économique majeure qui nécessitera des efforts rarement consentis depuis l’après-guerre.

Fermetures se services publics, licenciements, l’État et les collectivités à la limite de la banqueroute … la douce France offre un paysage de désolation. Un terreau fertile à tous les excès et à la bête immonde. Ne rien faire, ne rien dire c’est pourtant se résoudre au pire. La confusion des genres et des intérêts n’est plus tolérée par l’opinion. Il est temps de refonder la République.

Partager et découvrir

Retour à La Une de Logo Paperblog