Magazine Moyen Orient

"A la recherche de la nouvelle star"

Publié le 22 juin 2010 par Perle
Je bosse au café vendredi et découvre avec soulagement les images de la gay pride lorsque la présentatrice annonce un flash-info spécial au milieu de l'après-midi. Sur les écrans de l'hôpital, des ballons, des bulles de savons, une fête de plage, et le drapeau israélien mêlé aux fanions arc-en-ciels... Dans les rues éclatantes de Tel Aviv ont défilé 100,000 personnes - 1.5% de la population du pays! - dans une ambiance aussi exubérante que déjantée. Religieux, laïques, juifs et arabes, homos et hétéros, une tranche de ville répondait à l'appel des associations et marchait aussi en mémoire de trois jeunes assassinés l'an dernier lors d'une attaque à l'arme automatique contre un centre d'ados rue Shenkin¹. Dehors, Jérusalem s'enfonce déjà dans une caractéristique torpeur langoureuse. Les quelques chats aventureux du campus s'extraient de leurs coins ombragés, s'étirent sous un ciel bleu profond avant de se lancer en quête d'une proie. Les passants se pressent, sortent des derniers magasins qui ferment, hèlent un taxi aux prix rehaussés par l'absence de transports urbains. Je plaide ma cause à l'un d'entre eux, un vieux conducteur arabe, qui finit par accepter de me déposer chez moi en ne m'arnaquant que d'une somme symbolique. Seulement parce que "Zinédine Zidane, c'est un Français quand même..." - d'ailleurs il a une photo de lui dans la voiture, retenue par un trombone déformé contre une croix en bois d'olivier. Le Mondial a commencé, dans l'indifférence générale. En 2008, les bars de Jérusalem explosaient de joie à chaque but de la Turquie contre l'Allemagne mais nous manquons un peu de nations amies à soutenir semble-t-il. Et puis, de toute façon, le foot est en compétition avec la nouvelle saison de "Koh'av Nolad", la version locale de la star academy. Contre toute attente, c'est de là que vient la surprise de la soirée. Parmi les concurrents insipides, il y a une jeune fille un peu timide qui parle avec un fort accent arabe, qui vient d'un tout petit village dans le nord, et qui chante en hébreu. Quand elle choisit d'interpréter "Hatishma koli" (Entends ma voix), une chanson associée par tous ici au désastre de la navette Columbia et à la disparition d'Ilan Ramon, et d'y ajouter ses propres sonorités orientales, elle s'approprie soudain un morceau d'israélianitude concentré. Elle est très émue, le public et les juges aussi. Une jeune arabe pourrait bien être la "nouvelle star" d'Israël à la fin de cette saison. Une vrai bouffée d'air. Ces derniers temps, Moyen Orient commençait à trop rimer avec Moyen Age... 1. Shenkin - c'est LA rue de Tel Aviv. Ou plutôt la rue des années 90/2000 dans "la bulle", le surnom, affectueux (ou grinçant selon les sujets) donné par les Israéliens au coeur de Tel Aviv. Devenue le symbole de la gauche bohème, elle est au centre du film "The Bubble" d'Eytan Fox, à voir si ce n'est pas déjà fait!

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