Magazine Moyen Orient

"Tel Aviv est bleue"

Publié le 11 mai 2010 par Perle
Il est trop tôt quand le réveil sonne vendredi. Au son de l'appel d'un muezzin dans le lointain, Jérusalem s'éveille. Dans le bus pour Tel Aviv, les sons nostalgiques d'Avishai Cohen peinent à éclaircir la météo de mon esprit. Notre armée est aussi baroque que la société qu'elle vient défendre. Un joyeux tohu bohu où tout se perd, se retrouve, se discute - mais les mois passent, les possibilités se réduisent et je suis toujours sans affectation. Mes réflexions sombrent dans les tons d'un camaïeu vert olive. Je me plonge dans mon livre avant de laisser les petites lettres noires se mélanger et courir seules sur le papier, guider mon regard au dehors vers le labyrinthe bleu et blanc des drapeaux de l'autoroute. Ils sont partout, sur les voitures, les vélos, les poussettes. Chaque journal en fournit un avec le supplément du weekend. Les oxymoriques journées de Yom HaZikaron¹ et de Yom HaAtzmaout² approchent. Des silences assourdissants à l'appel des sirènes lundi éclatera plus exubérante encore, triomphante presque, la joie simple d'exister. Deux journées aussi opposées que complémentaires pour qu'Israël fête 62 ans d'une histoire faite d'amour et de ténèbres. Les tours de Tel Aviv apparaissent à l'horizon comme un mirage inexplicable. Une ville comme un aimant, aussi irrésistiblement attirante d'insolence que repoussante de saleté. Un royaume d'immeubles à l'occidentale et de constructions Bauhaus resplendissantes de blancheur sous son soleil, une cité bohème au bord de l'eau turquoise. Une métropole orientale aux lignes épurées, imparfaite, mutine sous le vent de la Méditerranée. Une meute de chats s'attaque à un cageot orange de nèfles printaniers oubliés contre un mur décrépit de la station centrale. Tel Aviv est bleue. Une fois les pieds dans son sable frais, bercé par le ressac, l'esprit s'évade et tout entier s'absorbe dans l'écume de ses vagues. Les pensées salées se perdent dans la mer mais shabbat approche, et tout les transports s'apprêtent à s'arrêter. Déjà il faut rentrer. Comme deux facettes d'une même personnalité, deux villes s'apaisent mutuellement. Le dernier bus remonte les collines verdoyantes, toussote, cahote, crachote dans les montées, rugit à chaque accélération. Retour aux pierres envoutantes de Jérusalem, au noir profond des manteaux des Haredim, aux peaux brunes de henné des orientales de l'Est. Aussi opposées que complémentaires, une fois encore. 1. Yom HaZikaron - le jour du souvenir en l'honneur des presque 23,000 soldats de Tsahal tombés au combat pour la défense d'Israël depuis 1948 et des milliers de civils israéliens victimes d'attentats terroristes. 2. Yom HaAtzmaout - la fête d'indépendance de l'Etat d'Israël (c'était le 15 mai 1948), fêtée chaque année selon le calendrier hébraïque.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Perle 423 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog